Annonce

Réduire
Aucune annonce.

MALI • Faire plaisir à Paris, cela peut coûter cher

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • MALI • Faire plaisir à Paris, cela peut coûter cher

    En acceptant d’échanger quatre détenus islamistes contre l’otage français Pierre Camatte, le président du Mali s’est décrédibilisé auprès de l’opinion et de ses proches voisins.



    Mécontente de la gestion du dossier Camatte par le Mali, l’Algérie se retire des accords *d’Alger signés en juillet 2006, dont elle était le médiateur. Ces accords visaient à restaurer la paix, la sécurité et le développement dans le nord du Mali. La libération des islamistes renforce le pouvoir d’Al-Qaida et représente un dangereux précédent pour la région, estime Alger.

    L’affaire Pierre Camatte a connu son dénouement le 24 février avec la libération de l’otage français, détenu depuis novembre 2009 [par Al-Qaida au Maghreb islamique]. Obtenue après de longues tractations qui ont abouti à la libération de quatre islamistes mauritanien, burkinabé et algériens emprisonnés au Mali, elle a provoqué le rappel de leur ambassadeur par Alger et Nouakchott. Cette crise diplomatique avec deux voisins dont nous avons besoin dans la lutte contre le terrorisme révèle les carences du pouvoir malien. Dans ce dossier, le président Amadou Toumani Touré (ATT) a enchaîné les erreurs de communication et de posture. Avoir dit publiquement qu’il faisait de la libération de Pierre Camatte “une affaire personnelle” a été la première bévue du président. Cette phrase malheureuse relayée par tous les médias du monde a encouragé les ravisseurs, car elle a fait de facto du président leur interlocuteur privilégié. Certes, il est le chef. Mais pourquoi s’exposer en première ligne alors que l’issue était si incertaine ?

    Sans doute pour complaire au voisin algérien et aux Etats-Unis, les autorités maliennes ont affirmé haut et fort, et à plusieurs reprises, qu’elles ne céderaient pas aux exigences des ravisseurs. En effet, libérer les quatre islamistes emprisonnés allait à l’encontre des principes de la lutte antiterroriste. Alors, pourquoi bomber le torse et affirmer sa bravoure si, quelques semaines après, on finit par céder et se transformer en avaleur de boas ? Là aussi, c’est le crédit d’ATT qui est atteint auprès des pays voisins mais aussi des islamistes, qui désormais ne le prendront plus au sérieux.

    Plus grave encore, la manière dont les islamistes prisonniers ont été libérés en dit long sur l’idée que l’on se fait de la justice au Mali. L’objectif était sans doute de montrer qu’on ne cède pas face aux islamistes, et que c’est la justice qui décide. Mais organiser une parodie de procès à l’aube et à l’insu de tous pour condamner les islamistes à neuf mois d’emprisonnement – comme par hasard la durée exacte de leur peine déjà effectuée en prison – a justement produit l’effet contraire. C’est un crime contre la *justice du pays, dont personne n’a jamais cru qu’elle était indépendante, mais qui subit cette fois le coup de grâce. Il s’agit d’une humiliation et d’un discrédit devant le monde entier, par ceux-là mêmes qui sont censés en être les garants. Comment ATT a-t-il pu s’y résoudre ? Pourquoi n’a-t-il tout simplement pas fait libérer les otages en catimini, comme le font la plupart des autres Etats ? On comprend l’empressement du président Sarkozy à venir récupérer Pierre Camatte au Mali. Cela lui assurait un appréciable “coup de com” au moment où son impopularité bat des records. Pour ATT, l’effet est inverse. Car, pour l’opinion publique malienne, se montrer devant les caméras aux côtés de son hôte élyséen renforce l’idée que c’est la France qui mène la danse, et que le Mali lui a effectivement cédé. Au lieu de renforcer ATT, ce passage éclair de Sarkozy l’a affaibli. En cette année du cinquantenaire de l’indépendance, on s’interroge sur le moment où notre pays deviendra vraiment indépendant…

    Les erreurs d’ATT révèlent une gestion improvisée et approximative de cette affaire. Certes, on ne connaît pas le dessous des cartes ni le contenu exact des négociations. Mais on est tout de même en droit de se demander ce qui a poussé le président de la République à s’exposer autant. Bien sûr, il fallait tout faire pour éviter qu’un nouvel otage soit tué sur le sol malien. Mais cette mauvaise gestion a pour conséquence d’affaiblir davantage le président, alors que cinq autres otages européens sont encore détenus dans le nord du pays.
    04.03.2010 Dougoutigui Journaldumali.com

  • #2
    belle analyse qui résu,me bien les faits
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

    Commentaire

    Chargement...
    X