Puces d'urgence .

[Iska]

Puce d'urgence

par El-Guellil

Boom du téléphone, ruée sur le mobile qui commence réellement à devenir banal. A chacun sa puce. Il y en a qui se payent le luxe de plusieurs puces. Une spéciale domicile, une boulot, une divers... Et une puce pour ma puce.

Force est de reconnaître aujourd'hui que la privatisation du téléphone a fait du bien aux clients. Et du mal aux kiosques multiservices. Le nombre d'abonnés a connu une croissance vertigineuse : le nombre de ghachis aujourd'hui dotés du portable ne se compte plus. Qui se rappelle de la réponse polycopiée de nos ex-uniques services bigophoniques et leur diktat : « Nous avons le regret de vous informer que nous ne pouvons donner une suite à votre demande, because saturation...». Pourtant, ton voisin, qui a formulé sa demande après toi, s'est vu installer une ligne. C'est du passé tout ça.

Le téléphone, contrairement à la République, a été relativement démocratisé. Il est accessible à un plus grand nombre de personnes. C'est que les Algériens avaient vraiment besoin de communiquer, de téléphoner. La folie du portable est une formidable révolution. Les opérateurs privés et publics ont fait exploser le marché en multipliant les initiatives. Chacun y va de sa promotion, au grand bonheur du téléphoneur. Dans cette course-poursuite entre les géants, nous autres nains, nous sommes courtisés et notre argent aussi. Tout ça c'est bien. Mais aucun opérateur ne pense réellement à faire de ce portable un mobile citoyen.

« Un mobile citoyen », voilà encore une lubie de khoroto... Oh que non ! Dans un domicile où tous les membres de la famille sont dotés de portables, personne ne peut appeler police secours au cas où son voisin serait agressé. Aucun abonné du portable ne peut appeler les pompiers en cas de sinistre. Le portable devient jetable... On court alors au KMS du coin : il a fermé tôt, par manque de clientèle. Les cabines publiques n'existent plus grâce à notre vandalisme historique... A quand ces options, ou alors la sécurité ne compte-t-elle pas dans le marché aux puces?


Le Quotidien d'Oran