Pr Lahcen Haddad, militant des droits de l'Homme:" il faut une nouvelle génération au pouvoir à Alger pour résoudre le problème du Sahara"
Le conflit au Sahara continue d'empoisonner les relations entre le Maroc et l'Algérie.Devant l'impasse politique , la solution humanitaire pour les populations de Tindouf est de plus en plus évoquée.Cette solution est défendue par le Professeur Lahcen Haddad, chercheur et spécialiste des questions américaines.Pour ce militant des droits de l'Homme marocain, le conflit au Sahara a une dimension générationnelle qu'il faut tenir compte pour secourir les populations de Tindouf.Avant de quitter Genève où il a participé à la 13ème session du Conseil des droits de l'Homme, M.Haddad s'est prêté aux questions de notre reporer...
L’autre point discuté au conseil des droits de l’Homme, c’est le sort des populations retenues dans les camps de Tindouf.Avec le blocage des négociations politiques concernant le Sahara, quelles solutions préconisez vous pour sortir de l’impasse?
Je pense que le problème se trouve à deux niveaux.D’abord il y a un problème de droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Ces camps se trouvent sur le territoire algérien. L’Algérie sous-traite la gestion de ces camps pour le Polisario.Ce qui est illégal du point de vue des conventions internationales.Ensuite l’Algérie considère que les populations séquestrées dans les camps de Tindouf sont des réfugiés..Alors s’ils sont des réfugiés, il y a des conventions internationales notamment celle de 1958 sur le statut des réfugiés et le protocole de 1957, la convention sur les réfugiés dont l’Algérie est signataire.Par consequent, ces conventions précisent qu’on ne peut pas séquestrer, confiner des populations dans des camps.Ce qui arrive aux populations saharaouies, c’est qu’elles sont séquestrées dans ces camps depuis 30 ans sans pouvoir bouger alors qu’elles doivent avoir la liberté de mouvement en Algérie, en Mauritanie etc…Ce qui n’est pas le cas!Ces populations doivent aussi avoir un revenu, une identité, mais l’Algérie et le Polisario refusent le récencement de ces populations.En plus l’aide humanitaire est fournie à une population estimée à 125.000 personnes alors qu’il y a des rapports qui disent que ces populations sont de 190.000 ou 140.000.On ne sait rien faute de récencement.Pire, cette aide humanitaire est utilisée à d’autres fins.
Ensuite, il y a le volet politique.Je pense qu’il faut aller dans le sens du gagnant-gagnant.Il y a le Polisario et l’Algérie qui disent que l’autodétermination est la seule solution au problème à travers le réferendum.Mais on a essayé de faire un referendum , en identifiant les personnes dans les années 90; mais en 1999 on s’est retrouvé avec 120.000 personnes qui n’étaient pas identifiées.Cela veut dire qu’on allait se retrouver avec une possible exclusion de ces personnes comme le réclament le Polisario.Ce que le Maroc n’a pas tenu compte pour éviter qu’il y ait d’autres mouvements de guerilla.C’est donc un échec.L’option gagnant-gagnant s’articule sur la proposition marocaine relative à l’autonomie du Sahara.Cette proposition est très interessante car les populations saharaouies auront toutes les competences exceptées celle du drapeau et des affaires étrangères.Mais la gestion de leurs ressources, les élections internes, les compétences juridiques seront reconnues.Mais le Polisario refuse cette proposition marocaine à cause de l’Algérie qui veut un Etat dépendant du pouvoir à Alger, un accès à l’océan atlantique pour mieux encercler le Maroc.Je crois que c’est un conflit qui dure parce qu’il y a des générations qui vivent toujours avec les données de la guerre froide notamment en Algérie. Je crois que cette solution du gagnant-gagnant ne sera possible que lorsqu’on aura une autre generation au pouvoir à Alger et au niveau du Polisario.
Avant de terminer, un mot peut-être pour la communauté internationale concernant le conflit au Sahara?
Les attentes du Maroc par rapport à la communauté internationale, c’est de faire la lumière sur les problèmes de violences, de deportations d’enfants vers Cuba, de sequestration des populations y compris les femmes enceintes dans les camps de Tindouf.La Communauté internationale à travers l’ONU, les organisations internationales doivent faire pression sur l’Algérie pour qu’elle assume ses responsabilités par rapport aux populations de Tindouf.Ensuite, il faut aller dans le sens de la resolution du problème humanitaire.Car je crois que si le problème humanitaire est résolu, la solution politique viendra très vite.Une fois que les droits des populations de Tindouf seront respectées, ce sera le début d’une solution au problème du Sahara. Je crois profondéement que c’est ça le défi pour la communauté internationale.
Interview réalisée par Ismael Barry
Pour ************.com
Le conflit au Sahara continue d'empoisonner les relations entre le Maroc et l'Algérie.Devant l'impasse politique , la solution humanitaire pour les populations de Tindouf est de plus en plus évoquée.Cette solution est défendue par le Professeur Lahcen Haddad, chercheur et spécialiste des questions américaines.Pour ce militant des droits de l'Homme marocain, le conflit au Sahara a une dimension générationnelle qu'il faut tenir compte pour secourir les populations de Tindouf.Avant de quitter Genève où il a participé à la 13ème session du Conseil des droits de l'Homme, M.Haddad s'est prêté aux questions de notre reporer...
L’autre point discuté au conseil des droits de l’Homme, c’est le sort des populations retenues dans les camps de Tindouf.Avec le blocage des négociations politiques concernant le Sahara, quelles solutions préconisez vous pour sortir de l’impasse?
Je pense que le problème se trouve à deux niveaux.D’abord il y a un problème de droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Ces camps se trouvent sur le territoire algérien. L’Algérie sous-traite la gestion de ces camps pour le Polisario.Ce qui est illégal du point de vue des conventions internationales.Ensuite l’Algérie considère que les populations séquestrées dans les camps de Tindouf sont des réfugiés..Alors s’ils sont des réfugiés, il y a des conventions internationales notamment celle de 1958 sur le statut des réfugiés et le protocole de 1957, la convention sur les réfugiés dont l’Algérie est signataire.Par consequent, ces conventions précisent qu’on ne peut pas séquestrer, confiner des populations dans des camps.Ce qui arrive aux populations saharaouies, c’est qu’elles sont séquestrées dans ces camps depuis 30 ans sans pouvoir bouger alors qu’elles doivent avoir la liberté de mouvement en Algérie, en Mauritanie etc…Ce qui n’est pas le cas!Ces populations doivent aussi avoir un revenu, une identité, mais l’Algérie et le Polisario refusent le récencement de ces populations.En plus l’aide humanitaire est fournie à une population estimée à 125.000 personnes alors qu’il y a des rapports qui disent que ces populations sont de 190.000 ou 140.000.On ne sait rien faute de récencement.Pire, cette aide humanitaire est utilisée à d’autres fins.
Ensuite, il y a le volet politique.Je pense qu’il faut aller dans le sens du gagnant-gagnant.Il y a le Polisario et l’Algérie qui disent que l’autodétermination est la seule solution au problème à travers le réferendum.Mais on a essayé de faire un referendum , en identifiant les personnes dans les années 90; mais en 1999 on s’est retrouvé avec 120.000 personnes qui n’étaient pas identifiées.Cela veut dire qu’on allait se retrouver avec une possible exclusion de ces personnes comme le réclament le Polisario.Ce que le Maroc n’a pas tenu compte pour éviter qu’il y ait d’autres mouvements de guerilla.C’est donc un échec.L’option gagnant-gagnant s’articule sur la proposition marocaine relative à l’autonomie du Sahara.Cette proposition est très interessante car les populations saharaouies auront toutes les competences exceptées celle du drapeau et des affaires étrangères.Mais la gestion de leurs ressources, les élections internes, les compétences juridiques seront reconnues.Mais le Polisario refuse cette proposition marocaine à cause de l’Algérie qui veut un Etat dépendant du pouvoir à Alger, un accès à l’océan atlantique pour mieux encercler le Maroc.Je crois que c’est un conflit qui dure parce qu’il y a des générations qui vivent toujours avec les données de la guerre froide notamment en Algérie. Je crois que cette solution du gagnant-gagnant ne sera possible que lorsqu’on aura une autre generation au pouvoir à Alger et au niveau du Polisario.
Avant de terminer, un mot peut-être pour la communauté internationale concernant le conflit au Sahara?
Les attentes du Maroc par rapport à la communauté internationale, c’est de faire la lumière sur les problèmes de violences, de deportations d’enfants vers Cuba, de sequestration des populations y compris les femmes enceintes dans les camps de Tindouf.La Communauté internationale à travers l’ONU, les organisations internationales doivent faire pression sur l’Algérie pour qu’elle assume ses responsabilités par rapport aux populations de Tindouf.Ensuite, il faut aller dans le sens de la resolution du problème humanitaire.Car je crois que si le problème humanitaire est résolu, la solution politique viendra très vite.Une fois que les droits des populations de Tindouf seront respectées, ce sera le début d’une solution au problème du Sahara. Je crois profondéement que c’est ça le défi pour la communauté internationale.
Interview réalisée par Ismael Barry
Pour ************.com
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