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Crèches en Algérie entre anarchie et incompétence

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  • Crèches en Algérie entre anarchie et incompétence

    Dans la famille nucléaire algérienne, de plus en plus de mères travaillent, d'où la nécessité de placer les enfants dans des crèches.

    A Batna, c'est un fait réel et la demande a augmenté très vite créant, par un effet d'entraînement, un foisonnement de crèches et de garderies.

    Malheureusement, des parasites, des gens sans qualification sont venus se greffer à une activité où contrôle et régulation sont totalement absents, d'où les risques graves encourus par les enfants.

    D'ailleurs, le tribunal correctionnel de Batna doit juger le 15 du mois en cours une affaire de mœurs, notamment des abus dont a été victime une enfant de 3 ans, au sein d'une crèche.

    En quelques années le créneau a connu un boom surprenant. Selon le recensement des services de la direction de l'action sociale (DAS), il existe 44 établissements agréés dans la wilaya, dont 22, rien que pour Batna-ville.

    Cette dynamique a lieu, hélas dans l'anarchie, car n'importe qui peut ouvrir un garage et mettre au fronton l'enseigne : « Crèche l'Innocence ».

    Une situation qui ouvre la porte à tous les dérapages possibles, d'autant qu'il s'agit de prendre en charge une catégorie vulnérable.

    Sur la place publique, l'on se souvient encore du drame ayant emporté un enfant qui a ingurgité un médicament appartenant à sa nounou, dans un moment d'inattention de celle-ci. De quoi donner froid dans le dos des parents.

    Mais à voir de près, la méfiance ou du moins un effort de sélectivité font toujours défaut chez beaucoup de parents, pressés de se « débarrasser » de leurs enfants.

    En dépit d'une offre bien en deçà des normes, des établissements font face à un rush. C'est ce que l'on pense en tous cas à la DAS où l'on déplore le désordre qui caractérise l'activité et le mercantilisme qui attire bon nombre de pseudo-propriétaires. Il y a environ deux ans, les services compétents de la direction ont procédé à la fermeture d'une dizaine de crèches, apprend-on auprès du service concerné.

    La DRAG a été saisie officiellement et conséquemment, les services de police ont effectué une descente pour exécuter les décisions de fermeture. Hélas, le manque de rigueur et de volonté a fait qu'aujourd'hui, nombre de ces établissements « bannis » ont refait surface. Pis encore, d'autres ont fait leur apparition et activent dans une forme de clandestinité publique, en toute impunité.

    Des associations et autres « groupes de scouts » ont investi le créneau sans autorisation. A Batna,il en est ainsi pour certaines associations à caractère religieux, ayant investi le créneau et aménagé des classes de cours pour enseigner à des enfants de 3 ans et moins, une matière religieuse « non estampillée » qui, souvent, n'est pas dénuée d'idéologie. Ouvrir et tenir une crèche est une lourde responsabilité.

    Appliquer le décret exécutif n°08/287

    Ce n'est pas pour rien que l'Etat s'est penché sur la question pour tenter de réguler l'activité à travers le décret exécutif n°08/287, relatif aux conditions de création, organisation, fonctionnement et contrôle des établissements et centres d'accueil des enfants.

    A Batna, comme ailleurs en Algérie, c'est à la DAS qu'incombe la charge d'organiser et contrôler l'activité, et tout candidat doit remplir les conditions contenues dans le cahier des charges élaboré par le ministère. Une mission ardue attend la commission de wilaya qui vient d'être mise sur pied pour cette tâche. Il s'agit de contrôler l'espace, les moyens pédagogiques et surtout la qualité de l'encadrement. Trois facteurs qui, hélas, font défaut chez la majorité des crèches ouvertes en Algérie.

    Il faut signaler en effet que beaucoup investissent des appartements dans des immeubles, offrant un espace exigu et inadéquat. Rares sont les établissements qui emploient des personnes qualifiées.

    Mais c'est surtout le contenu de la matière pédagogique qui pose un sérieux problème. Au moment où le chantier de la réforme de l'école n'a pas encore livré les fruits escomptés, des apprentis pédagogues s'amusent à manipuler à leur guise des catégories encore plus fragile.

    En attendant que l'Etat se penche sérieusement sur le dossier pour donner un coup de pied dans la fourmilière, la responsabilité incombe aux parents de bien choisir la crèche de leurs enfants.

    Par Nouri Nesrouche, El Watan
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