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Majid el-Athamma a trois "maisons" : la vraie n'est que décombres, un enchevêtrement de blocs de ciment et de poutrelles tordues d'où émergent une mine non explosée et beaucoup d'objets usuels disloqués. Son autre logis est une grande tente qui résiste tant bien que mal aux fortes pluies et où, avec les sept membres de sa famille, il a vécu un an, dans des conditions misérables.
Sa nouvelle demeure est toute neuve. De couleur ocre, elle est construite en argile.
Elle a des formes rondes, et tranche joliment avec le paysage alentour, dévasté depuis la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, au cours de l'hiver 2008. Majid el-Athamma, qui a emménagé en décembre 2009, est, si l'on ose dire, un privilégié : il est le premier Gazaoui à bénéficier d'un programme de construction de 120 maisons en terre, lancé par l'Agence de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) pour les réfugiés palestiniens.
Plus d'un an après la fin d'un conflit qui a provoqué la destruction partielle ou totale de 6 300 habitations, 20 000 Palestiniens de la bande de Gaza restent sans logis. Majid el-Athamma était un homme riche, "presque un millionnaire", dit-il : avec ses enfants et ses frères, il possédait six maisons, deux taxis, ainsi que des champs d'oliviers et de citronniers. De tout cela, il ne reste rien.
LE PROVISOIRE QUI DURE
"Puisque les Israéliens continuent à interdire l'entrée du ciment à Gaza, explique Adnan Abou Hasna, porte-parole de l'UNRWA, nous nous sommes dit qu'il fallait trouver une solution humanitaire et temporaire."
Jusqu'à quand, personne ne le sait, et Majid el-Athamma ne se fait guère d'illusions : le provisoire va durer.
Ce qu'il espère, c'est que sa maison-pilote, située à 2 km de Jabaliya, dans le nord de Gaza, pourra défier le temps, et les éléments. Il n'en est pas sûr. Il fait visiter ses 63 m2, composés de deux chambres, d'une cuisine et d'une salle de bains, en égrenant la liste de tout ce qu'il possédait avant la guerre.
Il s'arrête pour montrer un mur d'argile où une différence de couleur témoigne que ce matériau de construction offre une résistance relative à la pluie et à l'humidité. La maison de Majid el-Athamma a coûté 10 000 dollars (7 000 euros) à l'UNRWA, sur la base d'un financement du Koweït et des Emirats arabes unis.
Des maisons en terre de 60 et de 80 m2 sont proposées aux Gazaouis. Enfin, seront proposées... Pour l'heure, une seule a été construite, et ce n'est que lorsque 5 d'entre elles seront achevées que l'ONU lancera un appel d'offres aux entreprises de travaux publics de Gaza, qu'elle s'efforce de former à la technique des maisons en terre.
Deux conditions sont requises pour bénéficier de ce programme : être enregistré comme réfugié (800 000 personnes sur les 1,4 million d'habitants de Gaza sont dans ce cas) et être propriétaire d'un lopin de terre.
Les maisons d'argile sont un palliatif, qui va créer de l'emploi et fournir un toit temporaire à quelques centaines de Gazaouis. Mais elles ne font pas l'unanimité : comme c'est souvent le cas pour l'aide humanitaire, relève un expert, "elles vont contribuer à pérenniser de facto le blocus de Gaza par Israël".
Laurent Zecchini (envoyé spécial à Gaza) leMonde.fr
Sa nouvelle demeure est toute neuve. De couleur ocre, elle est construite en argile.
Elle a des formes rondes, et tranche joliment avec le paysage alentour, dévasté depuis la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, au cours de l'hiver 2008. Majid el-Athamma, qui a emménagé en décembre 2009, est, si l'on ose dire, un privilégié : il est le premier Gazaoui à bénéficier d'un programme de construction de 120 maisons en terre, lancé par l'Agence de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) pour les réfugiés palestiniens.
Plus d'un an après la fin d'un conflit qui a provoqué la destruction partielle ou totale de 6 300 habitations, 20 000 Palestiniens de la bande de Gaza restent sans logis. Majid el-Athamma était un homme riche, "presque un millionnaire", dit-il : avec ses enfants et ses frères, il possédait six maisons, deux taxis, ainsi que des champs d'oliviers et de citronniers. De tout cela, il ne reste rien.
LE PROVISOIRE QUI DURE
"Puisque les Israéliens continuent à interdire l'entrée du ciment à Gaza, explique Adnan Abou Hasna, porte-parole de l'UNRWA, nous nous sommes dit qu'il fallait trouver une solution humanitaire et temporaire."
Jusqu'à quand, personne ne le sait, et Majid el-Athamma ne se fait guère d'illusions : le provisoire va durer.
Ce qu'il espère, c'est que sa maison-pilote, située à 2 km de Jabaliya, dans le nord de Gaza, pourra défier le temps, et les éléments. Il n'en est pas sûr. Il fait visiter ses 63 m2, composés de deux chambres, d'une cuisine et d'une salle de bains, en égrenant la liste de tout ce qu'il possédait avant la guerre.
Il s'arrête pour montrer un mur d'argile où une différence de couleur témoigne que ce matériau de construction offre une résistance relative à la pluie et à l'humidité. La maison de Majid el-Athamma a coûté 10 000 dollars (7 000 euros) à l'UNRWA, sur la base d'un financement du Koweït et des Emirats arabes unis.
Des maisons en terre de 60 et de 80 m2 sont proposées aux Gazaouis. Enfin, seront proposées... Pour l'heure, une seule a été construite, et ce n'est que lorsque 5 d'entre elles seront achevées que l'ONU lancera un appel d'offres aux entreprises de travaux publics de Gaza, qu'elle s'efforce de former à la technique des maisons en terre.
Deux conditions sont requises pour bénéficier de ce programme : être enregistré comme réfugié (800 000 personnes sur les 1,4 million d'habitants de Gaza sont dans ce cas) et être propriétaire d'un lopin de terre.
Les maisons d'argile sont un palliatif, qui va créer de l'emploi et fournir un toit temporaire à quelques centaines de Gazaouis. Mais elles ne font pas l'unanimité : comme c'est souvent le cas pour l'aide humanitaire, relève un expert, "elles vont contribuer à pérenniser de facto le blocus de Gaza par Israël".
Laurent Zecchini (envoyé spécial à Gaza) leMonde.fr
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