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Le sénateur Di Girolamo, l'élu de la mafia calabraise

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  • Le sénateur Di Girolamo, l'élu de la mafia calabraise

    Homme de paille d'une bande au coeur d'une vaste escroquerie, Nicola Di Girolamo devait son siège à la 'Ndrangheta calabraise. Ce sénateur du parti de Berlusconi a été destitué.

    "Sénateur? Vous m'avez appelé sénateur? Grazie, grazie !" Dans sa cellule de la prison romaine de Regina Caeli, Nicola Di Girolamo a pleuré lorsque, la semaine dernière, un parlementaire venu lui rendre visite a utilisé, pour la dernière fois sans doute, ce titre qu'il a usurpé pendant près de deux ans.

    A peine élu, au printemps 2008, le sénateur du PDL (Peuple de la liberté, la formation de Silvio Berlusconi), Di Girolamo faisait l'objet d'une plainte. Lui qui représentait les Italiens vivant en Europe n'avait jamais habité à l'étranger. Il avait obtenu un faux certificat de résidence à Bruxelles, sur intervention de l'ambassadeur d'Italie en Belgique.

    Une enquête du parquet de Rome avait déjà confirmé cette irrégularité à l'été 2008, mais le Sénat n'avait donné aucune suite à la demande des magistrats d'arrêter l'imposteur. Celui-ci était donc resté à son poste, comme si de rien n'était.

    Jusqu'au 23 février dernier.

    Ce jour-là, dans un climat de scandales politico-financiers quotidiens qui rappelle aux Italiens le début des années 1990 (opération Mains propres), une "maxi-escroquerie" éclate au grand jour. Une cinquantaine de personnes sont arrêtées, en Italie et à l'étranger, pour fraude fiscale et blanchiment d'argent (deux milliards d'euros en trois ans). Deux importantes sociétés de télécommunications, FastWeb et Sparkle (contrôlée par Telecom Italia), sont aussi impliquées dans cette gigantesque escroquerie, réalisée via un mécanisme complexe de services inexistants et de sociétés tout aussi fictives.

    Le cerveau de la bande, Gennaro Mokbel, est arrêté. Individu trouble, il est à la croisée de la Mafia, du terrorisme d'extrême droite et de la célèbre bande de la Magliana, au coeur des plus importantes affaires criminelles de l'Italie. Mokbel voulait que son avocat et conseiller juridique, Nicola Di Girolamo, entre au Sénat. Il a réussi à le faire élire grâce à l'appui de ses amis mafieux, avec lesquels il célèbre la victoire de Di Girolamo, comme en témoignent de nombreuses photos.

    Le petit avocat romain n'avait certainement jamais rêvé d'approcher le "Palazzo" - surnom de l'establishment politique dans la Péninsule. Il était certain d'avoir gagné le gros lot lorsque Mokbel lui a proposé de se présenter aux élections, en lui promettant la victoire. Les écoutes téléphoniques ne laissent aucun doute: "Il riait, il riait, en voyant les bulletins de vote où figurait son nom!" raconte Mokbel à un interlocuteur.

    "Tu es mon esclave, ne l'oublie pas !"


    Les bulletins avaient, en effet, été manipulés par la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, toute-puissante en Allemagne. "La Mafia a voulu rendre un service", explique Alberto Cisterna, magistrat à la Direction nationale anti-Mafia. Avoir quelqu'un de bien introduit dans le monde politique était important pour les affaires de Mokbel. La circonscription où la fraude était la plus aisée, grâce à la 'Ndrangheta, était celle des Italiens en Europe. La ville dans laquelle obtenir une résidence fictive semblait le plus facile était Bruxelles, par l'intermédiaire d'autres amis, politiques cette fois.

    Lorsqu'il arrivait à Di Girolamo d'oublier qu'il était l'homme de paille de Mokbel, celui-ci l'injuriait et le menaçait. "Tu es mon esclave, ne l'oublie pas ! Tu peux même devenir président de la République, pour moi, tu resteras qu'un concierge ! [...] Tu me déçois, Nico !" hurlait-il au téléphone.

    Avec des preuves aussi flagrantes, Di Girolamo a été contraint à démissionner et a été immédiatement arrêté. Raffaele Fantetti, qui lui succédera au Sénat, est justement celui qui avait porté plainte contre son élection. Cependant, on s'interroge avec insistance : le nouveau sénateur, qui travaille pour un ministère à Rome, aurait, lui aussi, une résidence fictive. A Londres !

    Corruptibles

    En Italie, la corruption a crû de 229% en un an, selon la Cour des comptes. Chaque jour, il est question de milliards détournés, fraudés, recyclés. Par des élus locaux ou par des hauts fonctionnaires. Le gouvernement a approuvé, en urgence, un décret-loi anti-corruption, alors que son chef, Silvio Berlusconi, est accusé de corruption dans l'affaire Mills.

    Par L'Express
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