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Sortie médiatique de l’ambassadeur d’algérie à paris : les messages codés de m. Sbih

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  • Sortie médiatique de l’ambassadeur d’algérie à paris : les messages codés de m. Sbih

    C’est dans le mensuel du monde arabe et de la francophonie Arabies , édité en France, que l’ambassadeur d’Algérie en France a choisi de s’exprimer et de répondre aux questions de l’éditorialiste Christian Mallar sur les relations algéro-françaises. Lecture entre les lignes d’un discours diplomatique.

    De notre bureau de Paris Khadidja Baba-Ahmed
    C’est, à notre connaissance, la première fois que l’ambassadeur s’exprime dans un média français depuis la tension (doux euphémisme ?) entre les deux pays. L’ambassadeur d’Algérie persiste et signe : «Il n’y a pas de crise entre les deux pays.» C’est d’ailleurs ce qu’il a déclaré, lors d’un point de presse tenu à l’intention des correspondants algériens en France, et qu’il a réitéré dans l’interview qu’il a accordée jeudi dernier à Christian Mallar. «Ce n’est pas le beau fixe dans les relations entre la France et l’Algérie», observe le journaliste qui s’est vu répondre qu’«en diplomatie, on peut rarement parler de beau fixe, le beau temps alterne très souvent avec les nuages qui obscurcissent, passagèrement, le paysage». Mais derrière cette perturbation «météorologique» passagère, le représentant de l’Etat algérien en France répond sur l’essentiel, en fait «une certaine crispation sur des sujets sensibles qui hypothèquent sinon la relation bilatérale proprement dite, du moins le climat actuel de nos rapports». L’on relèvera, au passage, cette «hypothèque» dans la bouche de l’ambassadeur (ce terme est naturellement bien pesé). Et il explique cette hypothèque ou obstacles qui obèrent le devenir des relations en énumérant les sujets qualifiés, par lui, de «sensibles». A ce niveau, l’ambassadeur sort des nuages passagers pour évoquer une série de tempêtes à l’origine de cette hypothèque : «Ces sujets sensibles portent, outre la question de la mémoire, sur la procédure judiciaire à l’encontre du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni à l’issue de laquelle on attend un non-lieu définitif, l’exhumation récurrente de l’affaire dite des “moines de Tibhirine” qui est abusivement instrumentalisée, ainsi que l’inscription de l’Algérie sur la liste des pays dits à risque. Alors que la France, qui entretient avec notre pays depuis des années une coopération exemplaire en matière de lutte contre le terrorisme, est la mieux placée pour savoir que l’Algérie ne constitue nullement un pays à risque.» Et sur un ton plus ferme, l’ambassadeur poursuit : «Rien ne justifie la présence de l’Algérie sur cette liste qui singularise notre pays dans la région méditerranéenne et, même, le stigmatise à certains égards. C’est une mesure inacceptable…» Inacceptable pour l’ambassadeur parce qu’elle stigmatise l’Algérie et la «singularise» par rapport aux autres pays de la région méditerranéenne. La précision «région méditerranéenne » est ici capitale. En fait, la menace est à peine voilée : l’Algérie envoie-t-elle un signal pour dire qu’elle ne rejoindra concrètement et effectivement l’UPM que si elle cesse d’être singularisée comme pays à risque ? Même si, au demeurant, les divergences sur l’UPM sont plus profondes et touchent au contenu lui-même de l’UPM et aux rôles attribués aux uns et aux autres dans ce projet ô combien cher au président Sarkozy qui l’a fait naître. L’on remarquera, par ailleurs, que si les obstacles cités par M. Sbih sont de nature à hypothéquer l’avenir s’ils n’étaient pas levés, celui relatif à la mémoire a été classé en premier par l’ambassadeur. «Les blessures de l’Histoire entre les deux pays, qui ne sont toujours pas cicatrisées, sont-elles un frein à la création d’un axe franco-algérien nécessaire à la stabilité et à l’équilibre euro-méditerranéen comme l’est l’axe franco-allemand ?», demande Christian Mallar à l’ambassadeur. Comme pour montrer que l’on est loin de cet axe, l’ambassadeur zappe cet aspect qui ne semble pas être la préoccupation de l’Algérie, pour ne répondre que sur l’essentiel, résumant en quelques mots la position officielle de l’Algérie : «Nous pensons, pour notre part, que le passé doit être assumé complètement et peut ainsi consacrer une réconciliation définitive entre les deux peuples, meilleur gage pour le développement de rapports harmonieux de coopération entre l’Algérie et la France et fondés, notamment sur la confiance et le respect mutuel.» Dans cette réponse, aucune exigence bien précise n’est posée. Quand l’ambassadeur évoque l’Algérie officielle, il ne parle à aucun moment de repentance comme l’exigent des associations algériennes, mais demande, dans une formulation large, que «le passé soit assumé complètement». Notons, cependant, que cette réponse a été précédée par cette phrase : «Le devoir de mémoire est une question très importante, d’une extrême sensibilité pour les Algériens, toutes générations confondues.» Cette dernière précision – toutes générations confondues – est incontestablement une réponse à Bernard Kouchner qui déclarait en février dernier, dans le journal du dimanche JDD, que «la génération de l’indépendance algérienne est encore au pouvoir ; après elle, ce sera peut-être plus simple». Et lorsque le journaliste demande au chef de la mission diplomatique «qu’est-ce qui pourrait mettre à nouveau concrètement les relations entre les deux pays sur de bons rails», il lui a été répondu qu’une relance des relations est non seulement possible mais souhaitable «compte tenu des interdépendances à tous les niveaux entre les deux pays : humain, économique, scientifique, universitaire et culturel». Et à propos de la forte présence de la communauté algérienne en France, de l’intensité des échanges humains, l’ambassadeur explique le traitement de cette question sensible : «Le problème humain représente un élément fondamental de nos relations, un élément d’équilibre. » Et s’il préfère utiliser l’expression «dimension humaine», c’est parce que «cette dimension humaine détermine symboliquement le caractère spécifique de la relation algéro-française». Dès lors, ajoute-t-il, «la dimension humaine ne peut, du point de vue de l’approche algérienne, s’inscrire dans la problématique de la gestion des flux migratoires ou de l’immigration choisie». Au vu de l’insistance de l’ambassadeur sur cet aspect, l’on se dit que la France ne s’est probablement pas encore totalement résignée à accepter que l’Algérie ne fasse pas comme la Tunisie, le Mali ou d’autres pays encore qui ont accepté de passer des accords liés à cette politique de gestion des flux migratoires et de l’immigration choisie engagée par Sarkozy et ses ministres successifs de l’immigration. Ou tout au moins que les négociations engagées, nous avait-on dit, sont peut-être dans l’impasse. Quant à la visite du président Bouteflika, le journaliste demande : «Peut-on imaginer que cette visite d’Etat en France qui a été reportée deux fois en 2009 puisse avoir lieu prochainement ?» Sur cette question, l’ambassadeur persiste et signe, comme il l’a fait avec la presse algérienne : «Il n’y a pas eu de reports successifs puisqu’il n’y a jamais eu de date arrêtée. Certes le président Nicolas Sarkozy a invité le président Abdelaziz Bouteflika à effectuer une visite d’Etat en France et le président de la République a accepté cette invitation, la date de la visite devant être arrêtée ultérieurement d’un commun accord.» C’est dit, mais notre ambassadeur, comme pour signifier que cette visite n’est peut-être pas pour demain, poursuit : «J’ajoute que l’importance de l’événement, sa portée politique et sa signification diplomatique impliquent un climat nouveau, un climat favorable qui permette de réunir les conditions de succès d’une telle visite.» Pour l’heure, ce climat reste encore traversé par des nuages, et nul ne sait quand la France se décidera à les dissiper.

    K. B.-A. (Le Soir d'Algérie).
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

  • #2
    pas besoin d'être en bons termes avec la France...

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