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Des familles survivent grâce à des petits métiers à Bouira

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  • Des familles survivent grâce à des petits métiers à Bouira

    En Algérie, le fossé entre les différentes classes sociales ne cesse de s’agrandir et d’aiguiser les frustrations parmi les individus de la société.

    Ce fossé, engendré par la baisse du pouvoir d’achat du citoyen, les injustices sociales, la déperdition scolaire, l’exode rural et l’indisponibilité de créneaux véritablement porteurs d’emplois, alimente les protestations dans la rue et fait apparaître des habitudes et des pratiques commerciales, souvent en contradiction avec la législation en vigueur, au moyen desquelles de nombreuses familles s’efforcent de survivre.

    Comme partout ailleurs, la vente de la galette traditionnelle et autres denrées alimentaires, ainsi que le travail au noir et le transport clandestin des voyageurs font fureur à Bouira.

    Les commerces à la sauvette et autres activités illicites mais aussi fructueux meublent des espaces aussi bien dans les grands centres urbains que dans les zones reculées.

    A cette allure, les vendeurs de galettes, des enfants et même des vieux, qui ne savent plus quoi faire de leur temps libre, s’apparentent à de véritables spécialistes qui occupent quotidiennement les artères de la ville (mêmes les abords de l’autoroute) et des espaces piétonniers reconvertis en marchés de galettes. Profitant de leurs vacances scolaires et du moindre temps libre, des enfants dont l’âge ne dépasse pas, pour la plupart, la quinzaine d’années, proposent aux passants et aux automobilistes leur marchandise, en quête de quelques rentrées d’agent, utiles à leur famille.

    D’autre part, ce sont des femmes et des enfants qui sillonnent, chaque matin, les rues afin de proposer aux restaurateurs et aux commerçants d’alimentation générale leurs galettes.

    Le prix d’une galette au détail varie de 25 à 35 DA l’unité, selon la qualité et les produits utilisés pour sa préparation, nous indique un groupe de jeunes, submergés par l’importance des commandes, notamment au niveau des restaurateurs et autres commerçants de la ville. Selon ces derniers, les gains journaliers et mensuels leur permettent de nourrir leur famille et même de financer des voyages durant la période estivale. C’est aussi un moyen d’occuper leurs enfants, au chômage, qui n’arrivent pas à dénicher un emploi stable.

    D’autre part, certains travailleurs qui ont perdu leur emploi, suite à des licenciements, consécutifs à la fermeture d’entreprises, et qui sont encore aptes à travailler, tentent de joindre l’utile à l’agréable en effectuant de petits travaux qui correspondent à la profession qu’ils ont exercée durant des années.

    Après avoir perdu son travail dans une entreprise publique dans laquelle il a servi pendant 26 ans, Kaci, la cinquantaine, a décidé de tout reprendre à zéro. Ayant décroché un poste de veilleur de nuit dans une école grâce à des «connaissances», il se lance durant la journée dans sa spécialité de plombier. Tous ses amis, parents et voisins lui reconnaissent ses prouesses dans la réparation de la tuyauterie et l’installation de réseaux de gaz et d’eau potable dans les immeubles. Son carnet regorge d’adresses et de numéros de téléphone de gens qui le sollicitent. Avec ce second job, il affirme pouvoir tripler ses revenus et s’acheter un véhicule pour ses déplacements.

    Un chauffeur de «taxi clandestin», Arezki, 45 ans, se plaint par contre, du fait que son «travail» ne rapporte pas de revenus réguliers. «Un jour, je gagne 400 DA. Un autre 1 000 DA. D’autres jours, je reviens bredouille à la maison», indique-t-il, ajoutant que son travail fait l’objet d’une traque par les agents de police.

    Face à ce mal-vivre, à l’érosion du pouvoir d’achat et au chômage, nombreux sont les Algériens qui s’accrochent, s’inventent de nouvelles règles.
    Un seul travail ne suffit plus à boucler les fins de mois. Ils sont de plus en plus nombreux à être fonctionnaires le matin et plombiers l’après-midi. Un autre cadre d’entreprise publique affirme qu’il est contraint d’utiliser sa voiture le soir pour faire le «taxi clandestin», en dépit des risques et des difficultés de cette «profession».

    Pour se justifier, il nous exhibe ses factures de loyer, la fiche familiale des personnes à sa charge ainsi que d’autres factures et le couffin, qui représentent de fortes dépenses impossibles à couvrir avec un salaire unique et dérisoire.

    Par Nacer Haniche, La Tribune
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