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Quand l'Algérie comptait sur elle même

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  • Quand l'Algérie comptait sur elle même

    Nous ne sommes pas aveugles et nous voyons et apprécions les résultats acquis dans plusieurs domaines au cours des dernières années. Mais nous l’avons toujours dit : un bâtiment, une autoroute, ce sont des chantiers qui s’achèvent un jour… Une usine, c’est fait pour durer et ça produit.
    Par Maâmar Farah
    Il n’est pas raisonnable de dire aujourd’hui, malgré son coût excessif dû à la corruption et à la rapine, que l’autoroute n’est pas utile. Je l’ai utilisée sur les tronçons Alger-Oran et sur certains segments ouverts à l’est du pays, je peux vous dire que c’est un plaisir et une satisfaction : entre Lakhdaria et Bordj, on met, au moins, le tiers du temps que l’on mettait sur l’ancienne route. Un effort sans précédent est également fait au niveau des routes nationales et départementales et je ne crois pas qu’il existe un autre pays d’Afrique et d’une partie de l’Europe qui a réalisé ce que nous avons réalisé au cours des dernières années. Le chemin de fer, parent pauvre de la politique de Boumediène – question de moyens — se modernise et ouvre de nouvelles lignes, comme au temps des pionniers. Jamais, nous n’avons eu autant de grands chantiers ferroviaires depuis l’arrivée de la colonisation et son intérêt (très… intéressé) pour le chemin de fer. Alors que de grandes puissances parlent de réaliser des centaines de milliers de logements, l’Algérie lance des programmes en… millions d’appartements ! C’est unique et cela mérite notre reconnaissance, même si le rythme de réalisation est parfois insuffisant. Il y a aussi dans de nombreuses villes des programmes de réhabilitation des vieilles cités construites dans le désordre urbanistique, avec une vision intégrée où l’esthétique et l’environnement font bon ménage. Mais, parallèlement, on semble abandonner les vieux centres urbains coloniaux devenus des dépotoirs : routes cassées, trottoirs défoncés faits et refaits en permanence, écoulement d’eaux usées, mauvais ramassage des ordures, etc.
    Lycées et universités : un effort unique !
    Effort phénoménal, je peux dire unique au monde, dans la construction des équipements pédagogiques ; écoles, lycées et, surtout, universités d’une architecture souvent futuristes sont souvent visibles à l’entrée des villes, grandes et petites. Mais, là aussi, le niveau baisse d’année en année et l’obscurantisme s’installe progressivement dans ces antres en principe réservés à la connaissance, au savoir et à la science… Jamais l’Algérie n’avait construit autant de barrages et tout le monde se souvient de ces pannes répétées dans la distribution de l’eau potable que nous connaissions du temps de Boumediène. L’eau disparaissait parfois deux semaines, et même un mois ! La situation était la même partout dans le pays. Nous avons atteint désormais un stade comparable à celui des pays développés et cela à peine en quelques années ! Les secteurs qui traînent, outre la culture, sont ceux du tourisme et des TIC. Non seulement, il n’y a aucune stratégie d’occupation de l’espace et de relance des grands hôtels balnéaires, de montagne et du tourisme saharien, mais force est de constater qu’à part les grands groupes internationaux installés à Alger, le professionnalisme et le savoir-faire ne sont visibles que dans les rares hôtels relevant encore du secteur public. M. Temmar a bradé des unités prestigieuses (Les «Orient» de Annaba et Tlemcen, le «Salam» de Skikda) qui auraient dû être réhabilités par l’Etat pour valoir un prix acceptable (vendre l’Orient de Annaba pour 20 milliards anciens est un crime !) Comme on peut aussi parler de ces «investisseurs» qui n’ont rien à voir avec le tourisme et qui gèrent des quatre et cinq-étoiles comme s’ils géraient des «hammams». Vendre, oui, mais pourquoi ne pas faire appel à des sociétés spécialisées et qui ont fait leurs preuves en Tunisie et au Maroc ? Dans le secteur des technologies, et malgré toutes les promesses faites par le président, nous nous enlisons avec un seul opérateur étatique… On revient au monopole de l’Etat dans un secteur qui aurait dû être le premier libéré. Quand on voit le formidable succès de la téléphonie mobile, on se met à rêver…
    Rendons au travail ses lettres de noblesse !
    Revenir aujourd’hui à la philosophie économique et sociale de Boumediène, c’est assurer un développement conséquent du pays qui aura le mérite de mettre en branle un vaste plan de mobilisation de toutes nos ressources physiques, financières, humaines, dans ce qui s’apparentera à un nouveau plan «Marshall». Nos jeunes attendent de travailler dans des installations algériennes pour mettre en exécution tout leur savoir. Ils en ont marre des promesses et des fausses solutions. L’un des plus grands échecs de Bouteflika aura été ces fameux magasins qui tombent en ruine aux quatre coins du pays ! Investissons notre argent dans des projets ambitieux, rendons au travail ses lettres de noblesse, arrêtons de faire du commerce la solution à tous les problèmes des jeunes, portons un coup sérieux au marché informel et apprenons à ceux qui refusent d’appliquer les lois du travail qu’un ouvrier n’est pas une marchandise et qu’il est protégé par une législation en bonne et due forme ! La nouvelle industrialisation du pays sera alors la base d’une relance réelle, palpable, qui s’appuiera essentiellement sur nos propres moyens pour répondre à nos propres besoins ! C’est la clé du succès ! Ne cherchons pas à exporter à n’importe quel prix. Notre problème actuel est l’importation et comment la réduire. Ce n’est pas quoi exporter ? Il y a encore du pétrole pour quelques années : ne le gaspillons pas dans l’achat de n’importe quoi ; ce n’importe quoi qui tue nos petites industries privées encore en vie grâce à la résistance de nos investisseurs confrontés à de multiples pressions. Aidons-les, créons de nouvelles unités pour que, chaque jour, la facture d’importation baisse… Nous exporterons plus tard, quand nous aurons maîtrisé tous nos circuits internes, quand les vendeurs de machines et d’équipements auront compris qu’il faut installer des usines ici. Et s’ils ne le font pas rapidement, l’argent public créera des centres de production de ces produits et ils se retrouveront éliminés par euxmêmes ! L’Algérie offre de grandes opportunités d’investissement aux opérateurs étrangers. Malheureusement, beaucoup parmi eux ne sont intéressés que par la vente de leurs produits ici. En l’espace d’une décennie, les sommes investies paraissent ridicules par rapport aux potentialités du pays. En dehors du pétrole, les projets «colossaux» se comptent sur les doigts d’une seule main. Encore qu’ils traînent souvent en raison des contraintes bureaucratiques !
    1966, 1971 : quand les jeunes Algériens relevaient le défi !
    Un lecteur écrivait jeudi dans l’espace «Pause-café», que je lui avais prêté pour un jour, que les pays développés ne voulaient pas d’une puissance économique au sud de la Méditerranée. Je crois qu’il a raison. Rappelons-nous les batailles livrées du temps de Boumediène lorsque nous avions nationalisé les mines en 1966. De jeunes Algériens avaient relevé le défi d’assurer la continuité de la production et notre fer arrivait sans encombre aux ports, avant d’aller dans les hauts fourneaux en 1970 ! Rappelons-nous la bataille des hydrocarbures quand les cadres des multinationales avaient quitté le Sahara. Des ingénieurs et des techniciens algériens, fiers de démontrer au pays et au monde qu’ils étaient capables de pomper le pétrole dans les mêmes conditions qu’auparavant, s’installèrent aux commandes ! Nos jeunes ne doivent jamais croire ceux qui leur disent que le règne de Boumediène était noir : au contraire, ils doivent s’en inspirer pour retrouver du courage, de l’espoir et cet esprit de battant qui habitait leurs prédécesseurs ! Pour peu que la vision soit corrigée, que l’argent algérien reste en Algérie, que les dirigeants réapprennent à vivre ici, que la justice sociale ne soit plus un vœu pieux, que le favoritisme, le régionalisme, le népotisme et tous les nouveaux malheurs qui frappent le peuple, disparaissent ; pour peu que l’on entende davantage les cris des damnés de la terre, que l’on répartisse mieux les richesses nationales, que l’on réduise l’écart impressionnant entre les plus riches et les pauvres, que l’on poursuive, à tous les niveaux, la lutte anti-corruption, que l’on lance une vaste opération contre le marché informel, que l’on s’ouvre au progrès et que l’on fasse taire les réactionnaires obscurantistes qui étaient les premiers à refuser la politique de Boumediène ; pour peu que l’on lance tous ces chantiers, l’Algérie retrouvera son souffle. C’est un pays qui ne sait pas vivre dans les visions étriquées : il lui faut un grand destin. C’est un grand pays au sens de l’espace. Mais aussi de l’histoire et de l’ambition légitime qui est la sienne. Le destin qui l’attend sera fabuleux. Tôt ou tard, les habitants de ce pays comprendront qu’ils dorment sur de l’or et qu’il suffit de réveiller en eux l’âme des pionniers, des créateurs et des bâtisseurs pour que la machine s’emballe à nouveau. Boumediène nous a montré un tout petit peu de ce que nous pouvons faire quand nous nous unissons ! Qui nous indiquera où se cache la grande partie du trésor ?
    M. F.
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