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Entretien avec Ali Belkhir maire de la commune de Ouaguenoun

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  • Entretien avec Ali Belkhir maire de la commune de Ouaguenoun

    Ali Belkhir est maire de Ouaguenoun, une commune qui se situe à une quinzaine de km au nord-est de la ville de Tizi-Ouzou.
    Avant d’être à la tête de cette commune pour un deuxième mandat, il a eu a gérer en 2002 l’assemblée de la wilaya (APW) de Tizi-Ouzou, en plein cœur de l’embrasement de la Kabylie lors des événements du printemps noir.
    En se postulant au poste de maire il déclarait souvent qu’il voulait tout d’abord lutté pour réhabiliter le politique et la démocratie en Algérie.
    Plusieurs fois il a participé à des forums organisés par des instances internationales.
    Mais pour cette année, le pouvoir en Algérie l’a refoulé à l’aéroport d’Alger alors qu’il s’apprêtait à assister à un sommet à Rotterdam (Pays Bas), à la fin du mois de février dernier. Evidement aucune justification n’a été donnée pour ce refoulement hormis celle d’un abus de pouvoir du système en place en Algérie. En plus de cet événement, Ali Belkhir a bien voulu répondre à nos questions sur la gestion de sa commune, l’intercommunal et le rôle de l’élu an Algérie.


    Mourad H: Pouvez-vous nous présenter votre commune ?

    La commune de Ouaguenoun est située à 15 kilomètres du chef lieu de la wilaya de Tizi-ouzou, elle est limitée au nord : par les communes de Boudjimaa et Timizart ;à l’est par les communes de Timizart et Freha ; au sud : par Acif de Sebaou ; et enfin à l’ouest : par la commune de Ait Aissa Mimoun.
    Sa population au dernier recensement du RGPH 2008 est17410 habitants et atteindra 40000 habitants à l’horizon 2015 en tenant comte de la population étudiante de Tamda (population non évolutive).
    Elle s’étend sur une superficie de 3978,00 Ha .notre commune comprend une agglomération chef lieu (ACL) et en même temps chef lieu de la Daïra de Ouaguenoun - Tikobain et 3 agglomérations secondaires (Djebla, Tamda,Azib Ouhaddad) ainsi 21 villages et hameaux
    Le territoire de la commune est composé essentiellement de deux parties distinctes. Partie montagneuse situé au Nord (foret) et la partie agricole vers l’est et le sud(plaine)
    Parait-il , sur les 1541 Communes que compte L’Algérie, plus de1200 Communes seraient pauvres et Ouaguenoun en fait partie. Vous vous rendez compte , dans un pays aussi riche, 80 % des communes sont pauvres.

    A quoi se définit une commune en Algérie ?

    Dans notre pays les communes sont souvent nées à partir de découpages administratifs qui répondent uniquement à des considérations politiques. Les véritables critères définissant une collectivité à l’image des critères, culturels, économiques, sociologiques, géographiques ,etc…..ils sont royalement ignorés.
    C’est ce qui explique d’ailleurs à mon sens la destruction de notre société et sa perte de repères.

    Pour quel objectif à votre avis ?

    C’est une stratégie machiavélique, l’objectif recherché est bien évidemment de contrôler voire même de dominer la société en empêchant toutes les initiatives qui ne cadrent pas avec la logique centralisatrice du pouvoir

    Quel rôle joue le maire dans la réalité ?

    A partir du moment où tous les problèmes que nous vivons sont politiques sans exception, le rôle d’un maire ne peut pas être autre que politique. Son rôle est donc, de recenser tous les problèmes de sa population, les classés par ordre de priorité et d’essayer de les résoudre selon les moyens dont il dispose.
    Un maire doit donc jouer le rôle de locomotive pour tirer sa population vers le développement et l’autosuffisance dans tous les domaines, mais faudrait-il lui en donner les moyens.

    Quelles contraintes rencontrez-vous ?

    En plus des contraintes citées plus haut, s’ajoute un code communal qui dépouille le maire de l’essentiel de ses prérogatives et outils lui permettant d’assurer la totale responsabilité de son territoire.
    Bien que ce code communal prône la décentralisation, dans la réalité c’est tout autre chose, nous assistons en niveau des municipalités à un transfert de responsabilités sans transfert des moyens correspondants. En vérité, les communes en Algérie n’ont ni autonomie administrative, ni autonomie financières, ceci pour vous dire que devant une telle situation , les communes pauvres comme celle qui sont presque dans le même pétrin.

    Pourquoi alors, acceptez-vous de vous présenter aux élections locales ?

    Bonne question, malgré toutes ces contraintes nous continuons à participer aux élections municipales tout simplement parce qu’elles nous permettent de rester proches de la population.
    Vous savez, si on ne se présente pas aux élections locales on se retrouve en position de non assistance à population en danger et quand on se présente à ces élections et qu’on les gagne, le pouvoir fait tout pour nous discréditer.
    Etant militants convaincus, nous préférons prendre tous les risques, mais jamais abandonner la population.

    Parlez-nous de la mise en place du Conseil Consultatif au niveau de votre commune.

    C’était en 2007, pour jouer le rôle dont je vous ai parlé toute à l’heure « la locomotive » nous avons pu intéresser le mouvement associatif et les universitaires de la commune , tous ensemble, nous avions monté ce conseil qui a fait un travail remarquable en ayant produit la monographie de la commune et élaboré un plan communal de développement intégré, faisant ressortir les besoins à l’horizon 2020 , en ayant pris en compte tous les facteurs déterminants pour un développement cohérent ; ce travail est resté lettre morte , dans la mesure où l’Etat ne nous a pas aidé à le concrétiser.
    J’aimerai cependant saisir cette occasion pour rendre un vibrant hommage à tous ceux qui ont contribué dans ce conseil pour la réalisation de ces précieux documents qui resteront sans doute des repères pour les générations futures.

    Notre objectif était de combattre la pauvreté et faire face aux disparités sociales. Mais hélas, dans un pays où les ressources financières sont évaluées en milliards de dollars, il aurait été normalement impensable de parler de pauvreté.

    Vous êtes également l'un des initiateurs du projet de l'intercommunalité qui touche les communes de la Kabylie Maritime...

    Ce projet qui a vu le jour aussi en 2007 a fonctionné à merveille jusqu’à maintenant grâce à l’abnégation et au sens très élevé de responsabilité des maires qui la compose.
    A vrai dire, l’intercommunale et le conseil consultatif communal sont des preuves tangibles que les Algériens même quand ils sont d’obédiences différentes peuvent s’asseoir autour d’une table pour discuter calmement des problèmes qui les concerne.
    Au fait, ces deux actions ont montré clairement que la démocratie est possible en Algérie mais le pouvoir essaye tout le temps de démontrer le contraire car il trouve toujours des gens qu’il achète et qu’il manipule.

    Récemment vous étiez empêché d'assister à un sommet à Rotterdam sur le thème des collectivités face à la crise. Pouvez-vous revenir brièvement sur cet événement ?

    Le pouvoir m’a empêché de faire le déplacement à ROTTERDAM mais n’a pas pu m’empêcher de participer grâce à Internet.
    La communication que je devais faire a été prise en considération par cet auguste forum et j’en suis très heureux.

    Quelles sont les réactions des organisations internationales à l'exemple de la récente déclaration sur la liberté de circulation des élus en Algérie émise par le Département d'État des États-Unis ?

    Les organisateurs du forum étaient offusqués par la nouvelle de mon refoulement à l’aéroport d’Alger.
    La fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) aussi et compte saisir le conseil économique et social européen. Le département d’Etat US aux DH vient de dénoncer cette restriction.

    Je relève avec beaucoup de satisfaction toutes ces marques de solidarité et de réaction des instances internationales qui font remarquer au pouvoir qu’il a commis un incident injustifiable et incompréhensible.
    Seulement, il faut rappeler que ce même pouvoir durant les années 1990 a failli discréditer tous les citoyens Algériens aux yeux des instances internationales, à l’époque, Mohamed Fellag disait : « Vous êtes Algérien, donc vous
    êtes coupable »Maintenant, il est entrain d’essayer de faire le contraire, discréditer les instances internationales aux yeux du peuple Algériens. C’est un jeu très dangereux.

    Le pouvoir algérien risque-t-il d'être inquiété par ses agissements contraires à la liberté politique ?
    Un pouvoir qui ne respecte ni la constitution ni les élus , ni la volonté populaire, ni le pluralisme politique et syndicale ni même les instances internationales, je crois fort bien qu’il est aux abois et s’il ne s’inquièterait pas, c’est qu’il est inconscient..

    Dans votre contribution au 7ème forum de Rotterdam, quelles étaient vos attentes et vos doléances que vous adressez aux organisateurs qui opèrent sous l'égide l'ONU ?

    J’en ai carrément fait appel aux instances internationales pour aider non pas seulement mon pays mais tous les pays en développement à démocratiser leurs institutions, aux gouvernements nationaux à accorder l’autonomie administrative et financière a leurs Communes, à toutes les collectivités locales à s’engager dans une coopération décentralisée autour de projets concrets dans l’intérêt de nos populations respectives.
    Nous avons espoir que cela se réalise un jour, pour que nous puissions alors espérer un ordre mondial à visage humain qui assure à chaque citoyen une vie décente et digne.

    Entretien réalisé par Mourad H
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