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le crépuscule d'une idole - Michel Onfray

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  • le crépuscule d'une idole - Michel Onfray

    Onfray jette un pavé dans la psychanalyse

    Dans «le Crépuscule d’une idole», le philosophe s’attaque de façon argumentée à la figure de Sigmund Freud, accusé d’avoir fabriqué une science à l’aide de manipulations.

    La charge de Michel Onfray contre Freud et la psychanalyse est très lourde. L’homme serait un triste sire, un truqueur, un menteur, un phallocrate misogyne et homophobe, un conservateur sourd à toute histoire sociale et uniquement soucieux de transformer la sienne, «égotique et narcissique», en légende. La discipline, en tant que thérapie, relèverait d’une «branche de la pensée magique» et soignerait «dans la stricte limite de l’effet placebo».


    Certes incendiaire, son livre, le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne (Grasset), n’est pourtant pas un pamphlet soutenu par la fougue et le style, mais un essai fort, intelligent et dérangeant, malin (comme un singe ou un démon, c’est selon), écrit de façon simple et directe, adroitement argumenté, organisé autour d’une thèse systématiquement développée. Aussi ne pourra-t-il pas être contesté par l’invective et l’anathème, mais par la froide et méticuleuse recherche des éventuelles erreurs, des contresens, des omissions, des raccourcis, des errements ou des mésinterprétations qu’il contiendrait.


    La psychanalyse a été décriée dès son aurore. Inutile de mentionner tous ceux qui ont récusé tel ou tel point de doctrine ou telle conception de la cure, de citer des historiens des idées, des psychiatres, tel Pierre Janet, qui ont contesté le primat que Freud accorde au sexuel ou des ethnologues qui ont nié que le complexe d’Œdipe se trouve dans toute société. Mais pour rester dans le champ de la philosophie qui est celui d’Onfray, on peut rappeler les noms de Ludwig Wittgenstein, soutenant que la psychanalyse est une «mythologie très puissante», de Karl Popper, qui lui a dénié le statut de science, de Sartre, qui a refusé la notion même d’inconscient, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui ont signé un certain Anti-Œdipe


    «Stock de dynamite». Michel Onfray ne prétend pas apporter de nouvelles pièces au dossier. Nietzsche, Marx et Freud ont constitué la «triangulation magnifique» qui lui a appris à penser, et, encore jeune homme, marqué socialement par la misère de sa famille et moralement par les «quatre années passées dans un orphelinat de prêtres salésiens» au cours desquelles il a «senti le souffle de la bête chrétienne dans son cou», lui a permis de disposer d’un «stock de dynamite considérable» dont il rêvait que, utilisé, il ferait «sauter la morale catholique, miner la machinerie capitaliste et volatiliser la morale sexuelle répressive judéo-chrétienne». Nietzsche est resté son «ami». Marx aussi, mais marié à l’anarchiste Proudhon. Freud non. Et ce désamour est né, entre autres, de la lecture du Livre noir de la psychanalyse, qui lui a «dessillé les yeux».

    Dès lors, il a décidé de relire Freud, tout Freud, ses livres et ses correspondances, et s’est convaincu que les «cartes postales freudiennes» qu’il lisait lui-même à ses élèves des classes de philosophie - à savoir «Freud a découvert l’inconscient tout seul à l’aide d’une auto-analyse extrêmement audacieuse et courageuse»,«la psychanalyse procède d’observations cliniques, elle relève de la science»,«le complexe d’Œdipe est universel»,«Freud a découvert une technique qui, via la cure et le divan, permet de soigner et de guérir les psychopathologies»,«la conscientisation d’un refoulement obtenue lors de l’analyse entraîne la disparition du symptôme»,«la psychanalyse est une discipline émancipatrice», etc. - que ces cartes postales, donc, n’étaient que le résultat du travestissement de l’histoire réelle du freudisme en légende.

    D’où la thèse, défendue dans le Crépuscule d’une idole, d’une «histoire nietzschéenne de Freud, du freudisme et de la psychanalyse», dans laquelle le freudisme est une production littéraire ou une philosophie (vitaliste) - «ce qui n’est pas rien» - qui, comme toute philosophie lue en nietzschéen, «est la confession autobiographique de son auteur». La psychanalyse, écrit Onfray, «est une discipline vraie et juste tant qu’elle concerne Freud et personne d’autre», dans la mesure où elle tient à «la transformation des instincts, des besoins physiologiques d’un homme en doctrine ayant séduit une civilisation», et aux «mécanismes de l’affabulation ayant permis à Freud de présenter objectivement, scientifiquement, le contenu très subjectif de sa propre autobiographie - en quelques mots, je propose ici l’esquisse d’une exégèse du corps freudien…»

    Pour montrer comment il déguise la «psychologie littéraire» issue de sa propre expérience de vie en «psychanalyse scientifique issue d’une méthode expérimentale», ou comment il extrapole «des notions créées sur mesure pour lui-même» à «la totalité de l’humanité», Michel Onfray plonge dans la biographie de Freud et exhume toutes les manipulations que ce dernier (aidé ensuite par ses «hagiographes») lui a fait subir afin qu’elle apparaisse comme celle d’un savant inventant ex nihilo une science nouvelle. Négation de toute influence subie (Schopenhauer, Nietzsche) et de tout emprunt théorique, élimination méthodique des éléments théoriques ou biographiques susceptible de gêner l’édification de la statue de grand homme, destruction des correspondances, dissimulation de l’attrait pour des «sottises» telles que la numérologie, l’occultisme ou la télépathie, reniement de théories un temps «défendues avec véhémence» (sur la cocaïne), «invention de patients»,«cas cliniques introuvables», effacement des preuves de falsification, dissimulation des échecs thérapeutiques - à quoi s’ajoutent l’infidélité en amitié, l’adultère, les penchants incestueux…

    «Meurtre du père». La charge, on l’a dit, est lourde, d’autant que Michel Onfray l’obère du poids politique d’un Sigmund Freud vraiment peu attiré par la pensée sociale, qui certes, «en tant que Juif, ne peut rien sauver du national-socialisme», mais n’a d’antipathie - ils illustreraient même les thèses de sa Psychologie des masses et analyse du Moi - ni pour «l’austro-fascisme de Dollfuss» ni pour le «césarisme autoritaire de Mussolini»,«héros de la culture» auquel, le 26 avril 1933, il envoie l’un de ses ouvrages dédicacés.
    Si la psychanalyse n’est que l’autobiographie de Sigmund Freud, comme le soutient Onfray, elle révèle un homme bien peu… légendaire. Mais, depuis Freud, la psychanalyse, en dépit de toutes les critiques, a connu un essor considérable. On ne peut pas seulement expliquer son succès par le fait qu’elle a «fait entrer le sexe dans la pensée occidentale», qu’elle s’est instituée en «église» protégée par ses dévots, que le «freudo-marxisme» (Reich, Marcuse, les enfants de Mai 68…) lui a donné une patine «plus séduisante», ou qu’elle se trouve à présent en syntonie avec le culte narcissique du Moi que célèbre l’individualisme libéral. Ses praticiens, dont on ne peut pas penser qu’ils soient tous incapables de reconnaître un «effet placebo», peuvent attester son efficacité pour soulager les souffrances ou délier les «nœuds» qui empêchent de bien vivre. Ses concepts sont utilisés par tout le monde - y compris par Onfray, qui, par exemple, à propos du rapport de Freud à Nietzsche parle de «meurtre du père» - et elle est devenue l’une des langues de notre culture. Aussi n’est-il pas sûr que la bombe lancée par Onfray parvienne à la «pulvériser» : cela est aussi difficile que de vouloir éliminer les racines latines du français ou de l’italien.

    Source libération.fr
    La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit. Oscar Wilde

  • #2
    Onfray jette un pavé dans la psychanalyse
    Onfray est un peu en retard , cela fait longtemps que la psychanalyse et les "travaux" de Freud et le personnage ont été discrédité
    d'ailleurs la psychanalyse est une simple théorie, qui n'a à aucun moment été appuyée scientifiquement, ni par Freud ni par ces enfants spirituels, donc c'est une théorie, mais pas une théorie scientifique, et les conclusions de Freud ne reposent non plus sur rien de concret, ou sur des cas particuliers, ses patients, ses conclusions ne constituent que spéculations et généralisations abusives, mais néanmoins on reconnait au bonhomme certaines réflexions intéressantes, et de plus beaucoup de ces concepts n'étaient en rien une innovation, puisque bien avant Freud ils avaient déjà été abordés par d'autres

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    • #3
      Ce livre est une psycho-biographie nietzschéenne, dans laquelle Onfray croise les faits, les dates et l'œuvre, cet ouvrage n’a pas la prétention d’être inédit sur le caractère et les moeurs de Freud, simplement le fruit de ses recherches & ses propres reflexions.
      La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit. Oscar Wilde

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      • #4
        +1 avec Rica

        Ca fait bien 50 ans que les théories freudiennes ont été critiquées et très sévèrement, aussi bien sur le plan curatif, que théorique. Ainsi que leurs bases philosophiques. Notamment aux USA.

        La France reste un dernier bastion du freudisme. D'ailleurs un signe : sur France Culture, on ne parle quasiment jamais des autres approches !

        Les concepts qui sont passés dans le grand public : meurtre du père, Oedipe, Surmoi, résistance, Inconscient (comme instance), etc., sont des réels et puissants phénomènes de société.

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        • #5
          -1 pour rica (et autant pour alain )

          c'est à se demander si ces deux intervenants ont lu l'article.
          est-ce que Onfray prétend être le premier à "décrier/critiquer" la psychanalye ou "discréditer" Freud?
          La psychanalyse a été décriée dès son aurore. Inutile de mentionner tous ceux qui ont récusé tel ou tel point de doctrine ou telle conception de la cure, de citer des historiens des idées, des psychiatres, tel Pierre Janet, qui ont contesté le primat que Freud accorde au sexuel ou des ethnologues qui ont nié que le complexe d’Œdipe se trouve dans toute société. Mais pour rester dans le champ de la philosophie qui est celui d’Onfray, on peut rappeler les noms de Ludwig Wittgenstein, soutenant que la psychanalyse est une «mythologie très puissante», de Karl Popper, qui lui a dénié le statut de science, de Sartre, qui a refusé la notion même d’inconscient, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui ont signé un certain Anti-Œdipe…


          [...] Michel Onfray ne prétend pas apporter de nouvelles pièces au dossier.
          la psychanalyse freudienne a donc été critiquée, décriée par maintes parties sur plusieurs décennies... cela l'a-t-il empêchée de se développer, de progresser et même d'envahir la pensée moderne selon des canaux divers?
          que nenni !
          Mais, depuis Freud, la psychanalyse, en dépit de toutes les critiques, a connu un essor considérable. On ne peut pas seulement expliquer son succès par le fait qu’elle a «fait entrer le sexe dans la pensée occidentale», qu’elle s’est instituée en «église» protégée par ses dévots,
          mais alors il faudrait peut-être se pencher non pas sur cette psychanalyse en tant que telle, mais sur le vecteur qui a favorisé sa propagation contre vents et marées, et même avec un certain succès (pas seulement qu'en France)...
          D’où la thèse, défendue dans le Crépuscule d’une idole, d’une «histoire nietzschéenne de Freud, du freudisme et de la psychanalyse», dans laquelle le freudisme est une production littéraire ou une philosophie (vitaliste)
          nous sommes donc loin du corps de la théorie initiale, mais plus près d'une construction doctrinaire surajoutée par les adeptes freudistes, construction essentiellement faite de "cartes postales freudiennes" que beaucoup d'entre nous ont appris même au lycée, et que l'auteur lui-même a enseignées et pratiquées des années durant avant de découvrir la supercherie freudiste...
          Dès lors, il a décidé de relire Freud, tout Freud, ses livres et ses correspondances, et s’est convaincu que les «cartes postales freudiennes» qu’il lisait lui-même à ses élèves des classes de philosophie - à savoir «Freud a découvert l’inconscient tout seul à l’aide d’une auto-analyse extrêmement audacieuse et courageuse»,«la psychanalyse procède d’observations cliniques, elle relève de la science»,«le complexe d’Œdipe est universel»,«Freud a découvert une technique qui, via la cure et le divan, permet de soigner et de guérir les psychopathologies»,«la conscientisation d’un refoulement obtenue lors de l’analyse entraîne la disparition du symptôme»,«la psychanalyse est une discipline émancipatrice», etc. - que ces cartes postales, donc, n’étaient que le résultat du travestissement de l’histoire réelle du freudisme en légende.
          Dernière modification par Hidhabi, 29 avril 2010, 06h17.

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          • #6
            Hidhabi

            que je sache je n'ai nullement avancé l'idée qu'onfray "a prétendu en être le 1er" , a traiter, démontrer ou révéler l "arnaque" , puisque justement il n'a fait que reprendre les mêmes critiques et reproches précédentes des spécialistes de la question , et c'est bien cela, ce que moi je trouve inintéressant justement, j'ai pas besoin perso, d'un onfray et d'une approche philosophique ou d'une synthèses des anciens travaux sur Freud pour découvrir une nième fois que la psychanalyse présente des graves lacunes et ne constitue en rien une science, après cette approche de Onfray avec son style à lui peut en effet intéresser d'autres

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            • #7
              rica

              j'ai pas besoin perso, d'un onfray et d'une approche philosophique ou d'une synthèses des anciens travaux sur Freud pour découvrir une nième fois que la psychanalyse présente des graves lacunes
              encore une fois, ce n'est pas de cela qu'il s'agit.
              Onfray ne critique pas la psychanalyse, ce n'est pas l'objet de son étude, mais déboulonne (à tort ou à raison, c'est un autre débat) la légende qui s'est construite autour de Freud et de ses travaux sous couvert de psychanalyse, et qui a fait que le freudisme se perpétue en dépit du bon sens.
              c'est un phénomène qui devrait interpeller la pensée moderne, à commencer par la pensée occidentale.

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              • #8
                C'est toujours difficile de comprendre pourquoi des idées "ont du succès" ou se répandent quelque part. Cas classiques : la religion, le marxisme, les modes diverses, les opinions publiques, etc.

                Déjà, il y a une grande part de contingent, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de grandes causes particulières qui les ont rendues inévitables, mais une succession de faits survenus.

                Puis il y a le rôle de certains acteurs-clé. En France : les surréalistes, Dolto (qui a eu une émission sur France Inter), Lacan (*), etc… Je parle des gens popularisés. Les livres, comme ceux de Pierre Daco qui ont beaucoup popularisé la psychanalyse, etc.

                Certains sont des tenants de la "grande cause" qui explique un succès ("c'était inévitable en France pays de [mettre sa caractéristique préférée]"), il faut avancer avec prudence dans ce domaine qui peut glisser vers le déterminisme imbécile. Certes les fondamentaux anthropologiques sont "syntonique" ou non avec des idées, mais dans les grandes lignes seulement. Du reste qu'est ce que le freudisme a rencontré de fondamental dans les invariants français ? Pas le cartésianisme en tout cas, qui n'est pas la marque principale du freudisme, par rapport à Piaget par exemple qui n'est connu que des aficionados de la psy.

                Onfray apporte sa pierre dans ce domaine puisqu'il fait une histoire des idées philosophiques. Mais attention là aussi, aux causes a postériori : dire que A entraîné inévitablement B une fois B réalisé est une erreur de raisonnement.

                Plutôt que de l'expliquer par une appétence X ou Y des invariants français, pour moi, le mieux est de regarder dans le détail la sociologie de l'affaire : l'histoire de la pénétration du freudisme en France, quels groupes sociaux il a touché, quels intérêts il a servi, quels acteurs ont été concernés, etc. …

                Côté professionnels, chez les psychothérapeutes, de nos jours, de nombreuses techniques de soins existent (avec théories, méthodologie). Les soubassements épistémologiques ainsi que l'éthique de la psychothérapie (qu'est ce qu'on soigne ?) sont aussi l'objet de recherche comme de choix personnels.


                (*) Dont les conférences à la Sorbonne, inbitables, étaient courues par le Tout Paris
                Dernière modification par Alain, 30 avril 2010, 09h12.

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