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DRIFA, LA SOEUR DE BEN M’HIDI RÉVÈLE: «Ce que Bigeard m’a dit»

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  • DRIFA, LA SOEUR DE BEN M’HIDI RÉVÈLE: «Ce que Bigeard m’a dit»

    Le général français s’est dit prêt à venir en Algérie pour témoigner sur Larbi Ben M’hidi.

    «Ce n’est pas un homme comme Larbi Ben M’hidi qui se suicide», avait avoué le général Marcel Bigeard à la soeur du martyr, Drifa Ben M’hidi en 2002 à Paris. L’officier s’est montré disposé à venir en Algérie pour témoigner sur les circonstances de la disparition du héros.

    En ces termes, le général avait battu en brèche la thèse officielle de la France. La soeur du martyr était partie en France en quête de vérité sur les circonstances de la mort de son frère. «La thèse du suicide a fait beaucoup de mal à ma famille», a révélé, hier, Drifa Ben M’hidi lors d’une conférence de presse animée conjointement avec l’ancien compagnon du chef révolutionnaire, Abdelkrim Hassani, à la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Laquelle conférence a été l’occasion d’évoquer le combat de Larbi Ben M’hidi pour l’Indépendance de l’Algérie.

    La conférencière se remémore la dernière volonté de son père, Si Abderrahmane. «Ma fille, je te confie la responsabilité d’établir la vérité sur le martyre de Larbi». Le père était hanté par la probabilité du suicide de son fils. En 1985, la soeur de Ben M’Hidi entame sa recherche. Une recherche qui la mènera à la rencontre de l’officier supérieur à l’origine de son arrestation. A l’automne de sa vie, le général français garde intacte sa grande admiration pour le grand chef de la Révolution. Il se souvient encore des derniers mots échangés avec le dirigeant du FLN. Il le revoit se tenant devant lui, pieds et poings liés, un sourire tranquille aux lèvres.
    Il était majestueux. Après un moment de silence, le général lance au révolutionnaire:

    «Vous êtes vaincus, le FLN est démantelé, la révolution est morte.»

    Serein, le héros répond: «Si notre révolution n’était pas grandiose on n’aurait pas fait appel aux services d’officiers, aux compétents comme vous pour nous combattre.»

    Le silence s’installe de nouveau. Puis, le général fait une proposition inattendue au leader détenu. «Si vous voulez, nous pouvons négocier.»

    Le chef charismatique lui répond: «Comment pourrais-je le faire? Je suis entravé. En plus de cela, je ne suis pas mandaté pour le faire.»

    Le général est stupéfait. Le ton et la teneur de la réponse le surprennent. Mais il ne laisse rien paraître. Il revient à la charge.

    «Donnez-moi votre parole d’honneur et je vous libérerais.» Le colonel rétorque: «Je ne peux vous donner ma parole d’honneur sur ce point.»

    Larbi Ben M’hidi ne savait pas mentir. Cela dit, il n’a nullement rejeté le principe de la négociation. Le général Bigeard, l’ennemi, avait une grande admiration pour le grand chef de la Révolution Larbi Ben M’hidi.

    En l’arrêtant le 23 février 1957, dans un appartement de l’avenue ex-Claude-Debussy, où il se trouvait de passage, il croyait avoir affaire à un homme ordinaire. Or, l’extraordinaire révolutionnaire se révélait à ses yeux durant sa captivité.

    «Si j’avais 10 hommes de sa trempe dans mes troupes, j’aurais conquis le monde», avait-il avoué à la soeur du martyr.

    Pour sa part, Abdelkrim Hassani rapporte les derniers propos échangés entre Larbi Ben M’hidi et Paul Aussaresses, son tortionnaire.

    «Je suis commandant, alors que dois-je faire?»

    Réponse sèche du leader de la Révolution: «Et moi, je suis colonel, alors faites ce qu’ils vous demandent de faire (les chefs hiérarchiques d’Aussaresses).»

    Durant la nuit du 3 au 4 mars 1957, le héros est pendu au bout de plusieurs séances de torture atroces.

    «Pour sa pendaison, la corde a cédé deux fois. Normalement, le détenu devait être épargné. Foulant au pied les règles de la guerre et les droits de l’homme, ils l’ont pendu», a déploré la conférencière.

    «Non vraiment, nous ne pouvons taire ces vérités. La France doit reconnaître les crimes coloniaux qu’elle a commis en Algérie. Elle doit demander pardon à l’Algérie. Cette revendication, je la soutiendrai jusqu’à ma mort» , a martelé Drifa Ben M’hidi.

    Par là même, cette dernière a dénoncé le peu de considération accordée à la commémoration de la disparition du héros. Aussi, elle a fustigé le cloisonnement dont font l’objet nos martyrs.

    «Ce sont des héros qui avaient une vision nationale claire de leur patrie, alors ils méritent des commémorations officielles et nationales», a fulminé la conférencière. Larbi Ben M’hidi était l’âme blanche de la Révolution.

    Mohamed Sadek LOUCIF
    L'Expression
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