Nucléaire iranien : le geste symbolique de Pékin
C'est un revirement important : la Chine dit oui à de nouvelles sanctions contre l'Iran. Son accord a été obtenu mercredi soir 31 mars, sous la pression de la Russie, des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la Grande Bretagne et de la France, notamment.
Tous soupçonnent la République islamique de vouloir acquérir la capacité de créer une arme nucléaire ; tous l'accusent de ne pas respecter les obligations qui sont les siennes en matière de non prolifération. Très précisément, Téhéran poursuivrait un programme d'enrichissement de l'uranium jugé pour le moins ambigu.
Mais, jusque là, Pékin hésitait. La Chine est l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. A ce titre, elle dispose d'un droit de veto susceptible de bloquer une résolution imposant de nouvelles sanctions à l'Iran.
Ces dernières semaines, la Chine maintenait qu'il y avait encore une possibilité de "négociation" avec la République islamique. Elle rappelait son attachement au principe de la souveraineté nationale : pas d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Elle disait son scepticisme quant à l'efficacité des sanctions : l'Iran en subit depuis 1979, sans changer de politique nucléaire.
Nombre d'observateurs ajoutaient que la Chine entretient une étroite coopération commerciale avec la République islamique qui lui fournit 13 % de ses importations d'hydrocarbures.
NE PAS "MORDRE"
Pourquoi la Chine a-t-elle changé d'avis ? Peur de l'isolement diplomatique ? Habitude de s'aligner dans ce domaine sur les positions de la Russie ? Lassitude devant le refus permanent de Téhéran de répondre positivement à toutes les tentatives de dialogue qui lui sont adressées ? Un peu tout cela à la fois.
Un projet de résolution devrait être prêt courant avril. La Chine, qui recevait jeudi 1er avril le négociateur en chef iranien pour les affaires nucléaires, Sad Jalili, a déjà précisé sa position : elle ne veut pas de sanctions trop dures.
Le message est clair : elle fera tout pour que ces sanctions ne puissent pas "mordre", comme le souhaitent Washington, Londres et Paris.
Sans doute ne s'agit-il pour Pékin que d'un geste symbolique. Alors que l'Iran – de l'avis de tous les experts – coche une à une toutes les cases "danger" de la prolifération nucléaire, il était difficile de rester sans réagir. D'autant que l'ONU réunit en mai une conférence sur la non prolifération, qui ne pourra que constater que Téhéran viole ses engagements.
Alain Frachon - Le Monde
C'est un revirement important : la Chine dit oui à de nouvelles sanctions contre l'Iran. Son accord a été obtenu mercredi soir 31 mars, sous la pression de la Russie, des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la Grande Bretagne et de la France, notamment.
Tous soupçonnent la République islamique de vouloir acquérir la capacité de créer une arme nucléaire ; tous l'accusent de ne pas respecter les obligations qui sont les siennes en matière de non prolifération. Très précisément, Téhéran poursuivrait un programme d'enrichissement de l'uranium jugé pour le moins ambigu.
Mais, jusque là, Pékin hésitait. La Chine est l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. A ce titre, elle dispose d'un droit de veto susceptible de bloquer une résolution imposant de nouvelles sanctions à l'Iran.
Ces dernières semaines, la Chine maintenait qu'il y avait encore une possibilité de "négociation" avec la République islamique. Elle rappelait son attachement au principe de la souveraineté nationale : pas d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Elle disait son scepticisme quant à l'efficacité des sanctions : l'Iran en subit depuis 1979, sans changer de politique nucléaire.
Nombre d'observateurs ajoutaient que la Chine entretient une étroite coopération commerciale avec la République islamique qui lui fournit 13 % de ses importations d'hydrocarbures.
NE PAS "MORDRE"
Pourquoi la Chine a-t-elle changé d'avis ? Peur de l'isolement diplomatique ? Habitude de s'aligner dans ce domaine sur les positions de la Russie ? Lassitude devant le refus permanent de Téhéran de répondre positivement à toutes les tentatives de dialogue qui lui sont adressées ? Un peu tout cela à la fois.
Un projet de résolution devrait être prêt courant avril. La Chine, qui recevait jeudi 1er avril le négociateur en chef iranien pour les affaires nucléaires, Sad Jalili, a déjà précisé sa position : elle ne veut pas de sanctions trop dures.
Le message est clair : elle fera tout pour que ces sanctions ne puissent pas "mordre", comme le souhaitent Washington, Londres et Paris.
Sans doute ne s'agit-il pour Pékin que d'un geste symbolique. Alors que l'Iran – de l'avis de tous les experts – coche une à une toutes les cases "danger" de la prolifération nucléaire, il était difficile de rester sans réagir. D'autant que l'ONU réunit en mai une conférence sur la non prolifération, qui ne pourra que constater que Téhéran viole ses engagements.
Alain Frachon - Le Monde
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