Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Tunisie-Maroc : Regards croisés sur le tourisme

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Tunisie-Maroc : Regards croisés sur le tourisme

    Tunisie/Maroc : Regards croisés sur le tourisme
    Publié le Mercredi 10 Mars 2010

    Le tourisme en Tunisie et au Maroc est en pleine mutation. Ahmed Smaoui, ancien ministre, a dressé, lors d’un colloque à Tunis, un diagnostic analogique du tourisme en Tunisie et au Maroc, dont des ponts entiers se sont effondrés du fait de la crise…

    Le tourisme au Maghreb, notamment en Tunisie et au Maroc, est en phase de mutation, d’où sa fragilité. En un ½ siècle, l’histoire du tourisme au Maghreb a été jalonnée par des catastrophes naturelles (séisme d’Agadir), des crises politiques et des guerres. Le conflit israélo-arabe, les deux guerres d’Irak, les attentats que tous nos pays ont connus, ont eu un fort impact sur le tourisme au Maghreb, souligne Ahmed Smaoui, ancien ministre dans une communication intitulée "quel avenir pour le tourisme maghrébin ?" qu’il a présentée hier lors du colloque "Tourisme méditerranéen et crise mondiale", organisé du 9 au 11 mars à Tunis par le Ceres, avec la participation de nombreux experts et universitaires maghrébins, européens et américains.

    Le tourisme constitue une composante fondamentale dans l’économie nationale du Maroc et de la Tunisie, des pays qui sont peu pourvus de ressources naturelles, indique-t-il. Il constitue 7% du PIB, sa part dans la balance des paiements est importante. "Grâce au tourisme, les pays maghrébins ont des économies plus diversifiées et équilibrées. A l’inverse du pétrole, une manne importante qui constitue une malédiction en ce sens qu’elle génère un certain confort économique qui ne permet pas d’exploiter toutes les richesses et les potentialités que le pays recèle".

    Mais le tourisme maghrébin a été frappé de plein fouet par la dernière crise économique, et ses différents impondérables. A fortiori que personne n’a rien vu venir. "A un moment où on parle de prospective, la crise actuelle n’a été prévue par aucune étude, ni aucune structure. Cette crise a un caractère global, elle est partie des Etats-Unis puis elle a gagné l’Europe, l’Asie et les pays en voie de développement. Elle est partie du secteur immobilier, puis elle a touché tous les secteurs, aucun secteur n’y a échappé. Elle a eu des conséquences spectaculaires à savoir la progression du chômage (plus de 8 millions de chômeurs en Europe, et plus de 4 millions aux Etats-Unis), l’augmentation sensible de la précarité, la baisse du pouvoir d’achat, l’avancée de la pauvreté". Si le pouvoir d’achat continue à baisser, a-t-il prévenu, le tourisme risque d’être affecté d’une manière durable, avec cette inquiétude persistante des lendemains incertains.

    Vue du colloque sur L’absence de visibilité et l’incertitude dans les pays émetteurs de touristes ont déteint sur l’organisation et le fonctionnement du secteur, avec la généralisation des réservations de last minute. "Les Allemands et les Scandinaves avaient un comportement fondamental : le early booking. Or, ce qui a dominé le tourisme pendant la crise est le late booking. Ce vent de panique qui souffle a poussé les touristes à opter pour des destinations plus proches, des séjours plus courts et moins chers. Résultats : des ponts entiers de tourisme se sont effondrés, excepté le tourisme de croisière en méditerranée qui échappe à la crise. Il est en croissance continue depuis 20 ans et sa courbe n’a pas infléchi pendant la crise. Par ailleurs, on a enregistré une faillite de nombreuses agences de voyages, de TO, et cela a favorisé l’avènement de regroupements. Il n’y a pas encore de faillite d’hôteliers, mais ça va venir", prédit Ahmed Smaoui.

    "Dans nos pays maghrébins, des mégaprojets annoncés par des financements arabes, notamment des Emirats ont été programmés. Tous ces projets sont morts si l’on veut être pessimistes, différés si l’on veut être optimistes, voire stoppés pour l’instant, si l’on veut être réalistes", relève-t-il.
    Toujours est-il que tous les pays n’ont pas ressenti la crise de la même façon. L’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) a fait état de la régression de l’activité touristique en 2009 de -4,39%, à raison de – 6% en Europe, -2 % en Asie et pacifique et -7% en Amérique du Nord et du Sud.

    Dans nos pays, la Tunisie a enregistré l’entrée de 7 048 000 touristes, soit une régression de -2,1%. Les marchés européens ont connu une baisse de -8%, avec un effondrement total des marchés sur lesquels on fondait de grands espoirs, ceux de l’Europe de l’Est qui ont régressé de -20, -25 voire -40%. Cette baisse a été compensée par l’entrée des maghrébins en Tunisie. Près d’un million d’Algériens en 2008-2009, -9% pour les Marocains, mais cela n’a pas de poids, puisque il ne représente que 30 000 touristes ; le marché libyen a progressé de +13 % soit 1 million 995 milles. Les touristes des pays limitrophes sont, donc, venus corriger les effets de la crise, le salut est venu aussi du tourisme intérieur. Malgré l’érosion du dinar, la baisse des package, la baisse des nuitées de 8 %, les recettes ont augmenté de 2%, soit 3 millions 4 mille dinars.

    Le Maroc n’a pas bénéficié de la manne algérienne, fait-il observer, les frontières étant fermées. Les nuitées y ont enregistré une baisse de 4%, et les recettes étaient en recul de 7% par rapport à 2008. Sauf que les modes de calcul des statistiques ne sont pas les mêmes au Maroc et en Tunisie. Le Maroc inclut dans ses statistiques la totalité des Marocains résidant à l’étranger soit la moitié des touristes (50%). En Tunisie, la Banque centrale (BCT) comptabilise séparément les rapatriements d’argent des travailleurs étrangers.

    Ceci étant, la crise n’est pas terminée et ses impacts sur les classes européennes qui constituent le cœur de cible des touristes pour le Maghreb est encore là, malgré la présence de signes de relance, relève-t-il. Que doivent faire les Etats ? "Tout d’abord, il faut surveiller de très près la situation et être extrêmement réactifs pour soutenir les premiers frémissements qui apparaissent. Sinon la convalescence et la reprise du secteur touristique risquent d’être longues et difficiles".

    A l’heure qu’il est, les pays maghrébins poursuivent leur politique de développement antérieure à la crise, même si les prévisions ont été chamboulées. Le Maroc a lancé le projet Azur avec le lancement de six mégaprojets sur le littoral, dont le but est de créer 110 000 lits en début 2010. En 2009, il n’y a eu que 35 000 lits. A l’instar de la Tunisie, le Maroc ambitionne de faire venir les Chinois, mais il s’agit là d’un marché qui n’est pas mature et il ne faut pas s’attendre à des flux de touristes chinois les années à venir.

    La Tunisie continue sa politique de mise à niveau et de modernisation de ses hôtels et équipements (100 hôtels sont concernés). Elle consolide son action en matière de promotion qui reste, néanmoins, en deçà des efforts des autres pays. La Tunisie opte pour la diversification de son produit, à travers notamment la promotion du tourisme culturel, tourisme naturel, et tourisme du golf, mais ce n’est pas des solutions adaptées à la sortie de crise. Il faut des solutions immédiates, recommande Ahmed Smaoui, qui se prévaut d'une expérience de 30 ans dans le tourisme et le transport. Nous y reviendrons.

    http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisi...-menu-325.html
Chargement...
X