- Communiqué public GEAB N°43 (15 mars 2010) -
En cette fin de premier trimestre 2010, au moment où sur les fronts monétaires, financiers, commerciaux et stratégiques, les signes de confrontations se multiplient au niveau international, tandis que la violence du choc social de la crise se confirme au sein des grands pays et ensembles régionaux, LEAP/E2020 est en mesure de fournir un premier séquençage anticipatif du déroulement de cette phase de dislocation géopolitique mondiale.
Nous rappelons que cette phase ne peut être un prélude à une réorganisation pérenne du système international que si, d'ici le milieu de cette décennie, les conséquences de l'effondrement de l'ordre mondial hérité de la seconde guerre mondiale et de la chute du Rideau de Fer, sont pleinement tirées. Cette évolution implique notamment une refonte complète du système monétaire international pour remplacer le système actuel fondé sur le Dollar américain par un système basé sur une devise internationale dont la valeur dérive d'un panier des principales monnaies mondiales pondérées par le poids respectif de leurs économies.
En publiant l'année dernière à la même époque un message en ce sens sur une pleine page du Financial Times, à la veille du sommet du G20 à Londres, nous avions indiqué que la « fenêtre de tir » idéale pour une telle réforme radicale se situait entre le printemps et l'été 2009, faute de quoi le monde s'engagerait dans la phase de dislocation géopolitique globale à la fin 2009 (1).
L' « Anneau de Feu » des dettes souveraines - Répartition graphique des Etats en fonction de leur dette et de leur déficit publics (en % PIB) - Source : Reuters Ecowin, 02/2010
L'échec du sommet de Copenhague en décembre 2009, qui met fin à près de deux décennies de coopération internationale dynamique sur ce sujet, sur fond de conflits croissants entre Américains et Chinois, et de division occidentale sur la question (2), est ainsi un indicateur pertinent qui confirme cette anticipation de nos chercheurs. Les relations internationales se dégradent dans le sens d'une multiplication des tensions (zones et sujets) tandis que la capacité des Etats-Unis à jouer leur rôle d'entraînement (3), ou même tout simplement de « patron » de leurs propres clients, s'évanouit chaque mois un peu plus (4).
En cette fin de premier trimestre 2010, on peut notamment souligner :
. la dégradation régulière des relations sino-américaines (Taiwan, Tibet, Iran, parité Dollar-Yuan (5), baisse des achats de Bons du Trésor US, conflits commerciaux multiples, …)
. les dissensions transatlantiques croissantes (Afghanistan (6), OTAN (7), contrats ravitailleurs US Air Force (8), climat, crise grecque, …)
. la paralysie décisionnelle de Washington (9)
. l'instabilité sans répit au Moyen-Orient (10) et l'aggravation des crises potentielles Israël-Palestine et Israël-Iran
. le renforcement des logiques de blocs régionaux (Asie, Amérique latine (11) et Europe en particulier)
. la volatilité monétaire (12) et financière (13) mondiale accrue
. l'inquiétude renforcée sur les risques souverains
. la critique croissante du rôle des banques US associée à une réglementation visant à régionaliser les marchés financiers (1)
. etc...
Evolution de la rentabilité (en %) du New York Stock Exchange de 1825 à 2008 - Sources : Value Square Asset Management / Yale School of Management, 2009
Parallèlement, sur fond d'absence de reprise économique (15), les confrontations sociales se multiplient en Europe tandis qu'aux Etats-Unis le tissu social est purement et simplement démantelé (16). Si le premier phénomène est plus visible que le second, c'est pourtant le second qui est le plus radical. La maîtrise de l'outil de communication international par les Etats-Unis permet de masquer les conséquences sociales de cette destruction des services publics et sociaux américains sur fond de paupérisation accélérée de la classe moyenne du pays (17). Et cette dissimulation est rendue d'autant plus aisée que, à la différence de l'Europe, le tissu social américain est atomisé (18) : faible syndicalisation, syndicats très sectorisés sans revendication sociale générale, identification historique de la revendication sociale avec des attitudes « anti-américaines » (19), … Toujours est-il que des deux côtés de l'Atlantique (et au Japon), les services publics (transports en commun, police, pompier, …) et sociaux (santé, éducation, retraite, ...) sont en voie de démantèlement, quand ils ne sont pas purement et simplement fermés ; que les manifestations (20), parfois violentes, se multiplient en Europe tandis que les actions de terrorisme domestique ou de radicalisation politique (21) sont de plus en plus nombreuses aux Etats-Unis.
En Chine, le contrôle croissant de l'Internet et des médias est avant tout un indicateur fiable de la nervosité accrue des dirigeants pékinois en ce qui concerne l'état de leur opinion publique. Les manifestations sur les questions de chômage et de pauvreté continuent à se multiplier, contredisant le discours optimiste des leaders chinois sur l'état de leur économie.
En Afrique, la fréquence des coups d'Etat s'accélèrent depuis l'année dernière.
Et en Amérique latine, malgré des chiffres macro-économiques plutôt positifs, l'insatisfaction sociale nourrit les risques de changements de cap politique radicaux, comme on l'a vu au Chili.
Evolution de la dépense nominale (22) dans l'OCDE (en % du PNB de l'année précédente) - Source : MacroMarketMusings / David Beckworth, 11/2009
L'ensemble de ces tendances est en train de former très rapidement un « cocktail socio-politique explosif » qui conduit directement à des conflits entre composantes de la même entité géopolitique (conflits états fédérés/état fédéral aux Etats-Unis, tensions entre Etat-membres dans l'UE, entre républiques et fédération en Russie, entre provinces et gouvernement central en Chine), entre groupes ethniques (montée des sentiments anti-immigrés un peu partout) et recours au nationalisme national ou régional (23) pour canaliser ces tensions destructrices. L'ensemble se déroulant sur fond de paupérisation des classes moyennes aux Etats-Unis, au Japon et en Europe (en particulier au Royaume-Uni et dans les pays européens et asiatiques (24) où les ménages et les collectivités sont les plus endettées).
Dans ce contexte, LEAP/E2020 considère que la phase de dislocation géopolitique mondiale va se dérouler selon cinq séquences temporelles, qui sont développées dans ce GEAB N°43, à savoir :
En cette fin de premier trimestre 2010, au moment où sur les fronts monétaires, financiers, commerciaux et stratégiques, les signes de confrontations se multiplient au niveau international, tandis que la violence du choc social de la crise se confirme au sein des grands pays et ensembles régionaux, LEAP/E2020 est en mesure de fournir un premier séquençage anticipatif du déroulement de cette phase de dislocation géopolitique mondiale.
Nous rappelons que cette phase ne peut être un prélude à une réorganisation pérenne du système international que si, d'ici le milieu de cette décennie, les conséquences de l'effondrement de l'ordre mondial hérité de la seconde guerre mondiale et de la chute du Rideau de Fer, sont pleinement tirées. Cette évolution implique notamment une refonte complète du système monétaire international pour remplacer le système actuel fondé sur le Dollar américain par un système basé sur une devise internationale dont la valeur dérive d'un panier des principales monnaies mondiales pondérées par le poids respectif de leurs économies.
En publiant l'année dernière à la même époque un message en ce sens sur une pleine page du Financial Times, à la veille du sommet du G20 à Londres, nous avions indiqué que la « fenêtre de tir » idéale pour une telle réforme radicale se situait entre le printemps et l'été 2009, faute de quoi le monde s'engagerait dans la phase de dislocation géopolitique globale à la fin 2009 (1).
L' « Anneau de Feu » des dettes souveraines - Répartition graphique des Etats en fonction de leur dette et de leur déficit publics (en % PIB) - Source : Reuters Ecowin, 02/2010
L'échec du sommet de Copenhague en décembre 2009, qui met fin à près de deux décennies de coopération internationale dynamique sur ce sujet, sur fond de conflits croissants entre Américains et Chinois, et de division occidentale sur la question (2), est ainsi un indicateur pertinent qui confirme cette anticipation de nos chercheurs. Les relations internationales se dégradent dans le sens d'une multiplication des tensions (zones et sujets) tandis que la capacité des Etats-Unis à jouer leur rôle d'entraînement (3), ou même tout simplement de « patron » de leurs propres clients, s'évanouit chaque mois un peu plus (4).
En cette fin de premier trimestre 2010, on peut notamment souligner :
. la dégradation régulière des relations sino-américaines (Taiwan, Tibet, Iran, parité Dollar-Yuan (5), baisse des achats de Bons du Trésor US, conflits commerciaux multiples, …)
. les dissensions transatlantiques croissantes (Afghanistan (6), OTAN (7), contrats ravitailleurs US Air Force (8), climat, crise grecque, …)
. la paralysie décisionnelle de Washington (9)
. l'instabilité sans répit au Moyen-Orient (10) et l'aggravation des crises potentielles Israël-Palestine et Israël-Iran
. le renforcement des logiques de blocs régionaux (Asie, Amérique latine (11) et Europe en particulier)
. la volatilité monétaire (12) et financière (13) mondiale accrue
. l'inquiétude renforcée sur les risques souverains
. la critique croissante du rôle des banques US associée à une réglementation visant à régionaliser les marchés financiers (1)
. etc...
Evolution de la rentabilité (en %) du New York Stock Exchange de 1825 à 2008 - Sources : Value Square Asset Management / Yale School of Management, 2009
Parallèlement, sur fond d'absence de reprise économique (15), les confrontations sociales se multiplient en Europe tandis qu'aux Etats-Unis le tissu social est purement et simplement démantelé (16). Si le premier phénomène est plus visible que le second, c'est pourtant le second qui est le plus radical. La maîtrise de l'outil de communication international par les Etats-Unis permet de masquer les conséquences sociales de cette destruction des services publics et sociaux américains sur fond de paupérisation accélérée de la classe moyenne du pays (17). Et cette dissimulation est rendue d'autant plus aisée que, à la différence de l'Europe, le tissu social américain est atomisé (18) : faible syndicalisation, syndicats très sectorisés sans revendication sociale générale, identification historique de la revendication sociale avec des attitudes « anti-américaines » (19), … Toujours est-il que des deux côtés de l'Atlantique (et au Japon), les services publics (transports en commun, police, pompier, …) et sociaux (santé, éducation, retraite, ...) sont en voie de démantèlement, quand ils ne sont pas purement et simplement fermés ; que les manifestations (20), parfois violentes, se multiplient en Europe tandis que les actions de terrorisme domestique ou de radicalisation politique (21) sont de plus en plus nombreuses aux Etats-Unis.
En Chine, le contrôle croissant de l'Internet et des médias est avant tout un indicateur fiable de la nervosité accrue des dirigeants pékinois en ce qui concerne l'état de leur opinion publique. Les manifestations sur les questions de chômage et de pauvreté continuent à se multiplier, contredisant le discours optimiste des leaders chinois sur l'état de leur économie.
En Afrique, la fréquence des coups d'Etat s'accélèrent depuis l'année dernière.
Et en Amérique latine, malgré des chiffres macro-économiques plutôt positifs, l'insatisfaction sociale nourrit les risques de changements de cap politique radicaux, comme on l'a vu au Chili.
Evolution de la dépense nominale (22) dans l'OCDE (en % du PNB de l'année précédente) - Source : MacroMarketMusings / David Beckworth, 11/2009
L'ensemble de ces tendances est en train de former très rapidement un « cocktail socio-politique explosif » qui conduit directement à des conflits entre composantes de la même entité géopolitique (conflits états fédérés/état fédéral aux Etats-Unis, tensions entre Etat-membres dans l'UE, entre républiques et fédération en Russie, entre provinces et gouvernement central en Chine), entre groupes ethniques (montée des sentiments anti-immigrés un peu partout) et recours au nationalisme national ou régional (23) pour canaliser ces tensions destructrices. L'ensemble se déroulant sur fond de paupérisation des classes moyennes aux Etats-Unis, au Japon et en Europe (en particulier au Royaume-Uni et dans les pays européens et asiatiques (24) où les ménages et les collectivités sont les plus endettées).
Dans ce contexte, LEAP/E2020 considère que la phase de dislocation géopolitique mondiale va se dérouler selon cinq séquences temporelles, qui sont développées dans ce GEAB N°43, à savoir :
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