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arestation de Abderrahmane Achour a rabat

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  • arestation de Abderrahmane Achour a rabat

    L'homme d'affaires arrêté au Maroc est soupçonné d'être l'un des cerveaux de l'énorme escroquerie dont a été victime la banque publique.

    Casablanca, mardi 4 janvier 2006. Abderrahmane Achour vaque à ses occupations lorsque des éléments de la brigade judiciaire se présentent à son domicile, une villa située dans un quartier chic de la capitale économique du Maroc. Face aux policiers venus l’interpeller, l’homme n’oppose aucune résistance. Au terme d’une garde à vue de quelques heures dans un commissariat, l’intéressé est informé des motifs de son arrestation. Objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui en décembre 2005 par la justice algérienne, Abderrahmane Achour doit être extradé vers l’Algérie dans les semaines, voire les jours à venir. En attendant de statuer sur son cas, l’homme est incarcéré, ainsi que deux autres complices d’origine algérienne, dans la prison civile Zaki, à Salé, près de Rabat. Une fois transmis à la Cour suprême, le dossier sera examiné avec soin par les juges marocains.
    À l’ambassade d’Algérie à Rabat, au siège de la présidence de la République algérienne ainsi qu’aux départements de la Justice et des Finances, l’affaire est suivie avec la plus grande attention. Pourquoi cet homme intéresse-t-il tant la justice de son pays ? Abderrahmane Achour est tout simplement soupçonné d’être l’un des principaux responsables d’une importante escroquerie qui aura coûté au Trésor algérien la bagatelle de 32 milliards de dinars (360 millions d’euros). « À une échelle réduite, cette filouterie est une nouvelle version de l’affaire Khalifa », résume un ancien ministre algérien. Une fois révélée, l’information fera la une de la presse d’Alger.

    Octobre 2005. Un grave scandale éclabousse la Banque nationale d’Algérie (BNA), l’une des plus importantes banques publiques du pays. Une inspection interne, confirmée plus tard par une enquête diligentée par la police judiciaire, met à nu l’existence d’un vaste mouvement de fonds, à l’origine douteuse, effectué dans trois agences locales : à Koléa, Cherchell et Bouzaréah (voir J.A.I. n° 2343). Durant trois ans, de 2002 à 2005, des responsables de ces trois succursales ont accordé des crédits à des hommes d’affaires et à des industriels qui, visiblement, ne pouvaient se prévaloir de la moindre garantie de remboursement. Pendant trois ans, donc, les comptes de ces heureux bénéficiaires - des comptes qui appartenaient en fait à des sociétés-écrans ainsi qu’à des entreprises fictives - étaient régulièrement alimentés grâce à la complicité des dirigeants de ladite banque. Les sommes détournées se chiffrent en centaines de millions de dinars.

    Une fois déclenchées, les investigations aboutissent à l’arrestation d’une dizaine de personnes, dont six cadres de la BNA. En dépit des moyens engagés par la police algérienne, malgré l’ampleur des arrestations, l’enquête piétine. Il faut dire que les deux cerveaux du scandale ont réussi à quitter l’Algérie avant de trouver refuge dans deux pays étrangers, la Grande-Bretagne et le Maroc.

    Le premier responsable de cette cavalerie serait M. Timidjar, le directeur de l’agence BNA de Bouzaréah. Selon le rapport d’enquête de la police judiciaire, c’est ce directeur qui aurait permis à une faune d’hommes d’affaires de bénéficier de prêts illimités de la part de la BNA. Au passage, cet homme ne manquait pas d’empocher une commission sur chaque crédit octroyé. À la tête d’une grosse fortune, le banquier prend la fuite, se terre quelque temps en France avant de s’installer en Grande-Bretagne. Le deuxième cerveau du scandale financier n’est autre qu’Abderrahmane Achour. Pour son grand malheur, il a eu la maladresse de se réfugier au Maroc, tablant probablement sur les mauvaises relations entre son pays et le royaume. Pouvait-il ignorer que ce dernier a signé des accords d’extradition vers l’Algérie ?

    Selon son avocat marocain, Me Moulay Hicham Maliki, le cas d’Abderrahmane Achour relève d’une banale affaire civile. « Mon client est installé au Maroc depuis plus de deux ans, affirme-il à J.A.I. Versé dans le monde des affaires, il jouit d’une grande réputation à Casablanca. Marié avec une Marocaine, bénéficiant d’une carte de séjour régulière, il investit son argent dans le domaine de la papeterie. Ayant pris connaissance du dossier d’extradition introduit par les autorités algériennes et selon les informations dont nous disposons, il s’agit d’un banal litige financier entre un homme d’affaires et une banque publique. Nous sommes en possession de tous les documents nécessaires pour prouver qu’Abderrahmane Achour a agi de bonne foi avec la banque. Et nous avons espoir que notre client pourra être libéré dans les jours à venir. Il est en mesure de rembourser les dettes contractées auprès de la banque algérienne. »

    Abderrahmane Achour serait-il donc une victime innocente de la bureaucratie algérienne, comme l’affirme son avocat ? S’agit-il d’un simple litige financier entre un homme d’affaires algérien, certes établi au Maroc, et une banque algérienne ?

    À en croire une source proche du dossier, l’affaire est beaucoup plus complexe que ne le dit l’avocat. Certes, mais pourquoi cet homme, dont le train de vie flamboyant était aussi bien connu à Alger qu’à Paris, Tunis et Casablanca, n’a-t-il pas éveillé les soupçons des services de renseignements algériens et étrangers ? Pourtant, Abderrahmane Achour avait tout pour intriguer. À Alger, cet homme avait son coin réservé dans les boîtes les plus huppées. L’alcool coulait à flots. On pouvait voir défiler autour de sa table la crème de la nomenklatura. Et lorsqu’il « montait » à Paris, Achour n’hésitait pas à s’offrir une virée dans un grand palace situé sur l’avenue des Champs-Élysées. Quand ce n’était pas une descente, en compagnie de quelques amis, dans un casino de la région parisienne, précisément à Enghien-les Bains. Achour serait-il un flambeur de la trempe de Moumen Khalifa, ce milliardaire qui a réussi à se faire une fortune dans la banque et l’aviation avant de connaître une banqueroute monumentale ?

    C’est que cet homme, propriétaire de plusieurs entreprises dans le secteur de la papeterie et des travaux publics, a tout appris, à quelques nuances près, du système mis en place par Khalifa. Il a engrangé des millions de dinars en siphonnant les comptes d’une banque publique. Il a pu bénéficier de largesses octroyées par de hauts responsables de la BNA en organisant une fuite de capitaux vers l’étranger, notamment vers le Maroc. Il ne s’agit donc pas d’un banal différend entre un homme d’affaires et une banque, mais plutôt d’une vaste escroquerie qui met en danger l’économie de l’Algérie et porte atteinte à la réputation des institutions de ce pays.

    À Alger, cette affaire fait désordre. Elle tombe d’autant plus mal que les autorités ne cessent d’afficher leur volonté de lutter contre la corruption et d’agir en faveur de l’assainissement de la gestion des deniers publics. D’ailleurs, le président n’a pas manqué de l’évoquer au cours du dernier Conseil des ministres tenu à la mi-janvier. Extrêmement contrarié, Bouteflika aurait vertement tancé son ministre des Finances à propos des affaires qui ternissent l’image des institutions bancaires algériennes et rebutent les investisseurs étrangers. De l’avis même du ministre des Finances Mourad Medelci, ces scandales ont coûté 2,5 milliards de dollars au contribuable algérien. Sans compter les dégâts occasionnés par la faillite du groupe Khalifa.

    Quoi qu’il en soit, les Algériens attendent avec impatience la vérité sur cette affaire. Si toutefois les autorités marocaines veulent bien extrader Abderrahmane Achour.

    source jeune afrique
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