Barack Obama et Dmitri Medvedev ont signé un nouvel accord d’une durée de 7 ans, qui prévoit une réduction des têtes nucléaires déployées à 1 550 dans chaque pays, soit une réduction d’un tiers de l’arsenal. C’est deux tiers de moins que le traité Start I.
Depuis juillet 2009, la signature était annoncée et retardée en raison de la persistance des divergences. La principale controverse portait sur le projet américain de défense antimissile en Europe de l’Est.
Les choses se débloquent en septembre 2009, lorsque Barack Obama annonce l’abandon du bouclier qui devait être installé en Pologne et en République tchèque.
Compromis et non-dits
A la place du bouclier initial, les Etats-Unis ont conçu un nouveau dispositif de défense, plus léger et plus souple, contre les missiles de courte et moyenne portée, qui devrait être hébergé par la Roumanie et la Bulgarie. Cette révision s’appuie sur de nouvelles technologies. Dans un premier temps, le système utilisera des intercepteurs embarqués sur des navires, puis, dans un second temps, interviendront les systèmes basés en Roumanie et, ultérieurement, en Pologne. François Heisbourg rappelle que les Russes exigeaient un lien contraignant entre les systèmes stratégiques offensifs et défensifs (défense antimissile). Or, une telle conditionnalité aurait conduit au rejet de l’accord par le Sénat. Le compromis trouvé est la reconnaissance d’un lien entre les deux sujets, sans contrainte juridique pour les Américains.
Le traité qui vient d’être signé souffre de plusieurs insuffisances. Ainsi, les Etats-Unis n’ont toujours pas ratifié le traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Par ailleurs François Heisbourg relève que ce traité n’inclut pas les armes nucléaires tactiques. Les États-Unis continuent à conserver dans cinq pays non nucléaires de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Hollande et Turquie) notamment des armes tactiques. Rien non plus sur les charges nucléaires en dépôt.
Pour être plus précis, selon le Bulletin of the Atomics Scientists, les Etats-Unis possèdent 5 200 têtes nucléaires opérationnelles ; la Russie 4 850. De plus, les deux puissances possèdent au total 12 350 têtes non opérationnelles (mais non démantelées).
Or, le Start II ne limite pas le nombre de têtes nucléaires opérationnelles contenues dans les arsenaux et se contente de limiter les «têtes nucléaires déployées», à savoir celles qui sont prêtes au lancement, installées sur des vecteurs stratégiques de portée supérieure à 5 500 km. Ces vecteurs sont des missiles balistiques intercontinentaux avec une base à terre, des missiles balistiques lancés depuis des sous-marins et depuis des gros bombardiers.
Manlio Dinucci et Tommaso di Francesco relèvent également que, si les têtes de missiles sont comptées à la pièce, chaque gros bombardier est compté comme une seule pièce même s’il en transporte beaucoup plus. Or, un B-52 transporte 14 missiles de croisière et 6 bombes nucléaires. Ainsi, sur la base d’un compte partiel, le Département d’Etat estime que les Etats-Unis ont actuellement
1 762 têtes nucléaires déployées sur 798 vecteurs ; la Russie, 1 741 sur 566 vecteurs. Le nouveau Start permet à chacune des deux parties de conserver 1 550 têtes nucléaires déployées, soit 10% de moins que le niveau d’avant. Quant au nombre de vecteurs, il reste substantiellement inchangé : 800 chacun, dont 700 prêts au lancement à tout instant.
Processus historique de négociations
Les négociations sur la limitation des armes stratégiques ont commencé avec la détente américano-soviétique, mais également en raison des difficultés financières de l’URSS. Difficultés qui imposent le ralentissement de la course à l’armement et de l’escalade militaire. L’accord Strategic Arms Limitation Talks (SALT I) a été signé par Richard Nixon et Leonid Brejnev afin de limiter le nombre de missiles balistiques et de sous-marins nucléaires à la quantité existante au moment de la signature du traité. Il sera suivi de SALT II, signé à Vienne par Jimmy Carter et Leonid Brejnev. Ainsi, le traité prévoyait-il la limitation de la fabrication d’armes dans les pays signataires. C’est la toute première fois que les deux superpuissances évoquent la réduction des arsenaux.
Les négociations sur la réduction des arsenaux ont été initiées puis interrompues par Ronald Reagan lorsqu’il annonce le lancement de l’Initiative de défense stratégique. Aussi, au cours des années 80, les arsenaux nucléaires augmentent de chaque côté.
Cinq mois avant l’effondrement de l’URSS, Start I est signé, prévoyant la réduction des arsenaux de chaque pays de 25 à 35%, en l’espace de 7 ans, pour limiter l’arsenal de chacun à 6 000 têtes nucléaires, dont 4 900 missiles balistiques. Après la dissolution du bloc de l’Est, le texte reste en vigueur entre les Etats-Unis, la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine. Signé par George Bush père et Boris Eltsine, Start II étend le champ des réductions à d’autres catégories d’armes. Le traité sera ratifié mais jamais formellement appliqué, notamment du fait des tensions entre les deux pays lors de la guerre au Kosovo. En dix ans, les arsenaux nucléaires des deux pays ont été réduits de 80%.
Le Strategic Offensive Reductions Treaty (SORT), signé par George W. Bush et Vladimir Poutine, doit remplacer le traité Start II, tombé en désuétude. Il prévoit une limitation de l’arsenal nucléaire de chaque pays entre 1 700 et 2 200 têtes déployées.
En d’autres termes, les armes en surnombre et les armes stockées ne sont pas concernées.
Depuis juillet 2009, la signature était annoncée et retardée en raison de la persistance des divergences. La principale controverse portait sur le projet américain de défense antimissile en Europe de l’Est.
Les choses se débloquent en septembre 2009, lorsque Barack Obama annonce l’abandon du bouclier qui devait être installé en Pologne et en République tchèque.
Compromis et non-dits
A la place du bouclier initial, les Etats-Unis ont conçu un nouveau dispositif de défense, plus léger et plus souple, contre les missiles de courte et moyenne portée, qui devrait être hébergé par la Roumanie et la Bulgarie. Cette révision s’appuie sur de nouvelles technologies. Dans un premier temps, le système utilisera des intercepteurs embarqués sur des navires, puis, dans un second temps, interviendront les systèmes basés en Roumanie et, ultérieurement, en Pologne. François Heisbourg rappelle que les Russes exigeaient un lien contraignant entre les systèmes stratégiques offensifs et défensifs (défense antimissile). Or, une telle conditionnalité aurait conduit au rejet de l’accord par le Sénat. Le compromis trouvé est la reconnaissance d’un lien entre les deux sujets, sans contrainte juridique pour les Américains.
Le traité qui vient d’être signé souffre de plusieurs insuffisances. Ainsi, les Etats-Unis n’ont toujours pas ratifié le traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Par ailleurs François Heisbourg relève que ce traité n’inclut pas les armes nucléaires tactiques. Les États-Unis continuent à conserver dans cinq pays non nucléaires de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Hollande et Turquie) notamment des armes tactiques. Rien non plus sur les charges nucléaires en dépôt.
Pour être plus précis, selon le Bulletin of the Atomics Scientists, les Etats-Unis possèdent 5 200 têtes nucléaires opérationnelles ; la Russie 4 850. De plus, les deux puissances possèdent au total 12 350 têtes non opérationnelles (mais non démantelées).
Or, le Start II ne limite pas le nombre de têtes nucléaires opérationnelles contenues dans les arsenaux et se contente de limiter les «têtes nucléaires déployées», à savoir celles qui sont prêtes au lancement, installées sur des vecteurs stratégiques de portée supérieure à 5 500 km. Ces vecteurs sont des missiles balistiques intercontinentaux avec une base à terre, des missiles balistiques lancés depuis des sous-marins et depuis des gros bombardiers.
Manlio Dinucci et Tommaso di Francesco relèvent également que, si les têtes de missiles sont comptées à la pièce, chaque gros bombardier est compté comme une seule pièce même s’il en transporte beaucoup plus. Or, un B-52 transporte 14 missiles de croisière et 6 bombes nucléaires. Ainsi, sur la base d’un compte partiel, le Département d’Etat estime que les Etats-Unis ont actuellement
1 762 têtes nucléaires déployées sur 798 vecteurs ; la Russie, 1 741 sur 566 vecteurs. Le nouveau Start permet à chacune des deux parties de conserver 1 550 têtes nucléaires déployées, soit 10% de moins que le niveau d’avant. Quant au nombre de vecteurs, il reste substantiellement inchangé : 800 chacun, dont 700 prêts au lancement à tout instant.
Processus historique de négociations
Les négociations sur la limitation des armes stratégiques ont commencé avec la détente américano-soviétique, mais également en raison des difficultés financières de l’URSS. Difficultés qui imposent le ralentissement de la course à l’armement et de l’escalade militaire. L’accord Strategic Arms Limitation Talks (SALT I) a été signé par Richard Nixon et Leonid Brejnev afin de limiter le nombre de missiles balistiques et de sous-marins nucléaires à la quantité existante au moment de la signature du traité. Il sera suivi de SALT II, signé à Vienne par Jimmy Carter et Leonid Brejnev. Ainsi, le traité prévoyait-il la limitation de la fabrication d’armes dans les pays signataires. C’est la toute première fois que les deux superpuissances évoquent la réduction des arsenaux.
Les négociations sur la réduction des arsenaux ont été initiées puis interrompues par Ronald Reagan lorsqu’il annonce le lancement de l’Initiative de défense stratégique. Aussi, au cours des années 80, les arsenaux nucléaires augmentent de chaque côté.
Cinq mois avant l’effondrement de l’URSS, Start I est signé, prévoyant la réduction des arsenaux de chaque pays de 25 à 35%, en l’espace de 7 ans, pour limiter l’arsenal de chacun à 6 000 têtes nucléaires, dont 4 900 missiles balistiques. Après la dissolution du bloc de l’Est, le texte reste en vigueur entre les Etats-Unis, la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine. Signé par George Bush père et Boris Eltsine, Start II étend le champ des réductions à d’autres catégories d’armes. Le traité sera ratifié mais jamais formellement appliqué, notamment du fait des tensions entre les deux pays lors de la guerre au Kosovo. En dix ans, les arsenaux nucléaires des deux pays ont été réduits de 80%.
Le Strategic Offensive Reductions Treaty (SORT), signé par George W. Bush et Vladimir Poutine, doit remplacer le traité Start II, tombé en désuétude. Il prévoit une limitation de l’arsenal nucléaire de chaque pays entre 1 700 et 2 200 têtes déployées.
En d’autres termes, les armes en surnombre et les armes stockées ne sont pas concernées.
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