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Attentats de Moscou, la compassion occidentale

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    «Que l'on soit dans le métro de Moscou, le métro de Londres, un train à Madrid ou un immeuble de bureaux à New York, nous faisons face au même ennemi », a affirmé Hillary Clinton sur la chaîne canadienne CTV.

    «Quand New York a été attaqué, ce sont toutes les démocraties du monde qui l'ont été. Et quand Moscou est attaqué, c'est nous tous qui sommes attaqués», a renchéri Nicolas Sarkozy à partir de New York où il était en visite.

    C'est le même ton, teinté d'une émotion convenue, qui est employé quand un attentat frappe Israël.

    Cette façon de dénoncer le terrorisme, sur fond de compassion avec le peuple russe, tranche avec l'absence de réaction de ces mêmes capitales occidentales à l'endroit de ce qui se passe en Irak, en Afghanistan ou ailleurs dans un pays de la sphère culturelle islamique.

    Pourtant, c'est le même terrorisme puisqu'il se revendique des mêmes idéaux salafistes djihadistes.

    D'aucuns pourraient penser que ces capitales occidentales font montre d'hypocrisie, qu'elles sont plus sensibles à la douleur des victimes européennes qu'à celle des victimes irakiennes, pakistanaises ou afghanes.

    Alors question : a-t-on le droit de reprocher aux dirigeants occidentaux de réagir au quart de tour comme ils l'ont fait pour Moscou, Londres ou Madrid, quand on sait que les dirigeants des pays arabes n'ont jamais condamné les attentats djihadistes en Irak, que certains médias, dont l'ENTV, assimilent à de la résistance alors qu'ils ne ciblent que des civils ?

    En Algérie, il fut un temps où le HCE (Haut-Comité d'Etat), puis le président Zeroual, réagissaient dès qu’un attentat frappait des civils et condamnaient aussitôt le terrorisme islamiste.

    Un temps qui semble appartenir à un passé révolu.

    Aujourd'hui, la mort de jeunes soldats dans une embuscade tendue par l'ex- GSPC, ou un attentat kamikaze comme celui qui a frappé l'Ecole supérieure de gendarmerie, ne suscite pas la moindre condamnation.

    Il ne faut donc pas demander aux capitales occidentales d'être plus royalistes que le roi !

    Cette compassion occidentale à l'égard de la Russie a tout de même quelque chose de bien hypocrite.

    Il fut un temps où la répression russe à l'égard des Tchétchènes, qu'il ne faut pas assimiler dans leur ensemble aux islamistes radicaux de Dokou Oumarov, qui veut établir un «Emirat du Caucase du Nord», était critiquée par Washington et ses alliés. Mieux, ils faisaient pression pour que Moscou négocie avec les rebelles tchétchènes tout en dénonçant la répression russe (bien réelle) dans cette région du Caucase qui n'a jamais accepté la domination de la Russie depuis au moins deux siècles.

    Aujourd'hui, rien de tout cela. L'Occident se tait. Et qui se tait cautionne.

    Pourquoi ? D'abord, parce que les Etats-Unis et leurs alliés, enlisés en Afghanistan, ont besoin de la Russie. Dans leur «guerre contre le terrorisme», il serait malvenu de ne pas tenir compte du poids de la Russie dont les deux tiers du territoire sont en Asie et qui, à l'époque où elle constituait le plus grand Etat de l'ex-URSS, occupait l’Afghanistan avant d’en être chassée, et dispose de ce fait d’informations sur le pays.

    Ensuite et surtout, les mêmes Etats-Unis et leurs alliés ne perdent pas espoir de rallier la Russie à leur volonté de sanctionner l'Iran qui s'entête à poursuivre son programme d'enrichissement nucléaire. Et partant, de rallier la Chine qui, pour l'heure, est sur les mêmes positions que la Russie concernant l'Iran.

    Reste que la Russie du duo Medvedev-Poutine, qui a fort à faire dans le Caucase, sait que la solidarité dont l'Occident fait montre à son égard n'est pas dénuée d'arrière-pensées.

    Elle sait que son appui à une politique de sanctions contre l'Iran ouvrirait la voie, à terme, à une intervention militaire occidentale contre les installations nucléaires iraniennes.

    Tout comme elle ne perd pas de vue que Washington et ses alliés n'ont pas tout à fait renoncé à installer des bases de l'OTAN aux confins de la Russie.

    Par Hassane Zerrouky, Le Soir
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