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La Chambre de la vierge impure d’Amin Zaoui

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  • La Chambre de la vierge impure d’Amin Zaoui

    Quand la douleur n’a plus d’effet sur nous et que nous avons la conviction de posséder la vérité, plus rien n’a de sens...

    ...Mais pour qui? Voilà un aphorisme personnel complexe et puissant inspiré du nirvâna bouddhiste et qui parcourt comme un sillon de feu brûlant les treize chapitres constituant le nouveau roman d’Amin Zaoui; et ce roman porte ce titre détonnant pour le commun, mais non provocateur pour le lecteur de la bonne littérature: La Chambre de la vierge impure (*).

    Les habitués des thèmes, du style, des frémissements de la pensée d’Amin Zaoui, doivent savoir que cette oeuvre dépasse triomphalement la fiction doucement dérangeante du Festin de mensonges, paru en 2007.

    Bien qu’il ne soit pas question de présenter un personnage en proie à la «pulsion de mort» développée ailleurs par Freud, ou un personnage voué à l’effroyable tendance d’aller en victime inconsciente vers sa propre fin, c’est-à-dire vers une destinée tracée au cordeau par un trouble profond dans le champ intérieur de son être, ici dans La Chambre de la vierge impure, le problème de la valeur «existence» soulève celui de la liberté.

    Le narrateur, qui «avait découvert que la poésie arabe tourne autour des femmes, du vin, des chevaux et du voyage», a l’esprit en conflit constant avec la morale sociale, le principe religieux et le réalisme philosophique, - où donc se trouve la source humaine de la vérité et de la liberté?

    Amin Zaoui a peut-être essayé seulement de poser le problème «politico-social», non pas religieux, de la virginité en l’exposant dans la fable qu’il a inventée et intitulée La Chambre de la vierge impure qui n’est autre que le refuge de la vierge pudique lorsqu’elle a ses menstrues.

    Les ingrédients utilisés, dans le récit, sont nombreux et présentés, si j’ose dire, clairement par le narrateur dont la personnalité psychonévrotique ne fait pas de doute, ou, à tout le moins, dont le psychisme est sous l’influence de psychotropes en permanence. Là où le droit ouvre le droit; la liberté permet tout. Le désir, l’avidité, le réel, la possession chassent le mystère, l’inconstant, l’interdit. L’amour s’ensauvage, devient vice.

    Mais pourquoi ne serait-ce pas, en ce point précis, la vérité ultime où commence l’évolution libidinale dans la tête d’un adolescent sur lequel «la passion» avait pris comme un incendie ravageur d’âme «tombé du ciel»?

    Le narrateur que nous allons écouter se nomme «Ailane» et se présente ainsi: «En recoupant les détails de diverses histoires racontées sur la mort de mon père et rapportées par Chehla et les autres, je n’étais plus sûr d’être son fils. [...] J’étais donc le fils du vent, de la noirceur et du rêve. J’étais le fils d’un nuage, d’un souffle! La fumée! Rien! Mensonge.» Je pense que, par le fait de ne pas avoir été désiré ou plutôt d’avoir subi le choc de la paternité cachée, tout comme «l’enfant naturel», ce personnage ne veut pas de cette chaîne signifiante dans laquelle, comme disent les spécialistes, il n’a été admis qu’à regret. Là, est probablement le noeud du drame d’Ailane.

    Justement, le récit commence par une scène, que beaucoup trouveront scabreuse, décrite minutieusement par le narrateur passionné de sa cousine Sultana.

    Son embrasement est total à la vue de deux lettres gravées sur la chaînette au cou de la jeune femme à laquelle il ne cessera d’être lié corps et âme et de la raconter à travers une histoire hors du commun, mêlant les conditions de vie de sa famille, de sa mère Lalla Nouara, de sa tante Lalla Rokia qui est «courageuse et aventurière» et surtout tellement «éprise de ce Mustapha Atatürk» qu’elle «avait décidé de s’installer définitivement à Istanbul» et de mener une vie de femme libidineuse.

    Or, un jour, sa mère l’envoie, contre son gré - car il pensait à Sultana et...à sa tante Rokia - acheter un demi-pain de sucre chez El Manchot, «unique épicier du village». À ce moment même, «les radios parlaient des émeutes des jeunes dans les villes», et soudain, sa vie bascule.

    Le narrateur précise: «Je n’imagine point que cette sortie durerait treize ans. Le 5 octobre 1988. Le 11 septembre 2001.Treize ans, presque jour pour jour. Treize ans.»

    Il raconte comment il a été «embarqué dans un vieux camion brinquebalant», sans manifester «la moindre résistance» et comment il s’est trouvé dans un camp d’entraînement d’islamistes au milieu du maquis où la drogue et l’homosexualité féminine, tout comme l’homosexualité masculine, étaient choses normales. Il a tout le temps de se remémorer son passé et ses turpitudes; il rencontre une fille jolie Laya qui ressemble à Sultana. Il tente de la séduire, en vain: «Elle était givrée, cette femme.»

    Fanatique, elle préfère, tout en fumant du hachich avec lui, écouter les histoires qu’il lui raconte: sa vie, sa famille, son grand-père Ethaaleb, le Renard, son père traducteur du Coran en berbère, fou et jaloux d’Ibn Khaldoun, Chehla la Bougiotte, l’inceste, sa soeur Safia la sourde muette,...Lui continue cependant à rêver; des réminiscences littéraires - notamment la tragédie d’Othello - exacerbent sa fureur de vengeance prochaine. C

    ar, le lien d’amour accompli dans l’inceste avec Sultana restant solide, il n’aura pas assez de ses larmes, pourtant faciles et fréquentes dans le récit, pour attiser son désir de triompher de ce qu’il veut absolument posséder.

    Et puis quand enfin, il revient chez lui, rien n’a changé: «Me voici! Après treize ans d’absence, je ne sais comment, me voici sur la même place publique du village. La porte de l’épicerie est ouverte. Rien n’a changé. Derrière le comptoir, Hedi El Manchot est debout. Il a vieilli. Il vient de finir sa prière d’El-Açr. Rien n’a changé. Il me regarde en souriant: ‘‘Ils ont frappé Marikane.´´ Nous sommes le 11 septembre 2001. [...] La queue remuant de joie, Arys [le chien] est le seul qui m’a reconnu. Les autres m’ont tourné le dos. Je regarde le luth accroché au mur ainsi que le portrait de Mustapha Atatürk et je pleure.» Une fin en suspens.

    Au-delà du principe que dans La Chambre de la vierge impure d’Amin Zaoui, il y a incontestablement une pleine oeuvre littéraire et originale, apparaissent des thèmes et des réalités qu’il serait stupide de masquer. J’y vois une analyse directe bien qu’abusive et parfois caricaturale sans doute est-ce pour secouer les esprits incrédules et débusquer les pruderies silencieuses et anachroniques; j’y vois un tableau sans voile ni encadrement qui pourrait être le miroir franc d’une société et qui, par ainsi, cette peinture sociale servirait de pédagogie à tous ceux qui ont la charge d’éduquer et d’instruire. Connaissant l’honnêteté et le goût de l’art d’Amin Zaoui, je suis sûr que son livre attirera l’attention des chercheurs sur les formations de l’inconscient.

    (*) La Chambre de la vierge impure d’Amin Zaoui, Barzakh Éditions, Alger, 2009, 173 pages.

    Par Kaddour M´HAMSADJI, l'Expression

  • #2
    Avec un titre pareil, c4est de la pub, publicity stunt, il cherche a casser les tabous comme l4ont fait d4qutres parmi eux le ridicule Kateb Yacine en traitant l4inceste dans Nedjma.

    Pour un pays musulman c4est une honte que nommer un roman de cette manière.

    Les romanciers algériens ont definitivement un complexe quant aux choix et même aux titres de leurs œuvres, c4est ce que je constate avec dépit.
    Il y a une autre constatation, tu lis un roman de Cuello est rarement tu as recours au dictionnaire, mais vas-y lire un roman écrit par un des n[otres et tu dépenseras beaucoup plus de temps au dictionnaire que de vaquer à ta mission d4origine qui était lire ce damn book of his.


    mais non provocateur pour le lecteur de la bonne littérature: La Chambre de la vierge impure (*).

    Enfin c4est le journaliste qui le dit.
    Dernière modification par djamal 2008, 08 avril 2010, 17h35.
    Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

    J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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