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Le tabac tue 15 000 Algériens chaque année

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  • Le tabac tue 15 000 Algériens chaque année

    Plus de 35% des praticiens de la santé maghrébins fument en moyenne 13 cigarettes par jour, tandis que 45% d’entre eux ont fait l’expérience du tabagisme pendant au moins 14 ans. Paradoxalement, 89% des médecins algériens, marocains et tunisiens savent parfaitement que le tabac est à l’origine de 25 maladies graves et cause le décès de millions de personnes chaque année… Ce sont là quelques résultats d’une étude réalisée sur l’attitude de la communauté médicale envers le tabagisme.

    Le Pr Hichem Aouina, pneumologue, a exposé, vendredi dernier à l’hôtel du Louvre de Paris, lors de la rencontre nord-africaine sur la lutte antitabac, organisée par le laboratoire Pfizer au profit d’une vingtaine de journalistes venus d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, les résultats de l’étude STOP (fumer : l’opinion des médecins), réalisée par IMS (International Medical Studies) auprès de 3 535 médecins (généralistes, cardiologues et pneumologues) de 23 pays, dont près de 300 de la région du Maghreb.

    Un entretien de 30 minutes a été accordé à chaque praticien pour connaître sa position, sa perception et ses attentes de la lutte contre le tabagisme.
    Les conclusions de l’enquête, menée auprès des professionnels de la santé des pays du Maghreb, sont édifiantes, en ce sens qu’elles révèlent que 35% d’entre eux sont des fumeurs invétérés, consommant en moyenne 13 cigarettes par jour, tandis que 45% ont fait l’expérience du tabagisme pendant au moins quatorze ans.

    Il est vrai que dans la majorité des cas, les médecins fumeurs ont tenté d’arrêter, pendant dix fois pour 16% d’entre eux, sans vraiment y parvenir. 87% des médecins sondés (89% en Algérie, 73% au Maroc et 97% en Tunisie) savent parfaitement que le tabagisme constitue, à moyen et long terme, un grave problème de santé.

    Il est classé, juste après l’hypertension artérielle, en termes de nécessité de traitement, mais semble plus difficile, pour la moitié des médecins consultés, à guérir que l’obésité ou le cholestérol.

    Près de 60% des praticiens de la santé maghrébins estiment qu’il relève de l’unique volonté du patient d’arrêter de fumer. Ils n’engagent leur propre responsabilité que dans 14% des cas.

    Pourtant, l’enquête STOP de l’IMS a montré que 68% des médecins discutent régulièrement du tabagisme avec leurs patients, mais seulement 20% leur recommandent un moyen thérapeutique ou leur conseillent un substitut à la nicotine. Il est affirmé, en outre, que les médecins fumeurs sont plus à même de comprendre le problème de dépendance à la nicotine que ceux qui n’ont jamais mis une cigarette dans la bouche.

    Un quart des médecins, ciblés par l’étude, se disent mal formés pour “traiter la dépendance au tabac”. Pourtant, le rôle du praticien dans le sevrage est dûment prouvé. Selon le Pr Gérard Dubois, de l’université de Picardie et membre correspondant de l’Académie de médecine en France, “une brève intervention de la part du médecin peut suffire pour avoir un impact positif (…) Une simple question et une brève discussion sur les dangers du tabagisme sont un bon début. Si le fumeur souhaite cesser, il existe beaucoup de traitements pour l’aider, y compris ceux que seul un médecin peut prescrire”. Pour son confrère tunisien le Pr Hichem Aouina, “ce sondage (l’étude de l’IMS, ndlr) montre que la communauté médicale reconnaît l’importance de traiter le tabagisme comme facteur de maladies graves. Au vue de la nature de la dépendance, il est difficile d’arrêter de fumer, mais avec l’aide et le soutien d’un professionnel de la santé, les patients motivés peuvent réussir”.

    À noter que dans notre pays, le Pr Salim Nafti, chef de service de pneumologie au CHU Mustapha, s’attelle, depuis 2006, année de l’ouverture de la première unité d’aide au sevrage tabagique, à généraliser les consultations y afférentes.

    Dans un entretien qu’il nous a accordé récemment, il a informé que 3 700 fumeurs ont été enregistrés dans l’unité, depuis le démarrage de l’opération. “Nous en avons sevré définitivement, jusqu’au mois de novembre 2009, près de 38%. Nous en avons perdu 65% et environ 12 à 13% ont rechuté. Il faut reconnaître que la rechute est très fréquente, car les fumeurs ne trouvent pas de substitut, c’est-à-dire le produit qui remplace la nicotine. Jusqu’à une date récente, ces produits n’étaient pas agréés en Algérie. Ils étaient ramenés dans des cabas et les officines les vendaient sous le manteau”, nous a déclaré le pneumologue.

    Il a indiqué, en outre, que 45% des hommes et 9% des femmes de plus de 15 ans fument en Algérie.


    “Les chiffres à l’école sont encore plus alarmants. 39% des écoliers (primaire) fument, contre 18% au moyen et 25% dans le secondaire. Je peux vous dire que dans les trois niveaux de l’enseignement, les filles fument autant que les garçons. Ce sont-là des statistiques révélées par une étude, que nous avons faite en milieu scolaire, en 2002-2003.

    Les chiffres ont certainement évolué depuis. Sans évoquer toutes les maladies qu’il provoque, le tabac tue, chaque année, 15 000 Algériens.
    C’est trois fois plus que les accidents de la circulation.”

    Le tabac est responsable de 7 000 infarctus du myocarde, de 4 000 cancers bronchiques, de 2 000 insuffisants respiratoires et de 30 000 nouveaux cas de cancer, chaque année dans notre pays.

    Par Liberté
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