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Maghreb : l’intégration régionale, clé du développement

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    Maghreb : l’intégration régionale, clé du développement

    Afrik

    Les conflits et le manque d’intégration régionale freinent l’essor économique de la région

    Les experts sont unanimes. Pour rattraper leur retard sur l’Europe, les pays maghrébins doivent mettre fin aux conflits qui les opposent, et opter pour l’intégration régionale. C’est à cette même conclusion que sont parvenus les conférenciers qui ont débattu mercredi, à Bruxelles, le rapport de l’institut Thomas More intitulé « Pour une sécurité durable au Maghreb, une chance pour la région, un engament pour l’Union européenne ». L’UE est prête à contribuer davantage au développement de la région. A condition que le cadre politique idoine soit mis en place.

    mardi 13 avril 2010 / par René Dassié

    Le Maroc et l’Algérie mettent fin à leur conflit frontalier au sujet Sahara occidental, qui mine leurs relations depuis trente ans. Le processus de paix se remet résolument sur les rails au Proche Orient. Les pays arabes et l’État d’Israël rétablissent leurs relations diplomatiques, accélérant du même coup le projet d’Union pour la Méditerranée. L’Algérie s’ouvre d’avantage à l’Union européenne qui, à travers sa banque d’investissement débordant de cash ne demande qu’à participer à la croissance de son économie. Bref, on retrouve d’une rive à l’autre de la mer Méditerranée, le sens de l’affection selon la formule d’Antoine de Saint-Exupéry : « S’aimer ce n’est pas se regarder dans les yeux, mais de regarder dans la même direction ». On s’investit dans des projets communs, et les retombées viennent améliorer le sort des populations... Simples conjectures portées par un optimisme béat, dira-t-on. Cependant, de l’avis des experts qui les observent , les pays du Maghreb doivent emprunter ces voies pour accélérer leur développement.

    Ceux-ci pensent, en effet, que si les États d’Afrique du Nord peinent à se développer, c’est principalement à cause de deux facteurs : le manque d’intégration régionale et les conflits. Ces deux problèmes ont été largement débattus mercredi à Bruxelles, lors de la présentation du rapport de l’Institut Thomas More, sur la sécurité au Maghreb. « Le principal défi du Maghreb est d’en venir à bout de ses propres divisions. Le fait que la frontière entre le Maroc et l’Algérie soit fermée depuis de nombreuses années est un handicap considérable au développement. On voit bien en Europe à quel point la disparition des frontières a créé une dynamique économique qui a été profitable à tous. Et on voit bien à quel point la fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie est un handicap économique et social non seulement pour les pays concernés, mais pour toute la région dans son ensemble », analyse Dominique Baudis, député au Parlement européen et l’un des conférencier, à Bruxelles.

    Les conflits coûtent très cher

    Selon l’International Crisis Group, ce conflit frontalier coûte très cher aux deux États. Ce sont plusieurs points du PIB marocain qui ont été engloutis dans ce dossier. Pareil pour l’Algérie qui doit financer le déploiement de milliers de soldats au Sahara Occidental, et qui soutient militairement les indépendantistes sahraouis. Ce conflit larvé n’est pas étranger à l’échec de l’initiative de l’Union du Maghreb arabe. « Pour tout le Maghreb, le dossier du Sahara Occidental rend impossible l’intégration, limite les investissements étrangers et entretient une atmosphère de défiance entre acteurs », relève le rapport de l’institut Thomas More.

    Autre lieu, autre conflit, mêmes conséquences. Le conflit israëlo-palestinien retarde de son côté l’avancée du projet de l’Union pour la Méditérannée cher au président français Nicolas Sarkozy, et porteur de promesses d’investissements en Afrique du Nord.

    L’obstination de l’Algérie à faire cavalier seul n’est pas un moindre mal. « Dans cette région, nous pourrions faire beaucoup plus. Nous sommes intervenus fondamentalement au Maroc et en Tunisie. Nous voudrions aussi aller en Algérie. Mais l’Algérie pour des raisons de souveraineté nationale ne le souhaite pas à l’heure actuelle. Quel dommage ! Quel dommage pour eux ! Quel dommage pour nous ! Quel dommage pour l’ensemble de la communauté des affaires et des citoyens ! » s’exclame Philippe de Fontaine Vive Curtaz, vice président de la Banque européenne de développement (BEI).

    L’Union européenne est prête à investir massivement dans les pays du Maghreb

    Selon cet économiste formé à Sciences-po et à l’Ena de Paris, les robinets de la BEI sont tournés vers le Maghreb, et ne demandent qu’à l’arroser. « Il y a une progression significative au Maghreb même en cette période de crise internationale. Les taux de croissance y oscillent entre 4 et 5% . Le Magrheb est une chance pour l’Union ». Il ajoute : « Notre ambition, c’est d’apporter au Maghreb l’ensemble des instruments financiers que nous avons mis à la disposition de l’économie européenne. Du prêt à long terme, en passant par la coopération technique et en allant jusqu’aux prises de participation en capitale. Mais pour cela, il faudra une volonté politique ».

    La BEI a investi un peu plus d’un milliard d’euros l’année dernière en Afrique du Nord, principalement en Tunisie et au Maroc, l’Algérie ayant décliné son offre. Elle travaille actuellement sur quatre grands projets : le soutien aux petites entreprises, les autoroutes de la mer, la dépollution de la Méditérannée, et le plan solaire méditerranéen. Doté d’un budget prévisionnel de cinq milliards d’euros, ce dernier projet se veut fortement ambitieux : réaliser à l’horizon 2012-2013, la synchronisation de la boucle électrique Euro-Maghreb. Une partie de l’électricité solaire produite dans les pays africains devant, dans ce cadre, être acheté par les États de l’Union européenne, aux prix pratiqués sur leurs marchés, pour assurer la rentabilité du projet. « C’est vraiment de l’avenir très concret », assure Philippe de Fontaine Vive Curtaz. A l’en croire, les investissements européens au Maghreb pourraient rapporter aux pays bénéficiaires jusqu’à un point de richesse supplémentaires.

    Pour ce faire, il faut que les États commencent à « raisonner en terme de Maghreb et non pas pays par pays », estime Philippe de Fontaine Vive Curtaz. Pour Dominique Baudis, une telle approche profitera à tous. « Au lieu d’avoir deux rives qui se font face et qui parfois se tournent le dos, avec des écarts de richesses qui sont insupportables entre la rive nord et la rive sud, avec une absence de perspective parfois pour les jeunes à la recherche de l’emploi, il est de l’intérêt même de l’Union européenne que la rive gauche de la Méditerranée se développe. Le Maghreb représente aujourd’hui un enjeu majeur pour toute l’Europe. Nous avons un destin, un avenir commun, nous devons le prendre ensemble à bras le corps »

    Les bons élèves tirent déjà leur épingle du jeu. C’est le cas du Maroc qui a obtenu le « statut privilégié » dans ses rapports avec l’UE, lequel lui permet de participer à toutes les instances de l’organisation, même sans en être membre. Résultat : un accroissement des investissements. C’est le cas aussi de la Tunisie qui s’est engagée sur la même voie privilégiée et attend les mêmes retombées. A quand l’intégration régionale ?

    La position d’Amar Bendjama, ambassadeur d’Algérie en Belgique

    "C’est le gouvernement d’Algérie qui a pris la décision de ne plus emprunter auprès de la Banque européenne de développement. C’est une conséquence de l’aisance financière de mon pays. L’Algérie a décidé d’utiliser ses ressources propres. Nous avons également décidé de rembourser par anticipation toutes nos dettes. Nous sommes ainsi passés de 300 milliards de dettes à 300 millions. La raison en est que nous avons eu un syndrome de la dette extérieure en 1994. Nous étions à genoux et avons dû passer par les fourches caudines du FMI. Mais nous tenons à notre indépendance".
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