Première étude sur le business de la culture
· 71% des structures, individuelles et artisanales
· Livre littéraire: A peine 1,1 DH dépensé par personne et par an!
«40% des entrepreneurs de la culture considèrent que leur projet est très risqué, voire kamikaze», révèle une étude récemment réalisée par le Centre d’études sociales économiques et managériales (Cesem), le centre de recherche de HEM. Un taux qui illustre parfaitement la fébrilité et l’incertitude qui entourent l’économie de la culture. Par entrepreneurs de la culture, l’on entend «toute organisation participant d’une manière ou d’une autre à la chaîne de valeurs des industries culturelles». Ces entrepreneurs exercent dans les domaines dits de l’«industrie créative». Arts plastiques, musique, livres, arts vivants, audiovisuel, cinéma, distribution de films… sont autant d’activités sondées. Ainsi, sur 396 unités recensées, l’échantillon retenu en compte 164 (soit 41%). En l’absence de chiffres officiels, l’étude(*) du Cesem est la première du genre, à braquer les projecteurs sur le secteur. Elle est d’autant plus instructive, qu’elle a le mérite de suivre une méthodologie rigoureuse et scientifique.
Aussi, la physionomie du secteur se révèle-t-elle en phase avec le tissu économique national. Très peu structuré, il est marqué par la prédominance des entreprises artisanales et individuelles (moins de 10 salariés), avec 71% de l’échantillon. Si l’on rajoute les petites entreprises (moins de 50 salariés), la part monte à 96% du secteur.
Côté revenus, les structures qui peinent à boucler les fins de mois sont légion. En effet, plus du tiers des sondés (37%) réalisent un chiffre d’affaires annuel en deçà de 700.000 DH. A contrario, seules 20% génèrent plus de 2 millions DH de recettes. Même le haut de la fourchette est extrêmement faible, puisque la classification marocaine des entreprises, selon ce critère, définit comme micro-entreprises, les structures dégageant un chiffre d’affaire annuel inférieur à 10 millions de DH. C’est dire que c’est un mircro-secteur!
Rien de bien surprenant lorsqu’on ramène la culture au (micro) budget de la tutelle. Représentant à peine 0,28% du budget général, 538 millions de DH sont alloués au Ministère de la culture, dont 310 (57,6%) affectés au fonctionnement! Résultat, un déficit de 32 millions d’ouvrages dans les bibliothèques, selon une étude de l’Unesco. Plus grave encore, alors que la norme mondiale se situe entre 20 et 30 DH, la dépense littéraire moyenne du Marocain est de 1,1 DH par an! Dans le même registre, la production nationale de livres est encore à des niveaux ridiculement bas: à peine 1.000 titres par an! A titre de comparaison, l’édition iranienne publie chaque année 30.000 titres intellectuels et littéraires. En revanche, le Maroc détient la palme d’or sur le nombre de festivals organisés. Cette situation, pour le moins paradoxale, soulève une problématique essentielle soulignée par le Cesem: voulons-nous une économie de la culture ou une économie de l’événementiel?
Othmane Zakaria
· 71% des structures, individuelles et artisanales
· Livre littéraire: A peine 1,1 DH dépensé par personne et par an!
«40% des entrepreneurs de la culture considèrent que leur projet est très risqué, voire kamikaze», révèle une étude récemment réalisée par le Centre d’études sociales économiques et managériales (Cesem), le centre de recherche de HEM. Un taux qui illustre parfaitement la fébrilité et l’incertitude qui entourent l’économie de la culture. Par entrepreneurs de la culture, l’on entend «toute organisation participant d’une manière ou d’une autre à la chaîne de valeurs des industries culturelles». Ces entrepreneurs exercent dans les domaines dits de l’«industrie créative». Arts plastiques, musique, livres, arts vivants, audiovisuel, cinéma, distribution de films… sont autant d’activités sondées. Ainsi, sur 396 unités recensées, l’échantillon retenu en compte 164 (soit 41%). En l’absence de chiffres officiels, l’étude(*) du Cesem est la première du genre, à braquer les projecteurs sur le secteur. Elle est d’autant plus instructive, qu’elle a le mérite de suivre une méthodologie rigoureuse et scientifique.
Aussi, la physionomie du secteur se révèle-t-elle en phase avec le tissu économique national. Très peu structuré, il est marqué par la prédominance des entreprises artisanales et individuelles (moins de 10 salariés), avec 71% de l’échantillon. Si l’on rajoute les petites entreprises (moins de 50 salariés), la part monte à 96% du secteur.
Côté revenus, les structures qui peinent à boucler les fins de mois sont légion. En effet, plus du tiers des sondés (37%) réalisent un chiffre d’affaires annuel en deçà de 700.000 DH. A contrario, seules 20% génèrent plus de 2 millions DH de recettes. Même le haut de la fourchette est extrêmement faible, puisque la classification marocaine des entreprises, selon ce critère, définit comme micro-entreprises, les structures dégageant un chiffre d’affaire annuel inférieur à 10 millions de DH. C’est dire que c’est un mircro-secteur!
Rien de bien surprenant lorsqu’on ramène la culture au (micro) budget de la tutelle. Représentant à peine 0,28% du budget général, 538 millions de DH sont alloués au Ministère de la culture, dont 310 (57,6%) affectés au fonctionnement! Résultat, un déficit de 32 millions d’ouvrages dans les bibliothèques, selon une étude de l’Unesco. Plus grave encore, alors que la norme mondiale se situe entre 20 et 30 DH, la dépense littéraire moyenne du Marocain est de 1,1 DH par an! Dans le même registre, la production nationale de livres est encore à des niveaux ridiculement bas: à peine 1.000 titres par an! A titre de comparaison, l’édition iranienne publie chaque année 30.000 titres intellectuels et littéraires. En revanche, le Maroc détient la palme d’or sur le nombre de festivals organisés. Cette situation, pour le moins paradoxale, soulève une problématique essentielle soulignée par le Cesem: voulons-nous une économie de la culture ou une économie de l’événementiel?
Othmane Zakaria
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