Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Polémique : Jettou plaide non coupable

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Polémique : Jettou plaide non coupable

    Polémique. Jettou plaide non coupable


    Affecté par les accusations portées contre lui, l’ancien Premier ministre se dit néanmoins serein. (AFP)


    Driss Jettou serait-il devenu indésirable ? A-t-il réellement essayé de détourner un tracé autoroutier pour valoriser un
    bien immobilier ? Le point.


    Driss Jettou nous reçoit dans une villa discrète, située dans les beaux quartiers de Casablanca. Depuis qu’il a quitté ses fonctions de Premier ministre, c’est ici que le patron d’Au Derby a installé le siège social de son groupe industriel. Une petite maison sur deux étages, où travaille une dizaine de collaborateurs et qui ne porte aucune indication à

    l’entrée. “Chaque matin, je me force pour me raser, mettre un costume et venir travailler. Je veux rester actif et dynamique”, déclare Jettou en s’affalant sur un canapé qui trône au milieu d’un bureau sobre et élégant. Depuis quelques jours, l’homme enchaîne les rendez-vous avec les journalistes. Son téléphone sonne constamment occupé. Ses photos réapparaissent en Une des principaux journaux du pays. “Même la télé s’y met, soupire-t-il. Il y a quelques jours, Al Jazeera m’a gratifié d’un reportage dans son édition du soir et m’a accusé d’avoir détourné plusieurs millions de dollars”. Notre homme marque une petite pause, promène son regard dans la pièce et poursuit : “J’ai pourtant tout essayé pour me faire oublier. J’ai refusé de prendre part à une quelconque polémique politique ou sociale. Le lendemain de mon départ de la primature (octobre 2007), je suis revenu à mon usine avec la ferme volonté de m’occuper uniquement de mes affaires et de mes enfants. Mais cela semble quand même déranger certains”.

    Rumeurs
    A l’origine de cette nouvelle polémique : la diffusion d’un communiqué du ministère de la Justice daté du mardi 23 mars. On y apprend que le Parquet de Casablanca a ordonné une “enquête sur les circonstances du changement d'itinéraire de l'autoroute au sud-ouest de Casablanca”, en vue “d’intégrer un bien foncier dans le périmètre urbain”. Sans citer nommément Driss Jettou, le communiqué précise que cette procédure concerne “une société qui a présenté un projet d'habitat et de logistique”. Même si rien n’a encore été officiellement notifié à l’ancien Premier ministre, le doute n’est plus permis. C’est bien de son projet qu’il s’agit. “Vous dire que je ne suis pas affecté par cette affaire serait vous mentir. Mais je reste serein. En plus, ajoute Jettou, j’ai eu le temps de voir la tempête arriver”. Depuis près de six mois en effet, l’homme d’affaires casablancais est l’objet d’étranges rumeurs : dérogations exceptionnelles de construction, association avec des hommes d’affaires étrangers à la réputation sulfureuse, acquisition illégale de fermes et de terres étatiques, etc. “Avec le recul, je me suis rendu compte qu’en filigrane, toutes ces rumeurs insinuaient que je voulais m’enrichir indûment grâce à des amitiés douteuses ou à des pressions politiques que j’aurais exercées sur des responsables. L’objectif, au final, étant d’entacher ma réputation”, conclut Driss Jettou.
    En décembre 2009, un dossier publié par un hebdomadaire casablancais inquiète particulièrement notre homme. L’auteur y accuse directement l’ancien responsable d’abus de pouvoir, documents confidentiels à l’appui. Les mots sont durs. Il est question de “scandale immobilier” et de “crime économique”. Driss Jettou fait alors le tour des rédactions et clame son innocence. Dans la foulée, le ministère de l’Intérieur dépêche une commission d’enquête menée, dit-on, par Saâd Hassar (ministre délégué à l’Intérieur) en personne. Trois mois plus tard, c’est sur la base des conclusions de cette commission que le ministère de la Justice ordonne l’ouverture d’une enquête judiciaire.

    Un projet maudit ?
    Tout commence en septembre 2008. Quelques mois après son départ de la primature, Driss Jettou entend diversifier l’activité de son groupe industriel. Il s’associe à un investisseur français et cherche activement un terrain pouvant accueillir une zone logistique intégrée. “J’ai pris deux précautions en montant ce projet, précise Driss Jettou. Ne pas toucher aux terres publiques et réserver une bonne partie du projet à des activités industrielles”. Très vite, l’ancien Premier ministre repère un terrain situé dans la région de Lakhyayta, près de Casablanca. Il est desservi par plusieurs routes et se trouve à quelques minutes seulement de l’aéroport Mohammed V. Jettou et son associé sont fortement intéressés et démarrent les négociations avec les propriétaires. “Dès le départ, la famille propriétaire du bien nous a présenté un plan comprenant le tracé de la voie express qui est censée couper le terrain en deux et contre lequel elle s’oppose depuis 2008”, explique Jettou. En janvier 2009, un premier compromis de vente est signé entre les deux parties. Valeur de la transaction : 580 millions de dirhams. En avril 2009, un premier projet comprenant des habitations et des plateaux de bureaux destinés aux activités d’offshoring est présenté au CRI (Centre régional d’investissement) de Casablanca. Entre-temps, Jettou apprend que le tracé de la voie express devrait délimiter les nouvelles frontières du périmètre urbain de Casablanca. Il redessine son projet en conséquence et présente une deuxième version en juillet 2009. Les habitations sont maintenues dans la future zone urbaine (53 hectares), relevant de la commune de Hay Hassani. La partie rurale (27 hectares), et qui se trouve au sud de la voie express, devrait quant à elle accueillir la fameuse zone logistique. “Tout cela pour vous dire que j’ai toujours intégré le tracé de cette voie dans tous mes projets, et ce dès le premier jour où on m’a présenté ce terrain. Je n’ai jamais rien voulu modifier. Les plans de mon projet, déposés au CRI des mois avant l’adoption finale du schéma directeur de Casablanca, sont là pour le prouver”, assure Driss Jettou.

    Pourquoi lui ?
    Aujourd’hui, l’affaire est entre les mains de la police judiciaire. “Si je suis convoqué pour témoigner ou m’expliquer, affirme le président d’Au Derby, je le ferai sans aucun problème. Je suis un citoyen ordinaire et je n’ai rien à me reprocher. Ce qui m’inquiète en vérité, ce sont les motivations d’une pareille campagne”. Pourquoi lui en veut-on ? La proximité avec le Palais ne le prémunit-elle pas contre ce genre de guéguerres ? Mystère. “Driss Jettou reste un personnage gênant pour l’actuelle équipe dirigeante. Car voilà un fils du peuple devenu Premier ministre. Il reste populaire malgré son passage à la primature. Et pour ne rien arranger, on oppose souvent son dynamisme à l’inertie de Abbas El Fassi. En vérité, et cela peut paraître paradoxal, il n’a jamais été aussi présent dans la vie publique”, analyse un observateur. Soit, mais pourquoi lui en veut-on encore après avoir quitté officiellement la vie politique ? “Parce qu’on se dit qu’il pourrait revenir, croit savoir cet homme politique de gauche. On l’a d’abord annoncé au Conseil économique et social puis au cabinet royal. A la primature, il s’est mis pas mal de personnes à dos. Son éventuel retour constitue donc une menace pour ces derniers”. Les premiers interrogatoires de “l’affaire Jettou” devraient démarrer dans quelques semaines. Se limiteront-ils aux fonctionnaires de l’administration territoriale ou concerneront-ils également des investisseurs privés de la métropole ? Wait and see …




    Projet. “J’y suis, j’y reste”
    Driss Jettou est catégorique : “Je n’abandonnerai mon projet que s’il s’avère économiquement non viable. Autrement, je reste dans mon droit d’acquérir ce terrain et d’y construire une zone logistique dans un respect total des règles élémentaires de droit. Mais je ne cèderai certainement pas à cause de ce genre de campagnes calomnieuses”.
    A ce jour, Driss Jettou n’a d’ailleurs pas encore définitivement acquis le terrain. Il ne dispose en effet que d’un compromis de vente qui court jusqu’à juin 2010. “Pour finaliser la transaction, j’attends la publication des plans d’urbanisme qui devraient régir la nouvelle zone urbaine comprise dans le projet. J’ai demandé une dérogation pour l’aménagement de la zone logistique depuis plusieurs mois, j’attends toujours”, affirme l’ancien Premier ministre, qui reste serein quant à l’issue de l’enquête. “Je n’ai rien fait de mal. Ce n’est pas à mon âge (65 ans) que je commencerai à tremper dans ce genre de magouilles. S’il s’avère que cette affaire me concerne personnellement, je me défendrai et prouverai mon innocence”, clame-t-il.


    Telquel
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
Chargement...
X