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1500 km à travers la Mauritanie ou 100 km de champs de mines et de barbelés

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  • 1500 km à travers la Mauritanie ou 100 km de champs de mines et de barbelés

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    Dans les couloirs de l’ONU où les discussions fonctionnent selon une logique très différente, la déclaration ne rencontre qu’un écho limité, reconnaît M. Snoussi. En revanche, dans les camps séparatistes, l’annonce fait l’effet d’une bombe. A l’étranger, plusieurs responsables marocains sont approchés par les candidats au retour, non sans une multitude de précautions. «Il ne faut pas oublier qu’ils étaient tous surveillés, et puis on leur avait dit tellement de mal des Marocains, qu’il fallait beaucoup de courage pour venir à notre rencontre», poursuit M. Snoussi. El Idrissi Bilali, revenu au Maroc quelques mois après le discours, se souvient de son ralliement. A l’époque ambassadeur du Polisario en Syrie, après un passage par le Tchad et la Libye, il téléphone au résident du Maroc à Damas pour solliciter un rendez-vous, en tant que citoyen marocain originaire de Smara. Ce n’est qu’une fois face au responsable marocain qu’il déclinera sa véritable identité, et lui demandera un contact téléphonique. Son retour au Maroc assuré, sortir sa famille des camps se révèlera plus compliqué. Pas moins de trois tentatives seront nécessaires, mais pas à cause d’une interdiction quelconque : à l’époque, en Algérie, il était interdit pour une femme de voyager avec ses enfants sans l’autorisation de son mari. En désespoir de cause, il a dû faire venir son épouse au Maroc, se rendre avec elle à l’ambassade d’Algérie pour lui remettre une dérogation afin que cette dernière puisse retourner dans les camps chercher leurs enfants... A l’époque, les choses étaient relativement simples car les frontières maroco-algériennes étaient encore ouvertes et les ralliements encore rares. Plus tard, beaucoup d’autres responsables du Polisario ayant opté pour le retour au Maroc n’auront pas cette chance. Sur le moment, le succès de l’appel de Hassan II tient à plusieurs éléments. Dans les camps, c’est le début des déceptions : le conflit, qui était considéré comme l’affaire de quelques mois, a duré plus d’une décennie sans espoir de victoire. Des troubles surviennent d’ailleurs dans les camps, que le Polisario réprime violemment.


    A cette époque, parmi les cadres du mouvement séparatiste, nombreux sont ceux qui sauteront le pas et rallieront la patrie : Omar Hadrami (1989), Guejmoula Bent Abbi (1991), Brahim Hakim (1993), Mohamed Abdelkader Haibelti, Issalmou Mohamed Abdelkader Ould Haibelti et Lafdal Malainine Ould M’rabih Rabbou Ould Cheikh El Ouali (1999), Cheikh Ali Ould El Bouhali (2000), Lahbib Ayoub (2002), Kalthoum Elkhayat (2003), Hamatti Rabbani (2005) et Ahmadou Ould Souilem (2009) ne représentent que la partie émergée et médiatisée de l’iceberg.

    Pourtant, entre-temps, le débat sur le référendum a fait rage. Appuyé par le Maroc, le plan Baker I a été rejeté par le camp séparatiste en 2001. Inversement, en 2003, Baker II a été soutenu par le Polisario, mais refusé par le Maroc. L’option du référendum étant arrivée à un échec, le phénomène des ralliements ne s’est pas essoufflé pour autant : en 2005, le nombre cumulé des ralliés est estimé à 5 000.

    En 2006, alors que le Maroc présente son plan d’autonomie, l’invitation de feu Hassan II est reprise par Mohammed VI. Désormais, le phénomène se poursuit, sous différentes formes, mais il ne concerne pas seulement les dirigeants séparatistes. Pour atteindre le territoire marocain, plusieurs chemins sont empruntés. Les plus chanceux pourront faire le voyage par avion. A l’occasion d’un voyage à l’étranger, certains choisissent en effet de rentrer au Maroc plutôt que sur Tindouf. D’autres, venus dans les provinces du sud en marge du programme de visites familiales organisées par la Minurso, décident tout simplement de rester. Toutefois, seule une minorité a la possibilité de voyager aussi confortablement, la majorité, elle, devra emprunter des voies nettement plus dangereuses pour rentrer au Maroc (voir carte . Premier défi à relever pour les concernés : quitter les camps, sachant que même le transport d’un camp à l’autre requiert une autorisation. «Pour sortir des camps, les gens ont le choix entre recourir à la fuite directe vers le Maroc à travers sa frontière Est ou faire appel à des contrebandiers, qui se déplacent entre l’Algérie et la Mauritanie», explique Ahmed Kherr, revenu au Maroc en 1995, aujourd’hui dirigeant de l’association Unité et développement. La voie la plus ancienne, considérée comme la plus sûre, consiste à rejoindre le Maroc via sa frontière sud, par le poste frontière de Guerguerate, au bord de l’Atlantique. Cette route implique toutefois un long détour à travers la Mauritanie : de Tindouf, les aspirants au retour doivent se rendre à Bir Moghrein, au nord-est de la Mauritanie, puis descendre jusqu’à la ville minière de Zouérate. Pour parvenir à cette destination, les ralliés doivent parcourir près de 900 km dans un territoire hostile et sans routes, où les séparatistes et leurs sympathisants ne manquent pas. Les choses se simplifient toutefois une fois arrivés à Zouérate. De là, en effet, les voyageurs peuvent parcourir les 600 km restants à bord du train de la mine, qui transporte le minerai de fer jusqu’au port de Nouadhibou. Après un long périple de 1 500 km, il ne reste plus qu’à se rendre de Nouadhibou à Guerguerate.

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