un partage avec vous d'une histoire sur zith uzemour
l'huile d'olive kabyle (zith n'laqvayel)
j’avais a peine dix ans, j’accompagnai mon oncle et ma tante aux olives, tout le village (très petit a cette époque) allait d’un commun accord a la cueillette le même jour ,pour se tenir compagnie et s’entraider (ça existait jadis),on voyait des processions qui descendaient de toute part, toute la famille y participait, femmes, hommes et même les enfants en bas âges étaient de la partie, les nourrissons on leur faisait une sorte de hamac sous un olivier(douh ga3raven) et on le berçait de temps a autre pour le calmer ou l’endormir.
A l’arrivée au champ, mon oncle débâtait l’âne, rangeait soigneusement le matériel sous un olivier et attachait l’âne pour qu’il puisse brouter et reprendre des forces pour le soir car il faut qu’il prenne toute la cueillette sur son dos, et des fois moi en plus
Je laissais mon oncle et ma tante faire leur travail et moi je vaque tout de suite a mon passe temps favori et ce pourquoi je suis venu « TENDRE DES PIEGES AUX GRIVES ET AUTRES VOLATILES »les olives c’est entre deux, c’est-à-dire quand j’aurai trouvé des larves de hannetons (des vers blancs bien gras) qui gigotent sur le piège une fois accroché au porte
Après il faut trouver le coin stratégique pour les tendres un coin discret, pas trop bruyant, et qu’on peut surveiller de loin, pour ne pas se les faire voler par un autre.
Je reviens faire semblant de cueillir avec mon petit couffin prés de moi et en écoutant le cri que pousserait une grive trop gourmande ou suicidaire qui se serait jeté sur l’appât et qui aurait reçu le coup fatal du piège.
Les autres oiseaux comme le rouge-gorge(3azzi) la fauvette a tête noire (thahmamt) le bouvreuil(avenfariw) le merle (atawtaw) meurent en silence, dignes jusqu’au bout
la recolte
Si un merle vous voit sur son territoire (souvent près d’un point d’eau), vous pouvez partir mettre vos pièges ailleurs, il alerte tout les autres oiseaux vous êtes repérés pour la journée.
Donc je fais mine de ramasser les olives tandis que mon oncle est souvent sur les branches inaccessibles depuis parterre, ma tante gaulant quelques branches basses, je rêve au chapelet de grives et merles que je mettrais a ma ceinture le soir au retour.
De temps en temps on entend au loin « ala3lam ouggaregh vava » ou des femmes qui chantent pour endormir le petit et qui profitent du moment pour montrer leur belle voix
Le meilleur moment de la journée pendant la cueillette est sans conteste « LE MOMENT DE MANGER » mon oncle avait fait un feu et jeté quelques branchages et souches afin de le démarrer et maintenir les braises, ma tante arrive avec le couffin de provisions, de la galette, huile d’olives, purée de piment, pommes de terres et œufs cuits a l’eau avec de l’huile, des figues sèches de la saison et j’en passe et des meilleures.
Le bon air frais vous met en appétit, dommage qu’il n’y a aucune grive de prise elle serait bienvenu sur les braises, même pas un rouge- gorge ….même pas un troglodyte mignon (m’sefqa3) rien !
Partout dans les champs on voit des volutes de fumée monter au ciel et les chants se font moins entendre mais les enfants rient et crient toujours a tue-tête pour annoncer qu’ils ont rempli leur couffin et battu un membre de leur famille de vitesse.
Après manger je cours relever mes pièges, rien ! Une grive a poussé le culot jusqu'à me manger mon beau ver blanc sans se faire attraper !
Vers le milieu de l’après midi ,mon oncle commence a rassembler les olives cueillies et a retirer les feuilles et branchettes (qui donnent un mauvais gout amer a l’huile)et va de son pas lent chercher l’âne et commence a le bâter cet âne qui m’as porté des années durant que j’ai retrouvé en 1975,et qui est mort de vieillesse
dans la maison qui l’as toujours connu (le jour ou il devait mourir il est sorti de la maison ,monté a la rue principale du village a bien regarde vers la montagne, vers les champs qu’il connaissait par cœur ,il est revenu a sa place s’est allongé et a rendu l’ âme, en 1986 j’en ai parlé a France inter)
Ma tante range tout le matériel et il l’attache sur le bat avec le reste, au premier coup d’œil ,vu la grosse quantité d’olives et le matériel j’ai compris tout de suite qu’il fallait que je compte que sur mes jambes pour monter cette colline interminable .
Je suit mes parents derrière, mes pièges a la ceinture, aucune prise ,mais content de ma journée et puis la saison ne fait que commencer ,de décembre a mars ,suivant les saison d’abondance ,il y auras des processions de villageois, des tendeurs de pièges et des olives .
Arrivé a la maison, mon oncle se rend a l’huilerie de mon autre oncle ,tout prés de la maison pour y déverser la cueillette sur son tas (tirechth) bien calée par de grosses pierres et des branches d’olivier.
Amrij(au lieu dit ;tazzrouts elghardh) est le lieu ou tous les villageois viennent faire leur tas en attendant que leur tour arrive de passer au pressoir, comme le terrain et légèrement abrupt ,il faut encore un âne afin de les transporter jusqu’au pressoir et un ouvrier saisonnier est affecté a cette tache .
A l’intérieur de l’huilerie, l’ambiance bat son plein on voit de loin la tourelle ou tournent deux meules énormes, qui écrasent et réduisent les olives en une pate homogène,pate qui est déversé dans un bassin par une trappe ,que l’ouvrier met par pelletées dans des scourtins (sortes de récipients en fibre qui ressemblent a des bérets énormes ,que l’ouvrier qui s’occupe du pressoir range bien droit sur la presse hydraulique ,séparés tous les vingt scourtins par une plaque en fer afin de garder l’équilibre au moment de la presse.
Plus le pressoir monte, plus on voit un jus marron doré suinter des scourtin vers la vasque et de la vasque vers des bassins de décantations dans une autre pièce ou un autre ouvrier est chargé de récupérer l’huile ,un liquide jaune or, avec ce parfum particulier.
De temps a autre le prayssis verse de l’eau bouillante sur les scourtins afin de sortir tout le précieux liquide ,il surveille au manomètre des que la pression souhaitée est atteinte , il purge les clapets et le vérin redescend libérant les scourtins ,alors on entend « TIQFACHIN !!! » des ouvriers se précipitent afin de vider les scourtins de leur contenu (le grignon, mélange de noyaux et peaux d’olives broyées) et aussitôt après on entend « tourna » dans le jargon il faut remplir la tourelle et mettre la courroie d’un tambour de transmission a un autre, afin de la faire tourner.
Le moteur diesel est mis en route le matin et ne s’arrête qu’au moment des repas
Point de démarreur ,il est démarré par mon oncle a l’aide d’une énorme manivelle ,il tourne très vite et dit qu’il voit l’énorme balourd (la grosse poulie sur l’axe qui sert a augmenter le mouvement et maintenir l’équilibre) prendre de la vitesse il dégage la manivelle et laisse le moteur tousser et prendre son régime.
Bien sur il arrive qu’il ne démarre pas, alors mon oncle commence a blasphémer et insulter copieusement le moteur et celui qui l’a inventé.
Dans la pièce ou il y a les bassins de décantation l’ouvrier s’affaire a récupérer l’huile avec un broc en aluminium d’abord et la feuille ensuite, une palette (ifar)
Le liquide marron (amorej) arrive par une rigole jusqu’au bassin de là, on fait couler de l’eau bouillante dessus, l’eau étant plus lourde et ne se mélangeant jamais avec de l’huile (par manque de tensio-actifs)celle-ci se retrouve en surface ou l’ouvrier la récupère et verse dans les récipient que le villageois a ramené avec lui et n’oublie pas de prendre la part du propriétaire qui était a l’époque de dix pour cent .
L’huilerie est très fréquentée ,par ceux qui y amènent leur olives au pressoir, des anciens qui se réchauffent au coin du feu de la grosse chaudière qui sert de chauffe eau ,que mon oncle alimente de bois ,vieux scourtins,grignons d’olives très inflammables,et de tout ce qu’il trouve a proximité ,un jour un bat qu’un villageois a laissé y a passé et la haie du voisin sert de petit bois pour démarrer un feu matinal……….
C’est plein à longueur de journée, sans compter les enfants allant ou sortant de l’école qui viennent tremper leur bout de galette au préalable chauffée sur la braise, dans la nuit on entend que le bruit du moteur qui ne dérange plus du tout les gens qui dorment ,comme si il faisait parti de leur sommeil, quand on l’entend plus ,ça veut dire qu’il est en panne ou qu’il y a un décès au village, on ne travaille pas ce jour là.
La vie a cette saison n’était agréable que pour nous les enfants, surtout les jours ou il neige, dès le matin on cherche de la glue (lazouq) ou du crêpe (les semelles de chaussures en étaient pourvues en ce temps là)
l'huile d'olive kabyle (zith n'laqvayel)
j’avais a peine dix ans, j’accompagnai mon oncle et ma tante aux olives, tout le village (très petit a cette époque) allait d’un commun accord a la cueillette le même jour ,pour se tenir compagnie et s’entraider (ça existait jadis),on voyait des processions qui descendaient de toute part, toute la famille y participait, femmes, hommes et même les enfants en bas âges étaient de la partie, les nourrissons on leur faisait une sorte de hamac sous un olivier(douh ga3raven) et on le berçait de temps a autre pour le calmer ou l’endormir.
A l’arrivée au champ, mon oncle débâtait l’âne, rangeait soigneusement le matériel sous un olivier et attachait l’âne pour qu’il puisse brouter et reprendre des forces pour le soir car il faut qu’il prenne toute la cueillette sur son dos, et des fois moi en plus
Je laissais mon oncle et ma tante faire leur travail et moi je vaque tout de suite a mon passe temps favori et ce pourquoi je suis venu « TENDRE DES PIEGES AUX GRIVES ET AUTRES VOLATILES »les olives c’est entre deux, c’est-à-dire quand j’aurai trouvé des larves de hannetons (des vers blancs bien gras) qui gigotent sur le piège une fois accroché au porte
Après il faut trouver le coin stratégique pour les tendres un coin discret, pas trop bruyant, et qu’on peut surveiller de loin, pour ne pas se les faire voler par un autre.
Je reviens faire semblant de cueillir avec mon petit couffin prés de moi et en écoutant le cri que pousserait une grive trop gourmande ou suicidaire qui se serait jeté sur l’appât et qui aurait reçu le coup fatal du piège.
Les autres oiseaux comme le rouge-gorge(3azzi) la fauvette a tête noire (thahmamt) le bouvreuil(avenfariw) le merle (atawtaw) meurent en silence, dignes jusqu’au bout
la recolte
Si un merle vous voit sur son territoire (souvent près d’un point d’eau), vous pouvez partir mettre vos pièges ailleurs, il alerte tout les autres oiseaux vous êtes repérés pour la journée.
Donc je fais mine de ramasser les olives tandis que mon oncle est souvent sur les branches inaccessibles depuis parterre, ma tante gaulant quelques branches basses, je rêve au chapelet de grives et merles que je mettrais a ma ceinture le soir au retour.
De temps en temps on entend au loin « ala3lam ouggaregh vava » ou des femmes qui chantent pour endormir le petit et qui profitent du moment pour montrer leur belle voix
Le meilleur moment de la journée pendant la cueillette est sans conteste « LE MOMENT DE MANGER » mon oncle avait fait un feu et jeté quelques branchages et souches afin de le démarrer et maintenir les braises, ma tante arrive avec le couffin de provisions, de la galette, huile d’olives, purée de piment, pommes de terres et œufs cuits a l’eau avec de l’huile, des figues sèches de la saison et j’en passe et des meilleures.
Le bon air frais vous met en appétit, dommage qu’il n’y a aucune grive de prise elle serait bienvenu sur les braises, même pas un rouge- gorge ….même pas un troglodyte mignon (m’sefqa3) rien !
Partout dans les champs on voit des volutes de fumée monter au ciel et les chants se font moins entendre mais les enfants rient et crient toujours a tue-tête pour annoncer qu’ils ont rempli leur couffin et battu un membre de leur famille de vitesse.
Après manger je cours relever mes pièges, rien ! Une grive a poussé le culot jusqu'à me manger mon beau ver blanc sans se faire attraper !
Vers le milieu de l’après midi ,mon oncle commence a rassembler les olives cueillies et a retirer les feuilles et branchettes (qui donnent un mauvais gout amer a l’huile)et va de son pas lent chercher l’âne et commence a le bâter cet âne qui m’as porté des années durant que j’ai retrouvé en 1975,et qui est mort de vieillesse
dans la maison qui l’as toujours connu (le jour ou il devait mourir il est sorti de la maison ,monté a la rue principale du village a bien regarde vers la montagne, vers les champs qu’il connaissait par cœur ,il est revenu a sa place s’est allongé et a rendu l’ âme, en 1986 j’en ai parlé a France inter)
Ma tante range tout le matériel et il l’attache sur le bat avec le reste, au premier coup d’œil ,vu la grosse quantité d’olives et le matériel j’ai compris tout de suite qu’il fallait que je compte que sur mes jambes pour monter cette colline interminable .
Je suit mes parents derrière, mes pièges a la ceinture, aucune prise ,mais content de ma journée et puis la saison ne fait que commencer ,de décembre a mars ,suivant les saison d’abondance ,il y auras des processions de villageois, des tendeurs de pièges et des olives .
Arrivé a la maison, mon oncle se rend a l’huilerie de mon autre oncle ,tout prés de la maison pour y déverser la cueillette sur son tas (tirechth) bien calée par de grosses pierres et des branches d’olivier.
Amrij(au lieu dit ;tazzrouts elghardh) est le lieu ou tous les villageois viennent faire leur tas en attendant que leur tour arrive de passer au pressoir, comme le terrain et légèrement abrupt ,il faut encore un âne afin de les transporter jusqu’au pressoir et un ouvrier saisonnier est affecté a cette tache .
A l’intérieur de l’huilerie, l’ambiance bat son plein on voit de loin la tourelle ou tournent deux meules énormes, qui écrasent et réduisent les olives en une pate homogène,pate qui est déversé dans un bassin par une trappe ,que l’ouvrier met par pelletées dans des scourtins (sortes de récipients en fibre qui ressemblent a des bérets énormes ,que l’ouvrier qui s’occupe du pressoir range bien droit sur la presse hydraulique ,séparés tous les vingt scourtins par une plaque en fer afin de garder l’équilibre au moment de la presse.
Plus le pressoir monte, plus on voit un jus marron doré suinter des scourtin vers la vasque et de la vasque vers des bassins de décantations dans une autre pièce ou un autre ouvrier est chargé de récupérer l’huile ,un liquide jaune or, avec ce parfum particulier.
De temps a autre le prayssis verse de l’eau bouillante sur les scourtins afin de sortir tout le précieux liquide ,il surveille au manomètre des que la pression souhaitée est atteinte , il purge les clapets et le vérin redescend libérant les scourtins ,alors on entend « TIQFACHIN !!! » des ouvriers se précipitent afin de vider les scourtins de leur contenu (le grignon, mélange de noyaux et peaux d’olives broyées) et aussitôt après on entend « tourna » dans le jargon il faut remplir la tourelle et mettre la courroie d’un tambour de transmission a un autre, afin de la faire tourner.
Le moteur diesel est mis en route le matin et ne s’arrête qu’au moment des repas
Point de démarreur ,il est démarré par mon oncle a l’aide d’une énorme manivelle ,il tourne très vite et dit qu’il voit l’énorme balourd (la grosse poulie sur l’axe qui sert a augmenter le mouvement et maintenir l’équilibre) prendre de la vitesse il dégage la manivelle et laisse le moteur tousser et prendre son régime.
Bien sur il arrive qu’il ne démarre pas, alors mon oncle commence a blasphémer et insulter copieusement le moteur et celui qui l’a inventé.
Dans la pièce ou il y a les bassins de décantation l’ouvrier s’affaire a récupérer l’huile avec un broc en aluminium d’abord et la feuille ensuite, une palette (ifar)
Le liquide marron (amorej) arrive par une rigole jusqu’au bassin de là, on fait couler de l’eau bouillante dessus, l’eau étant plus lourde et ne se mélangeant jamais avec de l’huile (par manque de tensio-actifs)celle-ci se retrouve en surface ou l’ouvrier la récupère et verse dans les récipient que le villageois a ramené avec lui et n’oublie pas de prendre la part du propriétaire qui était a l’époque de dix pour cent .
L’huilerie est très fréquentée ,par ceux qui y amènent leur olives au pressoir, des anciens qui se réchauffent au coin du feu de la grosse chaudière qui sert de chauffe eau ,que mon oncle alimente de bois ,vieux scourtins,grignons d’olives très inflammables,et de tout ce qu’il trouve a proximité ,un jour un bat qu’un villageois a laissé y a passé et la haie du voisin sert de petit bois pour démarrer un feu matinal……….
C’est plein à longueur de journée, sans compter les enfants allant ou sortant de l’école qui viennent tremper leur bout de galette au préalable chauffée sur la braise, dans la nuit on entend que le bruit du moteur qui ne dérange plus du tout les gens qui dorment ,comme si il faisait parti de leur sommeil, quand on l’entend plus ,ça veut dire qu’il est en panne ou qu’il y a un décès au village, on ne travaille pas ce jour là.
La vie a cette saison n’était agréable que pour nous les enfants, surtout les jours ou il neige, dès le matin on cherche de la glue (lazouq) ou du crêpe (les semelles de chaussures en étaient pourvues en ce temps là)
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