Tweet
Renault: les promesses de Ghosn n'engagent personne
Bernard Maris - France Inter
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et économiste. La voiture électrique est pour dans trois ans. D'ici là, on aura oublié les engagements mous de Renault de la produire à Flins et Christian Estrosi ne sera pas forcément là. Ni Carlos Ghosn d'ailleurs, dont on découvre les erreurs stratégiques.
Carlos Goshn a rassuré Nicolas Sarkozy au sujet de la production de la Clio...
Carlos Goshn, le « cost killer », le tueur de coûts, n'est certainement pas un homme banal, polyglotte, né au Brésil, issu d’une famille libanaise et vivant le plus souvent hors de France, polytechnicien pour ne rien gâcher. Passé par Michelin, bonne et rude école ! Régulièrement salué comme grand manager... Mais a-t-il vraiment réussi à la tête de Renault ? Par rapport à la réussite de PSA ou de Wolkswagen par exemple ? A-t-il fait tellement preuve de flair, de « vista » ? On a un peu l’impression que Renault est à la traîne sur le marché automobile, et que les succès, comme celui la Logan, sont des succès imprévus. Il mise tout désormais sur la voiture électrique, qui sera produite à Flins, et pour laquelle le gouvernement a avancé des fonds.
Mais le gouvernement a aussi prêté de l’argent à Renault sans intérêt ou quasiment sans intérêt (près de 4 milliards tout de même !) et donc, le président de la République, et le Ministre de l’industrie, Monsieur Estrosi, pensent qu’ils peuvent demander des promesses sur le maintien à Flins de chaînes de montage concernant la Clio. Il y a les promesses des hommes d’affaires et la réalité des affaires. Monsieur Mittal, en son temps, en rachetant Arcelor, avait promis, et puis le réalisme l’avait rattrappé. Carlos Goshn a promis qu’une partie de la production des Clio se ferait à Flins, mais comme cette production démarre dans trois ans, il est bien trop tôt pour fixer des quotas entre Flins et Bursa, en Turquie, où déjà la Clio est produite. Dans trois ans on aura oublié beaucoup de choses, et sans doute Monsieur Estrosi ne sera plus là, qui très généreusement déclare : « une voiture française, destinée à être vendue en France, doit être fabriquée en France ! »
Ce qui n'a aucun sens à priori. Non seulement des Ford peuvent être produites en France, mais bientôt des Airbus seront produits en Chine par des Chinois avec transfert de technologie. Quand Renault a décidé de construire une usine « low cost », faible coût au Maroc, l’Etat n’a rien dit. Si la France produisait français, par des Français, pour des Français, ce serait la définition même de l’autarcie. La Corée du Nord aime l’autarcie, le capitalisme moins. Et pourtant la phrase de Monsieur Estrosi n’est pas tout à fait idiote. Car d’une certaine manière, le capital doit être valorisé par du travail et de la demande. C’est la vieille phrase de Ford : « Je paye bien mes ouvriers, pour qu’ils achètent mes voitures. » Alors c’est bien joli de chercher toujours les bas salaires, dans des pays peu regardant en matière de protection sociale et d’environnement, mais à ce compte là on détruit le tissu industriel des pays à forte protection sociale.
En tout cas, en matière automobile, l'avenir n’est pas aux grosses berlines à forte valeur ajoutée, mais aux voitures peu coûteuses, donc qui seront fabriquées en Slovénie, comme la Twingo. Renault fait gagner de l’argent aux Slovènes et bientôt aux Marocains... C’est son coté moral.
Bernard Maris - France Inter
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et économiste. La voiture électrique est pour dans trois ans. D'ici là, on aura oublié les engagements mous de Renault de la produire à Flins et Christian Estrosi ne sera pas forcément là. Ni Carlos Ghosn d'ailleurs, dont on découvre les erreurs stratégiques.
Carlos Goshn a rassuré Nicolas Sarkozy au sujet de la production de la Clio...
Carlos Goshn, le « cost killer », le tueur de coûts, n'est certainement pas un homme banal, polyglotte, né au Brésil, issu d’une famille libanaise et vivant le plus souvent hors de France, polytechnicien pour ne rien gâcher. Passé par Michelin, bonne et rude école ! Régulièrement salué comme grand manager... Mais a-t-il vraiment réussi à la tête de Renault ? Par rapport à la réussite de PSA ou de Wolkswagen par exemple ? A-t-il fait tellement preuve de flair, de « vista » ? On a un peu l’impression que Renault est à la traîne sur le marché automobile, et que les succès, comme celui la Logan, sont des succès imprévus. Il mise tout désormais sur la voiture électrique, qui sera produite à Flins, et pour laquelle le gouvernement a avancé des fonds.
Mais le gouvernement a aussi prêté de l’argent à Renault sans intérêt ou quasiment sans intérêt (près de 4 milliards tout de même !) et donc, le président de la République, et le Ministre de l’industrie, Monsieur Estrosi, pensent qu’ils peuvent demander des promesses sur le maintien à Flins de chaînes de montage concernant la Clio. Il y a les promesses des hommes d’affaires et la réalité des affaires. Monsieur Mittal, en son temps, en rachetant Arcelor, avait promis, et puis le réalisme l’avait rattrappé. Carlos Goshn a promis qu’une partie de la production des Clio se ferait à Flins, mais comme cette production démarre dans trois ans, il est bien trop tôt pour fixer des quotas entre Flins et Bursa, en Turquie, où déjà la Clio est produite. Dans trois ans on aura oublié beaucoup de choses, et sans doute Monsieur Estrosi ne sera plus là, qui très généreusement déclare : « une voiture française, destinée à être vendue en France, doit être fabriquée en France ! »
Ce qui n'a aucun sens à priori. Non seulement des Ford peuvent être produites en France, mais bientôt des Airbus seront produits en Chine par des Chinois avec transfert de technologie. Quand Renault a décidé de construire une usine « low cost », faible coût au Maroc, l’Etat n’a rien dit. Si la France produisait français, par des Français, pour des Français, ce serait la définition même de l’autarcie. La Corée du Nord aime l’autarcie, le capitalisme moins. Et pourtant la phrase de Monsieur Estrosi n’est pas tout à fait idiote. Car d’une certaine manière, le capital doit être valorisé par du travail et de la demande. C’est la vieille phrase de Ford : « Je paye bien mes ouvriers, pour qu’ils achètent mes voitures. » Alors c’est bien joli de chercher toujours les bas salaires, dans des pays peu regardant en matière de protection sociale et d’environnement, mais à ce compte là on détruit le tissu industriel des pays à forte protection sociale.
En tout cas, en matière automobile, l'avenir n’est pas aux grosses berlines à forte valeur ajoutée, mais aux voitures peu coûteuses, donc qui seront fabriquées en Slovénie, comme la Twingo. Renault fait gagner de l’argent aux Slovènes et bientôt aux Marocains... C’est son coté moral.
Commentaire