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Le bar d'un algérien en Afrique du Sud

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  • Le bar d'un algérien en Afrique du Sud

    Pour tous ceux qui cherchent un bar pour voir les matchs en Afrique du Sud, voilà un endroit tenu par un algérien : la Blue Star Tavern.



    Le Kabyle de la Blue Star Tavern


    Franchement, il fallait oser. Depuis l'Algérie, et plus précisément la Kabylie, se laisser porter par l'esprit d'initiative pour devenir patron d'un bar à Ventersdorp, bastion de l'extrême droite en Afrique du Sud, même avec un si joli nom, la Blue Star Tavern (" la taverne de l'étoile bleue "), cela ne s'imposait pas comme une évidence. Aleski, lui, a l'air de trouver cela naturel. Après tout, " c'est un bar non ? "
    Tout de même, Aleski le Kabyle s'est établi tavernier avec des Noirs pour clients au coeur d'une ville blanche où dominent les membres du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), parti raciste, nostalgique de l'apartheid version extrême, dirigé par un homme célèbre et violent, Eugène Terreblanche, assassiné quelques jours plus tôt.
    La mort de Terreblanche ne l'affecte pas plus que ça, Aleski. " Je le voyais venir faire ses courses en face, au Dépôt. On a commencé à parler parce qu'il avait toujours ses bergers allemands dans son pick-up. Bien dressés et tout, des bons chiens agressifs. Je voulais lui en acheter un pour le bar, mais finalement j'ai trouvé un doberman. "
    Les bergers allemands n'ont servi à rien quand Eugène Terreblanche a finalement été assassiné par deux de ses employés. Le procès a tout juste été ouvert à quelques centaines de mètres dans une drôle d'atmosphère, avec quelques centaines de militants de l'AWB déployés en ville et dans les environs, l'arme soudée à la hanche.
    Mais franchement, Aleski a d'autres soucis. La clientèle et les marges sont modestes. On achète les cigarettes à l'unité. La boisson favorite est aussi la moins chère, une bière traditionnelle vendue dans un récipient en plastique avec un trou dans le couvercle qui l'empêche d'exploser.
    Le chemin d'Aleski vers l'Etoile bleue a commencé dans l'Algérie des années 1990, déchirée par la guerre civile. Ces années-là, sa région d'origine, la Kabylie, était un enfer où le simple fait de prendre la route d'Alger revenait à jouer à la roulette russe. Il faut être d'une certaine trempe humaine pour garder le sourire en racontant les traquenards sur les routes, les amis tués. " J'ai vu tellement de gens que je connaissais qui finissaient égorgés. Sans qu'on comprenne pourquoi. Dans cette guerre, on ne savait plus qui était qui. "
    Deux ans d'armée, service militaire obligatoire, l'ont vacciné contre l'uniforme. Sa bosse, c'est celle du commerce. Ce n'est pas sa guerre. Pas ses idées. Ce n'est une vie. Il ferme la cafétéria de Tizi Ouzou (" près de la gare routière, une belle affaire : sept employés ! Mais trop de taxes, c'est ça le problème en Algérie... ").
    Adieu, pays natal. Une grande partie de sa famille est déjà en exil. Un passage en France, entre Saint-Denis et Saint-Ouen, deux ans à la tête d'un commerce, puis l'Allemagne, pour voir, et l'Afrique du Sud, pour la curiosité, en 1998. Tournée des amis algériens. Il y en a. Même dans ces coins perdus. En comparaison de l'Algérie à feu et à sang, la région apparaît comme un eldorado. Il reviendra s'y installer en 2006.
    L'eldorado a bien quelques limites. La ville est dure et la vie y est dure, concède Aleski. Au Blue Star, il y a des clients de toutes sortes. Ceux qui boivent un peu, passionnément, à la folie, voire pas du tout, ou alors juste un petit Coca, et viennent ici pour le plaisir de causer. On achète les bouteilles à travers la grille qui sépare la salle du comptoir, où officie Aleski avec la rapidité de l'éclair. Pour avoir un gobelet en plastique, c'est un peu plus cher.
    L'homme du commerce manie trois langues " africaines ", tswana, zoulou, xhosa. Mais rien n'y fait, les clients s'obstinent à s'adresser à lui en afrikaans, la langue des Afrikaners. La langue de communication, mais aussi, dans cette région de confrontation raciale, la langue de l'ennemi ! Voilà l'une des choses qui le fâchent un tout petit peu, Aleski. Des années qu'il se tue à expliquer d'où il vient : " Mais je ne suis pas afrikaner, enfin, je suis kabyle. Kabyle ! Je viens de la terre d'Afrique ", tente-t-il d'expliquer à un grand rasta du Lesotho qui profite de la diversion pour essayer de négocier un rabais sur une grande bière. La conversation se termine par un geste en direction de l'écriteau " No credit, NO ", qui se passe de traduction.
    Voilà que se tend à travers la grille une main de client, le majeur orné d'une grosse bague en argent avec un aigle. " C'est l'aigle de l'Allemagne. Vous connaissez l'Allemagne ? ", tonne une voix marquée par la vie, le tabac et la bouteille, émanant d'une face burinée mais blanche. C'est Dieter, dit " l'Allemand ", qui a tout l'air de l'Afrikaner du cru, supposé éviter le Blue Star, mais qui a son explication pour justifier sa présence ici : " Attention, moi j'étais du côté de l'ANC. En secret d'accord, mais quand même ! " Et de crier d'une voix de stentor " Amandla ! " (" Le pouvoir ! ", l'un des slogans de l'ANC pendant la lutte contre l'apartheid).
    Dieter essaye de parler football, abandonne, finit sa bière, et embrasse par surprise (sur la joue) une dame en chapeau rose qui subit l'assaut stoïquement. On rigole un peu, mais un instant, un seul instant, Aleski se rembrunit : " Je vais te dire une chose. J'ai fait une connerie. Je n'aurais pas dû revenir. Je suis seul, des fois... c'est dangereux ici. "

    Jean-Philippe Rémy


  • #2
    les Algériens s'ils partent cet été en Afrique du sud c'est bel et bien pour suivre les matchs dans les stades et non pas dans son bar

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    • #3
      @Cherry

      je propose un plan B au cas où certains se font interdire de stade

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      • #4
        oui, mais ça dépend des villes là où les matchs seront programmés
        autrement il faut que son bar soit implanté dans l'une de ces villes là où les algériens débarqueront.
        enfin j'espère qu'il ne va pas chaumer cet été
        Dernière modification par absente, 09 avril 2010, 21h10.

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        • #5
          Ils mettent des écrans géants.....une bièrre à la main et un paquet de clope...nikel.

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          • #6
            voilà fhama, je ne vois pas pourquoi s'enfermer entre des murs
            par contre pour faire la fête peut être

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            • #7
              Depuis l'Algérie, et plus précisément la Kabylie, se laisser porter par l'esprit d'initiative pour devenir patron d'un bar à Ventersdorp, bastion de l'extrême droite en Afrique du Sud
              wallah hadi mliha, ils sont forts nos kabyles....meme l'afrique du sud ma talgouhech avec leur bars ....en plus il n'a pas eu peur azrguez enagh....chez les nazis ya mhaynek!
              ....If you're not writting, you're not thinking!

              The Dice Man.

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              • #8
                Arezki est devenu Alesky ??

                si non jamais un journaliste français parle de l'algerie sans evoquer guerre civile dans les annees 90, egorgement, enfer ...etc ...

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                • #9
                  Arezki est devenu Alesky ??
                  mmdrrr

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                  • #10
                    voilà fhama, je ne vois pas pourquoi s'enfermer entre des murs
                    par contre pour faire la fête peut être
                    Oui l'ambiance d'un écrant géant est géante...ça me rappelle CM 2006.

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                    • #11
                      Citation:
                      Arezki est devenu Alesky ??
                      mmdrrr

                      non serieusement cherry, t'as deja entendu un nom kabyle qu'est Alesky! font meme pas l'effort de prononcer le prenom correctement.

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                      • #12
                        Arezki est devenu Alesky ??
                        ma7lich....VODKA Arezki....ça sonne bien.

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                        • #13
                          oui aucun effort!

                          ou bien c'est peut être lui qui a fait de sorte qu'il passe pour un des leurs

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                          • #14
                            Arezki est devenu Alesky ??
                            J'ai bien ri en lisant Alesky moi aussi !
                            Et pareil : y en a marre qu'on nous rabâche l'Histoire sombre des années 90.

                            Mais je tire mon chapeau à cet Alesky qui a même eu droit à un article dans le Monde.

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                            • #15
                              Un kabyle à Johansbourg, vous dites?? ça ne peut etre qu'un gars des ouacifs...

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