La plupart des organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda se sont dotées de «revues d’information » périodiques qu’elles diffusent sur Internet. L’une de ces organisations, créée il y a deux ans, a choisi d’investir le champ de la propagande en s’affublant du nom de «Section de la résistance médiatique» et publie épisodiquement des numéros spéciaux consacrés aux organisations armées de la «galaxie». Son dernier numéro, daté de février dernier, mais qui n’a été mis en ligne que ces derniers jours, est réservé à Al-Qaïda au Maghreb. Plusieurs «djihadistes» maghrébins et moyen-orientaux partisans d’Al-Qaïda ont contribué à cette revue portant le nom d ’El- Mouchtaqoun ila el-jennat» (Ceux qui désirent le paradis) et qui en est à son cinquième numéro.
Mais l’un d’eux sort du lot. Il n’est pas seulement un numéro propagandiste parmi tant d’autres, du fait qu’il s’agit, ni plus ni moins, que du «responsable de la commission politique et des relations extérieures d’Al- Qaïda au Maghreb, Abou Abdelillah Ahmed, qui a signé de son nom et de sa «qualité » son article intitulé «El- Maghreb el-islami beyn ahdhane el-moujahidine wa makhalib eç-çalibiyyine» (Le Maghreb islamique, entre les bras des moudjahidine et les serres des croisés).
«Le terrorisme a commencé en Algérie en 1982»
Après une longue introduction sur la situation géographique du Maghreb et son histoire depuis la fin du califat ottoman, il en vient à l’indépendance de l’Algérie et à la sempiternelle litanie islamiste concernant «la mainmise sur le pouvoir des apostats serviteurs de l’Amérique et de la France».
Il faut remonter les débuts du terrorisme à l’année 1982 quand ce qu’il appelle les «oulémas divins» et les «prédicateurs réformistes » étaient convaincus de l’impossibilité de faire accepter leur vision de l’Algérie aux «gouvernants apostats défiant Dieu et son Prophète».
Rappelant les «résidences surveillées» ou les «emprisonnements» qu’ont connus les Bachir El- Ibrahimi, Abdellatif Soltani, Omar El-Arbaoui (et oubliant Mesbah Houidek), il attribue à la « jeunesse religieuse » l’initiative qui fut celle d’une autre forme de lutte contre «la tyrannie qui ne comprend pas la voie des tribunes et des gosiers». Et c’est un «lion parmi les lions de l’islam, Mustapha Bouiali», qui est entré en action à la suite de l’arrestation des «chouyoukh prédicateurs» après le rassemblement de l’automne 1982 à la Faculté centrale d’Alger.
Il oublie seulement de préciser que ce même Bouiali n’a pas attendu cette date pour créer son organisation, le Mouvement islamique armé (MIA), qu’il a fondée en 1979 et dont il est connu, au moins, qu’il a expérimenté ses premières bombes artisanales en juillet 1981 et qu’à ce moment-là, il avait à son actif le hold-up de la paie des travailleurs d’une entreprise publique à El-Achour (Alger), le mois de mai précédent.
Au moment même où les «chouyoukh prédicateurs» ont été interpellés, Bouiali `était déjà à son premier attentat, avec l’attaque d’un barrage de la gendarmerie à El-Achour, le 17 novembre 1982.
Constatant avec dépit que cette «tentative» d’embraser l’Algérie dès cette époque «n’a pas tenu longtemps et qu’elle n’a pas abouti à son objectif d’instaurer un Etat islamique», il se réjouit qu’elle ait «allumé la mèche du djihad pour les générations qui sont venues après la mort de Bouiali».
Pour lui, c’est avec «la libération de prison de Mansouri Meliani et ses frères de l’organisation de Bouiali qu’a commencé la préparation minutieuse pour la revivification de l’obligation (canonique) du djihad». Il date les premiers maquis de l’été 1991 et les premiers attentats de la fin de la même année, précisant que c’était «avant l’arrêt du processus électoral».
«L’Algérie, pierre angulaire du califat islamique»
En passant rapidement sur les années du GIA, il en vient à la naissance du GSPC tout en considérant que «le 11 septembre 2001 a constitué un virage crucial pour l’expérience djihadique algérienne, une étape pour son passage d’un projet local à un projet régional dans le cadre du djihad mondial conduit par le cheikh de l’Islam Oussama Ben Laden». Il s’étale longuement sur le credo cher à Al-Qaïda et ses thèses sur l’Amérique, la France, les «croisés et sionistes », etc.
Et sur l’Algérie qui n’est rien d’autre que le défenseur de leurs intérêts, il conclut pour arriver enfin à Al-Qaïda au Maghreb.
Selon lui, celle-ci «a rassemblé les jeunes de toute la région et particulièrement de l’Algérie qui est le siège de son commandement, la Mauritanie, la Libye et, dans une moindre mesure, le Mali, le Niger et le Nigeria». Il estime que cette situation constitue «un acquis pour l’ensemble de la communauté (islamiste) et une terre fertile pour les dirigeants du djihad mondial et les prédicateurs (qui leur sont) loyaux pour construire une armée de l’islam dans cette région et l’instauration d’un Etat islamique qui sera la pierre angulaire de l’édification du califat».
Et pour mieux épater et attirer vers l’Algérie les chefs terroristes de par le monde et leurs idéologues[, il leur rappelle que le pays «à lui seul est grand comme six fois l’Irak, quatre fois l’Afghanistan, constitué de chaînes montagneuses escarpées, constellé de grandes villes et une multitude de villages de la Tunisie au Maroc, et que le Sahara est si vaste qu’il s’étend du Maroc à la Libye et se prolonge jusqu’au Soudan et au Sinaï».
Qui est Abou Abdelillah Ahmed ?
Tel qu’il s’est présenté lui-même, l’an dernier, dans une interview publiée sur un site djihadiste, il s’agit d’Ahmed Daghdagh, né le 17 janvier 1967 dans la commune d’El- Anceur (wilaya de Jijel). Il fait ses deux premiers paliers de l’enseignement, primaire et moyen, dans cette ville ses études secondaires dans un lycée à El-Milia, dans même wilaya. Il a eu son bac sciences en 1986 et son ingéniorat en agronomie, spécialité économie agricole, à Alger en 1992. Il révèle avoir commencé son «engagement dans la voie de Dieu» grâce à des frères durant la période universitaire et s’être versé dans la lutte contre les «courants communistes et libertins».
Il a adhéré au FIS, à sa création, «comme la majorité des étudiants ou plutôt comme le peuple musulman algérien dans son ensemble». Il rejoint le maquis «au sein des premiers groupes» et «commence ses premières activités » terroristes et sera arrêté au début de l’année 1993. Sa détention a été utile pour le raffermissement de sa conviction sur la légitimité de son engagement. Il est libéré en 1998 et rejoint le GSPC au début de l’année 2000. Durant cette période, il a commencé à s’amouracher de Ben Laden à travers la chaîne de télévision qatarie, Al-Jazeera, pour ne plus être que son plus grand dévoué après le 11 septembre 2001. Il est parmi les plus enthousiastes pour l’adhésion du GSPC à Al-Qaïda quand le projet a été évoqué après l’arrivée à la tête de l’organisation terroriste de Nabil Sahraoui. Et c’est ce qui a été réalisé par Droukdel «avec l’aide de Zerkaoui».
Par Le Soir
Mais l’un d’eux sort du lot. Il n’est pas seulement un numéro propagandiste parmi tant d’autres, du fait qu’il s’agit, ni plus ni moins, que du «responsable de la commission politique et des relations extérieures d’Al- Qaïda au Maghreb, Abou Abdelillah Ahmed, qui a signé de son nom et de sa «qualité » son article intitulé «El- Maghreb el-islami beyn ahdhane el-moujahidine wa makhalib eç-çalibiyyine» (Le Maghreb islamique, entre les bras des moudjahidine et les serres des croisés).
«Le terrorisme a commencé en Algérie en 1982»
Après une longue introduction sur la situation géographique du Maghreb et son histoire depuis la fin du califat ottoman, il en vient à l’indépendance de l’Algérie et à la sempiternelle litanie islamiste concernant «la mainmise sur le pouvoir des apostats serviteurs de l’Amérique et de la France».
Il faut remonter les débuts du terrorisme à l’année 1982 quand ce qu’il appelle les «oulémas divins» et les «prédicateurs réformistes » étaient convaincus de l’impossibilité de faire accepter leur vision de l’Algérie aux «gouvernants apostats défiant Dieu et son Prophète».
Rappelant les «résidences surveillées» ou les «emprisonnements» qu’ont connus les Bachir El- Ibrahimi, Abdellatif Soltani, Omar El-Arbaoui (et oubliant Mesbah Houidek), il attribue à la « jeunesse religieuse » l’initiative qui fut celle d’une autre forme de lutte contre «la tyrannie qui ne comprend pas la voie des tribunes et des gosiers». Et c’est un «lion parmi les lions de l’islam, Mustapha Bouiali», qui est entré en action à la suite de l’arrestation des «chouyoukh prédicateurs» après le rassemblement de l’automne 1982 à la Faculté centrale d’Alger.
Il oublie seulement de préciser que ce même Bouiali n’a pas attendu cette date pour créer son organisation, le Mouvement islamique armé (MIA), qu’il a fondée en 1979 et dont il est connu, au moins, qu’il a expérimenté ses premières bombes artisanales en juillet 1981 et qu’à ce moment-là, il avait à son actif le hold-up de la paie des travailleurs d’une entreprise publique à El-Achour (Alger), le mois de mai précédent.
Au moment même où les «chouyoukh prédicateurs» ont été interpellés, Bouiali `était déjà à son premier attentat, avec l’attaque d’un barrage de la gendarmerie à El-Achour, le 17 novembre 1982.
Constatant avec dépit que cette «tentative» d’embraser l’Algérie dès cette époque «n’a pas tenu longtemps et qu’elle n’a pas abouti à son objectif d’instaurer un Etat islamique», il se réjouit qu’elle ait «allumé la mèche du djihad pour les générations qui sont venues après la mort de Bouiali».
Pour lui, c’est avec «la libération de prison de Mansouri Meliani et ses frères de l’organisation de Bouiali qu’a commencé la préparation minutieuse pour la revivification de l’obligation (canonique) du djihad». Il date les premiers maquis de l’été 1991 et les premiers attentats de la fin de la même année, précisant que c’était «avant l’arrêt du processus électoral».
«L’Algérie, pierre angulaire du califat islamique»
En passant rapidement sur les années du GIA, il en vient à la naissance du GSPC tout en considérant que «le 11 septembre 2001 a constitué un virage crucial pour l’expérience djihadique algérienne, une étape pour son passage d’un projet local à un projet régional dans le cadre du djihad mondial conduit par le cheikh de l’Islam Oussama Ben Laden». Il s’étale longuement sur le credo cher à Al-Qaïda et ses thèses sur l’Amérique, la France, les «croisés et sionistes », etc.
Et sur l’Algérie qui n’est rien d’autre que le défenseur de leurs intérêts, il conclut pour arriver enfin à Al-Qaïda au Maghreb.
Selon lui, celle-ci «a rassemblé les jeunes de toute la région et particulièrement de l’Algérie qui est le siège de son commandement, la Mauritanie, la Libye et, dans une moindre mesure, le Mali, le Niger et le Nigeria». Il estime que cette situation constitue «un acquis pour l’ensemble de la communauté (islamiste) et une terre fertile pour les dirigeants du djihad mondial et les prédicateurs (qui leur sont) loyaux pour construire une armée de l’islam dans cette région et l’instauration d’un Etat islamique qui sera la pierre angulaire de l’édification du califat».
Et pour mieux épater et attirer vers l’Algérie les chefs terroristes de par le monde et leurs idéologues[, il leur rappelle que le pays «à lui seul est grand comme six fois l’Irak, quatre fois l’Afghanistan, constitué de chaînes montagneuses escarpées, constellé de grandes villes et une multitude de villages de la Tunisie au Maroc, et que le Sahara est si vaste qu’il s’étend du Maroc à la Libye et se prolonge jusqu’au Soudan et au Sinaï».
Qui est Abou Abdelillah Ahmed ?
Tel qu’il s’est présenté lui-même, l’an dernier, dans une interview publiée sur un site djihadiste, il s’agit d’Ahmed Daghdagh, né le 17 janvier 1967 dans la commune d’El- Anceur (wilaya de Jijel). Il fait ses deux premiers paliers de l’enseignement, primaire et moyen, dans cette ville ses études secondaires dans un lycée à El-Milia, dans même wilaya. Il a eu son bac sciences en 1986 et son ingéniorat en agronomie, spécialité économie agricole, à Alger en 1992. Il révèle avoir commencé son «engagement dans la voie de Dieu» grâce à des frères durant la période universitaire et s’être versé dans la lutte contre les «courants communistes et libertins».
Il a adhéré au FIS, à sa création, «comme la majorité des étudiants ou plutôt comme le peuple musulman algérien dans son ensemble». Il rejoint le maquis «au sein des premiers groupes» et «commence ses premières activités » terroristes et sera arrêté au début de l’année 1993. Sa détention a été utile pour le raffermissement de sa conviction sur la légitimité de son engagement. Il est libéré en 1998 et rejoint le GSPC au début de l’année 2000. Durant cette période, il a commencé à s’amouracher de Ben Laden à travers la chaîne de télévision qatarie, Al-Jazeera, pour ne plus être que son plus grand dévoué après le 11 septembre 2001. Il est parmi les plus enthousiastes pour l’adhésion du GSPC à Al-Qaïda quand le projet a été évoqué après l’arrivée à la tête de l’organisation terroriste de Nabil Sahraoui. Et c’est ce qui a été réalisé par Droukdel «avec l’aide de Zerkaoui».
Par Le Soir
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