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La Chine à la conquête de l'Afrique

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  • La Chine à la conquête de l'Afrique

    Le constat est partagé par l’ensemble des analystes : la Chine est de plus en plus activement présente sur le continent africain.

    Cette présence a été confirmée en 2006 par l’organisation à Pékin d’un sommet sino-africain qui a réuni 48 délégations de haut niveau (rappelons que l’Afrique regroupe 54 nations). L’objet principal de ce sommet qu’a voulu la Chine était de concevoir ensemble et de concrétiser, un «partenariat stratégique global» entre la Chine et l’Afrique. Entre 1980 et 2006, le volume des échanges sino-africains a été multiplié par 50 et a atteint 56 milliards de dollars.

    Mais entre 2006 et 2008, ce volume a doublé, pour atteindre 106,84 milliards de dollars alors même que la Chine ne projetait de franchir le seuil des 100 milliards de dollars qu’en 2010. Les importations chinoises en provenance d’Afrique sont constituées essentiellement de matières premières (pétrole, minerais, bois) et ont atteint 56 milliards de dollars pour 2007 et 2008. Ses exportations vers l’Afrique ont atteint, pour la même période, 50 milliards de dollars et sont constituées principalement de produits manufacturés et textiles à bas prix et s’étendent de plus en plus aux télécom, au BTP et à l’agroalimentaire.

    Il faut rappeler que la Chine accorde beaucoup de prêts à ses clients.

    La présence officielle chinoise en Afrique a atteint 1 000 entreprises et 500 000 ressortissants. L’offre politique et économique de Pékin est en totale opposition au consensus de Washington qui promet le développement économique contre la libéralisation et la «démocratisation». Le consensus de Pékin est basé sur la coopération entre Etats souverains, libre de toute interférence dans les affaires internes et est sans conditions.

    C’est lors du forum sino-africain de Pékin en 2006 que la Chine propose à l’Afrique un partenariat stratégique caractérisé par le respect de la souveraineté, la non-ingérence, l’égalité et la confiance réciproque sur le plan politique et la coopération winwin (gagnant-gagnant) sur le plan économique.

    Toute sa démarche est complétée au plan diplomatique par la sécurisation par la Chine de 25 % de voix de l’AG de l’ONU, bien utiles lors des votes contre le soutien politique à l’Afrique et le droit de vote (encore le win-win). Enfin, pour les pays africains, l’action de la Chine sur leur continent est valorisante car cette grande nation les traite avec les égards dus à un allié et à un marché à conquérir, les éloignant de l’éternel assistanat auquel les soumet l’Europe, notamment.

    De récipiendaire, l’Afrique devient partenaire.

    Les Africains apprécient chez les Chinois leur efficacité, leurs méthodes directes, leur approche débarrassée de discours et suivie immédiatement d’effets. Enfin, last but not least, Chine et nations africaines se pansent comme d’anciennes victimes du même «impérialisme occidental». Les populations africaines apprécient, pour leur part, la capacité des travailleurs chinois à évoluer dans des conditions épuisantes et des zones dangereuses par opposition «aux Blancs qui refusent de se salir les mains». Il faut aussi souligner que si les aides au développement que les Etats de l’Union européenne accordent à l’Afrique se font sous forme de remise de dettes, la Chine débloque plutôt des milliards de dollars sous forme de prêts sans intérêt.

    Et les Africains préfèrent de loin de «l’argent frais» au jeu d’écriture et d’effacement d’ardoises. Bien évidemment, à côté de tous ces aspects positifs du «partenariat stratégique» que veut développer la Chine avec les Etats africains, il y a, de la part de certaines franges de population africaine, notamment les opérateurs économiques, un certain nombre de critiques. Ainsi, les producteurs nationaux reconnaissent que l’arrivée des biens manufacturés chinois à très bas prix a fait augmenter la consommation locale mais la pratique de la copie industrielle du produit de l’artisanat local est très mal acceptée.

    De plus, la fameuse compétitivité chinoise s’avère être un leurre quand on la mesure à l’aune de la qualité (bien mauvaise) des produits écoulés sur le marché local.

    Sur le plan de l’emploi, la concurrence est aussi rude. Les Chinois importent leur propre main-d’œuvre et leur diaspora investit les activités informelles qui constituent souvent la seule source de revenus des autochtones. Mais tous ces «inconvénients » sont vécus comme de simples désagréments par les populations africaines qui voient dans l’arrivée des Chinois et de leurs infrastructures, leurs produits manufacturés à très bas prix, leurs apports en ressources humaines (dans les secteurs de la santé notamment), une arrivée «d’oxygénation» de leurs vécus quotidiens faits de pénuries diverses et de privations dans la satisfaction de leurs besoins essentiels.

    Par Abdelmadjid Bouzidi, Le soir
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