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Valoriser le patrimoine culturel bougiote

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  • Valoriser le patrimoine culturel bougiote

    On peut avoir une profession toute autre que l’art, tout en etant artiste d’esprit, c’est le casFatsah Hedjal…
    Amoureux de la littérature du XIXe siècle et de l’art en général, passionné de culture et surtout du parler local de Béjaïa dont chaque mot "confie-t-il", renvoie à une page de l’histoire de la ville et de sa région.... il a traduit les plus grandes œuvres en Kabyle.

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    Entretien avec Fatsah Hedjal, dramaturge
    “Valoriser le patrimoine culturel bougiote”

    Nourri de films et bandes dessinées, Ftsah de Hedjal, la cinquantaine, ingénieur agronome de formation est un passionné de culture et surtout du parler local de Béjaïa dont chaque mot, confie-t-il, renvoie à une page de l’histoire de la ville et de sa région. Militant au sein du MCB, il a été arrêté dans le sillage des événements du 5-Octobre 1998, puis libéré grâce à l’intervention de la Ligue des droits de l’homme. Esthète, amoureux de la littérature du XIXe siècle et de l’art en général, il a horreur de tout ce qui est bricolage et du charlatanisme. Après avoir traduit le succès qu’on lui connaît, la grande pièce de Willam Shakespeare, Roméo et Juliette, le voilà qu’il présente la générale de l’adaptation pour le théâtre d’un amusant conte local intitulé “Tivexsisine n Bejghit”. En chantier, il a actuellement la traduction en kabyle de “Don Juan” et “Tartuffe” de Molière.
    La Dépêche de Kabylie : Vous êtes ingénieur agronome de formation, peut-on savoir ce qui a motivé en vous ce virage à 180° en passant de l’agriculture à la culture ?
    Fatsah Hedjal : Durant mon enfance dans les années 1960, j’ai été pénétré comme tous les jeunes de ma génération de tout ce qui est relatif à l’art, le cinéma et la bande dessinée surtout à l’école, c’était la littérature et le théâtre car à l’époque on faisait Molière au lycée. C’est ce qui m’a amené aujourd’hui à vouloir laisser s’exprimer ma sensible fibre artistique. A l’époque, durant ma jeunesse, le contexte ne s’y prêtait pas. Ce qui a fait que mes études ont surtout servi à assurer mon côté matériel. J’ai tout le temps baigné dans la philosophie, la poésie, la littérature du XIXe siècle et le dessin. Mais ce n’est que maintenant qu’une brèche est ouverte dans le système que je peux m’épanouir sur le plan artistique. Dommage que la tendance actuelle de la société soit non pas pour le raffinement, mais plutôt vers les choses bassement matérielles.

    Qui a présidé au choix de la traduction de Roméo et Juliette à l’adaptation pour les planches de Tivexsisine N Bejghit ?
    En ce qui concerne Roméo et Juliette, c’était un hasard de l’histoire, les metteurs en scène de l’époque cherchaient sur le plan linguistique, un traducteur pour la célèbre pièce de Shakespeare. Ils ont auditionné beaucoup de personnes spécialistes en la matière, y compris le département de tamazghit de l’université. C’était non pas une question de traduction littérale mais plutôt des capacités culturelles relatives surtout à la mythologie grecque et aux civilisations anciennes. Le thème dans lequel baignait la tragédie avait pour support un contexte inquisitoire.
    Lors de la traduction, j’ai eu à me trouver face à des passages qui étaient faciles à traduire pour moi car la même mentalité du XVIe siècle est restée dans la civilisation bougiote actuelle. N’oublions pas que les Génois et les Pisans ont eu de très proches relations avec les Bougiotes durant tout le Moyen-Age.
    Les remparts qui entourent encore la ville de Bougie ont été construits par des maçons et des architectes génois envoyés par le pape Grégoire XI d’où le terme Agenoui (le couteau) en kabyle qui signifiait la dague que portaient ces gens-là et qui est toujours en usage de nos jours.
    Revenons si vous voulez bien à la pièce de Bejghit...
    Bejghit est avant tout pour moi un moyen pour valoriser le patrimoine culturel bougiote. J’ai combattu durant longtemps pour la reconnaissance de mon identité et par — de là mon moyen d’expression, le kabyle— ma langue. Or maintenant que nous avons obtenu une certaine satisfaction à nos doléances, nous nous heurtons à un monolitisme linguistique et culturel qui fait fi de notre diversité. Le tamazight académique que l’on nous propose ne diverge pas tellement avec l’arabe du pouvoir. Ils sont aussi incompréhensibles l’un que l’autre. Alors qu’une langue est un moyen d’expression et de communication entre les éléments de la société façonnée par le génie populaire, les responsables de l’institution ; qui nous impose ce tamazight académique se basent uniquement sur le néologisme targui qui a suivi un cheminement historique différent du kabyle. Alors que l’un est confiné dans le fin fond du désert, l’autre, celui de Bougie en particulier, méditerranéen, s’est enrichi des différentes civilisations qui ont marqué l’histoire de l’Afrique de Nord, d’une manière générale.
    Pour la spécifique langue kabyle elle-même, elle se compose de trois variantes dont Bougie est le centre historique puisqu’elle est une cité millénaire. En effet, en repère historique, Bougie a une aile tournée vers la vallée de la Soummam et la Haute Kabylie tandis que l’autre, la sahélienne, s’étend jusqu’aux Aurès.
    Dans la première, à partir d’El Kseur, le parler devient emphatique et s’enfle de plus en plus en remontant la vallée de la Soummam. Dans la deuxième aile en revanche, il devient plus sobre dès qu’on dépasse Tichy. Bougie, qui est au centre use d’un parler médian entre les deux. Mais le drame est que ce parler on ne le retrouve dans aucun média même si celui-ci est initialement destiné aux consommateurs de Bougie.


    Encore une fois, revenons si vous le voulez bien à l’histoire de Bejghit. Qu’est-ce qui explique le passage de la tragédie shakespearienne à la
    comédie musicale pour enfants ?

    Shakespeare est pour moi un défi à relever. Pour ce qui est de l’enfant, il y a lieu de noter que les rares metteurs en scène qui s’y sont penchés n’ont pas fait dans le qualificatif. Chez nous, cet enfant qui est agressé de partout devient adulte avant l’heure, car on lui a enlevé ce qui fait ce qu’il doit être, un insouciant, un joueur. Son monde est fait d’évasion et de rêverie. C’est cet espace qui est le sien et que la pièce tente de lui rendre.

    Entretien réalisé par B. Mouhoub
    La dépêche de Kabylie

  • #2
    en lisant le titre du topic(est ce aussi celui de l'article?): valoriser le patrimoine culturel bougiote j'etais curieux..

    en lisant l'interview il s'agit d'une personne qui parle de moliere et de schakspeare du tartufe de don juan et de romeo et juliette.....
    « Puis-je rendre ma vie
    Semblable à une flûte de roseau
    Simple et droite
    Et toute remplie de musique »

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    • #3
      Bonjour Tamerlan,

      Oui, mais le sujet parle "du parler local de Béjaïa" en lequel sont traduites ces oeuvres.

      Bonne journee.

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