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La position d'innocence algérienne

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  • La position d'innocence algérienne

    La personne morale en droit pénal

    Depuis quelques années seulement dans le droit pénal français (je dis bien pénal), une personne morale peut être une des parties lors d'un procès (morale dans le sens de contraire à physique pas du tout dans le sens de bonnes mœurs). Avant cet ajout, on ne pouvait attaquer pénalement qu'une personne physique, la personne du PDG par exemple, arguant du fait qu'une faute pénale ne pouvant s'attribuer qu'à des humains, pas à des organisations.

    Comme une personne physique, une personne morale suppose une continuité dans le temps de l'entité en question, si celle-ci disparait, l'action s'éteint d'elle-même.

    Au niveau des pays, il y a des parallèles à faire.

    La France existe sous ce nom depuis des siècles, 1000 ans disons, mathématiquement passif et actif se cumulent donc par le simple fait de sa persistance en tant qu'entité.

    Au fil du temps, ce pays a varié dans ses frontières, et a été habité bien entendu par d'autres personnes, gouverné par des systèmes bien différents, guidé par des valeurs de fond très variables. Dans le langage courant, il est néanmoins considéré comme une entité constante, on dit "la France" en parlant aussi bien de l'époque de Louis XI, les gaulois, la Commune, De Gaulle. Et de n'importe quelle catégorie sociale. La diversité des humains s'effacent devant l'abstraction : on est bien en présence d'une personne morale. La France est implicitement vue ainsi, avec une responsabilité dans le temps, et ce temps se chiffre en siècles.

    Tout le contraire avec l'Algérie. Ce pays existe administrativement depuis 50 ans. C'est la période de responsabilité admise par les algériens dans l'Histoire, qui au-delà ne se sentent responsables de rien. C'est ce qu'on pourrait appeler une position d'innocence. (pour reprendre le thème de P. Bruckner)

    Il y a là une question de droit et de logique assez difficile. D'une manière pratique, les hommes, qu'ils soient sous telle ou telle entité administrative, agissent quand même et donc engagent leur responsabilité. Où se situe-telle ?

    Plusieurs questions sur l'Algérie et les algériens.

    1) Cette position d'innocence algérienne, qui transparait dans les propos algériens, officiels et personnels, qu'engendre t elle ? Ne peut on pas lui attribuer cette tendance récurrente à la victimisation, quel que soit le sujet, comme si "le responsable est toujours ailleurs" ?

    2) Incidemment comment se fait-il non seulement la population semble se sentir irresponsable du passé, mais aussi dans une certaine mesure irresponsable du présent, par exemple dans l'absence de sens civique, (très souvent évoqué).

    3) Les discours algériens sont angéliques : les algériens n'endossent pas de responsabilité pendant la colonisation et la guerre, mais l'Histoire qu'ils envisagent avant, précoloniale, est très idéalisée, comme s'ils voulaient étendre cette position d'innocence en tout temps.

  • #2
    Il y a dans ton énoncé du problème au moins deux difficultés qui minent tout le raisonnement :

    - L'aberration que représente le concept même de "personne morale" (cf. par exemple l'excellent film "The Corporation" de Mark Achbar) et construire dessus une certaine « exception algérienne », pour reprendre une de vos expressions favorites, est très douteux comme procédé ;
    - Le passif et l’actif de la personne morale « Etat » ne se cumulent pas simplement par la persistance en tant qu’entité, voir pas du tout ! La revendication de l’héritage joue certainement plus que cette persistance (exemple du Maroc) et un désaveu de ce dernier remettrait les passifs ET les actifs à zéro (exemple de l’Espagne après 1975).

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    • #3
      3
      ) Les discours algériens sont angéliques : les algériens n'endossent pas de responsabilité pendant la colonisation et la guerre, mais l'Histoire qu'ils envisagent avant, précoloniale, est très idéalisée, comme s'ils voulaient étendre cette position d'innocence en tout temps.
      Les discours algériens angéliques sont aussi angéliques que les discours français, américains, israeliens ou tous autres.
      Bien sûr qu'avant ou après la guerre, tout algérien est responsable de ses actes.

      Histoire idéalisée ?
      Evidemment !...ne dit-on pas que l'Histoire est écrite par les vainqueurs ? Et les vainqueurs sont toujours des héros, dans toutes les Histoires.

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      • #4
        1) Cette position d'innocence algérienne, qui transparait dans les propos algériens, officiels et personnels, qu'engendre t elle ? Ne peut on pas lui attribuer cette tendance récurrente à la victimisation, quel que soit le sujet, comme si "le responsable est toujours ailleurs" ?
        Doit-on comprendre dans ces propos que l'algérien lui-même n'a aucun sens des responsabilités? qu'il rejette son malheur '' ailleurs''?

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        • #5
          Le concept de la "position d'innocence" est aussi fort que peu abordé. Pour ceux que ça intéresse, on peut lire Pascal Bruckner qui a pas mal écrit là dessus. Il m'a semblé approprié à l'Algérie, si ça intéressait qq, que ça l'accroche OK sinon je ne vais pas me battre sur le choix de tel ou tel mot sur un truc abstrait qui mériterait une thèse. Idem, pour ce qui concerne la "personne morale", là j'ai encore moins envie de polémiquer sur un concept très courant, qu'il m'a semblé intéressant d'appliquer à un pays.

          Mon post n'était destiné qu'à être une proposition "large", posté pour un rebond, une conversation. Le côté proposition me paraissait aller de soi. Un décorticage des mots des quelques idées jetées n'est pas approprié.

          Je vois que ça ne marche pas, donc on laisse tomber ...

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          • #6
            Salut Alain,

            J'ai relu et je crois n'avoir rien compris du topic....

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            • #7
              La "position d'innocence" est assez protéiforme.

              C'est par exemple, un acte (mental) par lequel les sentiments du mal en nous sont projettés sur l'extérieur et où, de cette position, on construit des théories causales du monde (il se passe ceci car cela) où nous nous voyons nous mêmes comme "non causaux", c'est à dire a-responsables des événements (plutôt que ir-responsable, qui suppose un sentiment de responsabilité dénié).

              L'innocent-de-principe est enclin à accuser, puisque la cause est absolument autrui, et inversement (l'esprit humain est retors), accuser renforce l'innocence de l'accusateur.

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              • #8
                Le rôle de la victime ?

                Est-ce cela, Alain ?

                On en a discuté sur un autre topic.
                Les officiels algériens s'en servent pour légitimer leur matien au pouvoir.
                Je ne crois pas que c'est une exclusivité algérienne. La majorité des jeunes nations africaines ont passé par là...

                Mais les personnes privées ?
                pourquoi jouer à la victime sciemment ?

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                • #9
                  Je saisis bien cette notion d'innocence d'un État ou d'un groupe qui pourrait représenter une entité juridique bien définie (un parti politique, une association,...etc.).

                  Je peux aussi comprendre la tendance à l'innocence d'un parti dissout somme le FIS mais j'ai un peu du mal à comprendre en quoi la responsabilité de l'État algérien pourrait être engagée et pour laquelle il tente à se projeter dans cette innocence.


                  Voyez-vous, c'est plus le titre "innocence algérienne" qui me gêne plus que la notion d'innocence d'une personne morale.

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                  • #10
                    Alain ?


                    tu as apporté un sujet très interessant...
                    Pourquoi l'abondonnes-tu ?


                    j'aimerais avoir des exemples concrets sur cette victimisation algérienne

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