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La Chinafrique: Une nouvelle ligne de front pour les entreprises chinoises

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    « La Chinafrique: Une nouvelle ligne de front pour les entreprises chinoises »

    15/03/2010 - 09:54 - (Bolsamania) - Le terme de « Chinafrique » n’est pas qu’une facétie néologique en écho au « Françafrique » d’Houphouët-Boigny. Il stigmatise aussi le regain de vigueur dans les relations entre les deux continents, dont le 4ème sommet sino-africain de Charm-el-Cheikh en novembre 2009 et la tournée diplomatique de Pékin en Afrique en janvier dernier constituent des illustrations.

    Par la Direction des Etudes Economiques de Crédit Agricole

    Depuis les indépendances, l’Afrique représente un enjeu géopolitique majeur pour Pékin. C’est en gagnant la confiance d’États africains, au travers de mouvements de libération ou la réalisation de travaux–phares (construction du chemin de fer entre la Zambie et la Tanzanie au début des années 70) que l’Empire du Milieu obtint les soutiens suffisants pour accéder à l’ONU en 1971, au détriment de Taïwan. Et aujourd’hui la Chine, à la faveur de sa formidable croissance, voit dans la consolidation de cet axe Sud-Sud la possibilité de formaliser une alternative aux puissances occidentales dans les instances internationales.

    D’un point de vue économique, les motivations chinoises vis-à-vis de l’Afrique restent dominées par la volonté de sécuriser un accès aux ressources (pétrole, mines, terres agricoles). Face à des besoins grandissants pour alimenter ses gigantesques marchés intérieurs, la Chine ne se limite désormais plus à de simples contrats commerciaux d’importation de matières premières en provenance du continent africain. Elle fait désormais montre d’opportunisme pour mettre la main sur des concessions et du foncier, et les exploiter. Sa pratique débridée de la realpolitik lui permet de prendre position dans des espaces dont se retirent les puissances occidentales, comme le Soudan (pétrole) ou le Zimbabwe (chrome). De surcroît, des sociétés chinoises prennent des parts de marché significatives dans des zones de présence historiques d’industriels des pays développés, tel le Gabon, la Zambie ou encore l’Afrique du Sud. Elles interviennent, entre autres, à l’intérieur d’importants packages deals de plusieurs milliards de dollars « ressources contre infrastructures financées », qui trouvent un écho favorable auprès d’États en manque de moyens.

    Symétriquement, la Chine, usine du monde, exporte vers l’Afrique d’importants volumes de productions manufacturières bon marché, bien adaptées aux besoins de pays en développement. Le territoire africain se prête par exemple particulièrement bien au déploiement de la téléphonie mobile, moins onéreuse et de mise en œuvre plus souple que les réseaux filaires. Ce marché, qui avoisine d’ores et déjà 350 millions d’utilisateurs, est appelé à croître fortement. Les équipementiers chinois ZTE et Huawei taillent des croupières à leurs homologues européens en Afrique, en vendant leurs produits à des prix imbattables après avoir amorti en grande partie leurs dépenses de R&D sur leur immense marché domestique. Dans le secteur du textile, la Chine dispose d’un avantage de coût salarial lui amenant une clientèle du Maghreb, qui se détourne de fait des tissus en provenance d’Europe du Sud. En parallèle, les ateliers de confection subsahariens, dont la Chine elle-même avait favorisé l’émergence il y a quelques années pour contourner les protections douanières américaines, se heurtent désormais à la concurrence frontale des métiers à tisser chinois.

    L’Afrique constitue finalement l’une des rares régions offrant à l’Empire du Milieu une certaine latitude d’intervention. N’oublions pas les revers essuyés ailleurs dans le monde par les entreprises chinoises, comme la tentative d’OPA de la China National Offshore Oil Company sur le pétrolier américain Unocal en 2005, finalement bloquée par le Congrès, le récent échec de l’aluminier Chalco qui visait une montée dans le capital du mineur australien Rio Tinto pour contourner l’oligopole du minerai de fer, ou encore le véto américain opposé en 2008 au rachat de 3Com par l’équipementier télécom Huawei.

    En Afrique, les entreprises chinoises, qui font valoir un vaste éventail d’atouts compétitifs, font reculer la concurrence internationale. Toutefois, elles ne sortent globalement pas d’une dialectique « ressources contre produits manufacturés », dont l’issue en matière de développement local (industrialisation, emploi) reste très incertaine.

    Par la Direction des Etudes Economiques de Crédit Agricole
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