Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Transaction .

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Transaction .

    Transaction

    par El-Guellil
    Elle a vu des enfants naître et grandir. Cela fait trente ans qu'elle occupe cette conciergerie. L'organisme qui l'avait installée, «bien facants», devient «Biens de l'Etat», puis OPGI. Elle a traversé toute cette période de la mutation de sigles et appellations, et de changements à la tête de la boîte, sans que ne change son statut. Sa seule préoccupation, élever son enfant. Sa pension de veuve de chahid n'étant pas encore régularisée, elle se voyait obligée, à chaque fin de mois, de frapper à toutes les portes des voisins pour leur rappeler de payer les frais d'entretien des escaliers. Elle était jeune. A soixante ans, ses jambes ne lui permettent plus de faire des efforts. Son enfant n'est plus. Sa seule ressource, sa petite pension, lui permettait difficilement de joindre les deux bouts. Chaque fin de semaine, c'est le calvaire pour elle. Zouzou, la voisine, descend lui faire la fête.

    - «Barakette, c'est trop, sborna bessaf! Soit tu fais les escaliers, ou alors tu payes garçonna pour le faire à ta place... sinon n'dirou fik braya pour qu'on nous ramène une autre concierge...»

    - «Dirou, dirou benti, kayène Rabbi!»

    - «El-houkouma t'a donné ce logement, et en échange tu dois t'occuper de l'entretien...on n'a pas à te payer... Maintenant si tu ne peux pas, il y a des femmes qui ne demandent que ça»

    - «Sar, ya Zoubida, tu dis ça à la femme qui tenait tes enfants quand tu allais aux mariages... Moi qui te passais mon logement chaque fois que tu aies eu trop d'invités... Ghir dirou, kayène Rabbi».

    Zouzou tenait ce langage depuis deux ans. Cela fait deux ans, tous les locataires sont devenus propriétaires. Khalti Aïcha ne comprenait pas son acharnement. Chaque fois elle a réussi à calmer cette voisine. La même expression concluait le même speech: Dirou, dirou, kayène Rabbi.

    Aujourd'hui, fatiguée de porter sa misère hautaine, la vieille femme claque la porte au nez de Zouzou. Furieuse, la mégère essaye d'ameuter les voisins, mais sans résultat. Le soir, Khalti Aïcha reçoit rajel Zouzou. «Tiens, je t'ai ramené des pommes, lui dit-il, d'une voix mielleuse».

    «On n'a jamais vu l'aumône sortir de prison», pense-t-elle, sur ses gardes. «Tu sais, on t'aime bien... et si Zouzou fait ça, c'est pour ton bien. Il ne faut pas trop lui en vouloir... On sait que tu es dans le besoin et il n'y a que nous qui pensons à toi... Voilà, je t'ai trouvé une chambre fidar à Mdina Jdida... Donc, Zouzou te propose de l'acheter ton logement...C'est pour notre fils, il va bientôt se marier... et avec tout l'argent que tu auras, tu vivras comme une princesse...».

    Khalti Aïcha se lève, lui redonne ses pommes, lui ouvre la porte, l'invite à sortir en lui disant...» Zidou dirou, kayène Rabbi».



    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    zut alors....elle a meme pas pris les pommes à 200DA lelkilou!
    ....If you're not writting, you're not thinking!

    The Dice Man.

    Commentaire


    • #3
      elle a meme pas pris les pommes à 200DA lelkilou!

      Et sa fierté de concierge?..... mais fiérté quand même .
      " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

      Commentaire


      • #4
        sincerement, je ne sais pas ce qu'il en est dans les grandes villes, mais chez nous les coucirdjettes sont tres bien traitées, et payées! qu'elles soient jeunes ou d'age mur, on les respecte et on les traite avec humilité et la plupart du temps, comme si c'etait une membre de la famille!
        bien sur cela depend des menages, mais grosso modo c'est comme ça!
        ....If you're not writting, you're not thinking!

        The Dice Man.

        Commentaire

        Chargement...
        X