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Washington envisage un déclin de la production de pétrole mondiale à partir de 2011

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  • Washington envisage un déclin de la production de pétrole mondiale à partir de 2011

    Le département de l’énergie américain reconnaît qu’“il existe une chance pour que nous fassions l’expérience d’un déclin” de la production mondiale de carburants liquides entre 2011 et 2015 “si les investissements font défaut”, selon un entretien exclusif avec Glen Sweetnam, principal expert officiel du marché pétrolier au sein de l’administration Obama.
    Cette alerte sur les capacités mondiales de production pétrolière lancée depuis Washington intervient au moment où la demande mondiale de pétrole repart à la hausse, et tandis que de nombreux projets d’extraction ont été gelés à cause la chute des cours du brut et de la crise financière.
    Glen Sweetnam, qui dirige la division internationale, économique et des gaz à effet de serre au sein de l’administration de l’information sur l’énergie du DoE, ne dit pas que les investissements nécessaires feront “défaut”. Toutefois, la réponse au problème de savoir où, quand et dans quelles quantités des sources supplémentaires de pétrole pourront être mises en exploitation demeure largement “non identifiée” aux yeux du plus proéminent analyste officiel en matière d’énergie au sein de l’administration Obama.

    Le Département de l’énergie américain (DoE) rejette la théorie du “peak oil”, d’après laquelle la production mondiale de brut devrait décroître de façon irréversible dans un avenir proche, faute de réserves suffisantes encore exploitables. L’administration Obama de l’énergie défend l’hypothèse alternative dite du “plateau ondulant”. Lauren Mayne, en charge de la prospective sur les carburants liquides au sein du DoE, explique : “Une fois que la production mondiale maximale de pétrole sera atteinte, celle-ci sera ensuite à peu près maintenue pendant plusieurs années, créant un plateau ondulant. Après cette période de plateau, la production déclinera.”
    Glen Sweetnam, responsable du rapport international annuel du DoE, convient que ce qu’il identifie comme un possible déclin de la production de carburants liquides entre 2011 et 2015 pourrait constituer le premier stade d’un “plateau ondulant” qui débutera “une fois que la production mondiale maximale de pétrole sera atteinte”.

    M. Auzanneau – A partir de 2011 et jusqu’en 2015, reconnaissez-vous que si les investissements nécessaires ne sont pas mis en oeuvre, il existe une chance pour que nous fassions l’expérience du premier stade du “plateau ondulant” que vous décrivez ?

    GLEN SWEETNAM – Je suis d’accord, si les investissements font défaut, il existe une chance pour que nous fassions l’expérience d’un déclin. Si tel est le cas, je suppose que l’investissement dans de nouvelles capacités de production augmenterait, si la demande de pétrole est toujours là.

    Glen Sweetnam reconnaît l’éventualité d’une chute proche et non-anticipée de la production mondiale de pétrole et des autres carburants liquides dans un entretien par courriel, au terme de plusieurs échanges consécutifs à une demande de clarification au sujet d’une table-ronde d’économistes du pétrole que M. Sweetnam a tenue le 7 avril 2009 à Washington.
    La table-ronde d’avril 2009, intitulée “Répondre à la demande croissante de (carburants) liquides” était semi-publique. Elle est pourtant restée inaperçue, et injustement, car elle met en avant des pronostics bien plus pessimistes qu’aucune analyse publiée jusqu’ici par le DoE.
    A la page 8 du document de présentation de la table-ronde, un graphique montre que le DoE s’attend à un déclin de la production de la somme de toutes les sources connues de carburants liquides à partir de 2011.
    Le graphique qualifie de “projets non identifiés” l’ensemble des projets de production supplémentaires nécessaires afin de combler dès 2011 l’écart croissant entre une demande de plus en plus forte et une production connue sensée décroître à partir de cette année-là, d’après le DoE. Cette décroissance concerne la production déjà existante ainsi que les projets nouveaux qui doivent être mis en route avant 2012.
    L’administration de l’information sur l’énergie du DoE prédit que le déclin des sources identifiées de production sera régulier et fort : - 2 % par an, de 87 millions de barils par jour (Mb/j) en 2011 à seulement 80 Mb/j en 2015. A cette date, la demande mondiale de pétrole et des autres carburants liquides aura grimpé à 90 Mb/j, d’après le document de présentation de la table-ronde.
    Les projets “non identifiés” de production de carburants liquides auraient donc à combler un écart de 10 Mb/j entre offre et demande en moins de 5 ans. 10 millions de barils par jour, c’est presque l’équivalent des extractions de l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial avec 10,8 Mb/j.


    La demande mondiale de pétrole, après avoir traversé un trou d’air en 2009, devrait reprendre son l’essor en 2010, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui conseille les pays riches de l’OCDE. Evaluée à 86,5 millions de barils par jour, elle est revenue à un niveau légèrement supérieur à celui de 2008, lorsque la crise financière a débuté. La totalité de la croissance de la demande provient désormais des pays extérieurs à l’OCDE. Dans les pays en développement, cette croissance devrait se poursuivre à un rythme soutenu au cours des prochaines années, estime l’AIE.
    D’après la présentation et la transcription de la table-ronde d’avril 2009 du DoE, de nombreuses régions pétrolifères devraient voir leurs extractions diminuer avant 2015.
    La production de pétrole conventionnel hors pays de l’Opep (soit plus de la moitié de la production mondiale de brut aujourd’hui) serait d’ores et déjà en déclin, passant de 46,9 Mb/j en 2008 à 44,8 Mb/j en 2011, selon le graphique à la page 8 du document de présentation de la table-ronde.
    La production totale de carburants liquides hors pays de l’Opep est sable depuis 2008, souligne l’AIE à Paris. Mais l’AIE ne fournit pas de chiffres concernant les seules extractions de pétrole conventionnel. En 2005, l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol, prédisait dans Le Monde que la production de pétrole hors Opep décroîtra “juste après 2010″.
    Le DoE suppose que d’ici à 2015, parmi les 15 principaux pays producteurs de pétrole, seuls 6 seront capables d’augmenter significativement leurs productions, d’après le graphique à la page 9 du document de présentation de la table-ronde.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    7 des 15 plus gros producteurs mondiaux auront à faire face à des réductions substantielles de leurs extractions sur la période allant de 2007 à 2015, selon le DoE : la Russie (- 0,15 Mb/j), la Chine (- 0,2), l’Iran (- 0,4), le Mexique (- 0,9), les Emirats Arabes Unis (- 0,3), le Venezuela (- 0,25) et la Norvège (- 0,7).
    Les extractions de l’Irak et du Koweit ne devraient connaître qu’une faible augmentation.
    Le département de l’énergie américain considère que la plus forte hausse de la production devra venir des Etats-Unis : une poussée de + 1,8 Mb/j en huit ans (de 2007 à 2015), équivalente à plus du quart de la production américaine actuelle. Depuis le début des années 70, la production de brut des Etats-Unis s’effrite de façon régulière.


    Le “décollage de la production d’éthanol” devrait permettre d’assurer l’augmentation énorme de la production américaine de carburants liquides attendue par le DoE, a affirmé Glen Sweetnam lors de la table-ronde d’avril 2009, selon la transcription de celle-ci.

    Ce décollage de la production d’éthanol, initié durant l’ère Bush, pourrait même représenter un volume supérieur à la hausse de 1,8 Mb/j attendue par le DoE, puisque les extractions américaines de brut décroissent depuis quatre décennies, et parce qu’aucune nouvelle réserve de taille importante n’est prête à être mise en exploitation en Alaska ou ailleurs aux Etats-Unis.
    Le quart des récoltes américaines de céréales est déjà destiné à la distillation d’agrocarburants tels que l’éthanol, d’après une analyse de chiffres de 2009 du département de l’agriculture américain publiée par le Earth Policy Institute, un groupe de chercheurs écologistes basé à Washington.

    De nouveaux projets “non identifiés” seront-ils capables de compenser le déclin des sources existantes de production, afin de combler en moins de 5 ans, d’ici à 2015, l’écart de 10 Mb/j annoncé par le DoE entre demande et offre identifiée ?

    Il faut au moins 7 ans pour lancer un nouveau projet d’extraction pétrolière, reconnaît le DoE.
    Glen Sweetnam a déclaré lors de la conférence d’avril 2009 que les récentes découvertes de pétrole ultra-profond au large du Brésil constituaient “en quelque sorte le seul point positif (…) en attendant que nous allions dans l’Arctique”.

    Le secrétaire général de l’Opep, Abdalla Salem El-Badri, a fait savoir en février 2009 que sur les 135 nouveaux projets pétroliers annoncés pour les prochaines années, les membres de l’Opep en ont gelés 35 jusqu’en 2013, parce que “les prix actuels menacent la pérennité même des investissements prévus”.

    Malgré d’importants profits, les 5 premières compagnies pétrolières internationales consacraient à peine 6 % de leurs ressources à la prospection en 2007, contre 34 % au rachat de leurs propres actions, selon une étude de l’université Rice citée par le New York Times. En 1994, ces mêmes compagnies investissaient 15 % de leurs ressources dans la prospection. De nombreux experts soulignent que ce changement de stratégie a été forcé par un manque d’accès à de nouvelles réserves de brut, et ceci bien que le monde réclame toujours plus de pétrole.

    Les perspectives que le département de l’énergie américain met désormais en avant sont bien plus pessimistes que celles publiées jusqu’ici. En 2004, sous l’administration Bush, le DoE délivrait une étude selon laquelle la production pétrolière mondiale pourrait continuer à s’accroître au moins jusqu’en 2037.
    En 2008, Glen Sweetnam publiait un scénario de référence à long terme d’après lequel le “plateau ondulant” ne devait être atteint qu’en 2030 et serait maintenu jusqu’en 2090, avant que la production pétrolière mondiale n’amorce son déclin terminal.
    Mais l’étude de 2008 de M. Sweetnam proposait également un scénario “plus défavorable” dans lequel le plateau ondulant intervient au cours de la présente décennie.

    Glen Sweetnam, qui supervise à Washington la rédaction du prochain rapport annuel de l’administration de l’information sur l’énergie, paraît aujourd’hui juger que son scénario “plus défavorable” est peut-être le bon, lorsqu’au cours de notre entretien, il envisage la possibilité d’un déclin de la production de carburants liquides à partir de 2011.

    Une telle incertitude de la part de Washington est sans précédent. Le DoE figure d’habitude parmi les sources les plus optimistes lorsqu’il est question de l’épuisement des réserves mondiales de pétrole.

    L’inquiétude que révèle M. Sweetnam fait suite à une longue série d’alertes pointant un danger imminent du côté offre du marché pétrolier mondial. Ces alertes ont été rendues publiques au cours des dernières années par un grand nombre de sources, notamment le Wall Street Journal, le Houston Chronicle (quotidien de la capitale mondiale du négoce de brut), le PDG de la compagnie brésilienne Petrobras, un ex-n°2 de la compagnie pétrolière nationale saoudienne Aramco, un expert anonyme de l’Agence internationale de l’énergie, l’économiste en chef de l’AIE lui-même, une Industry Taskforce on Peak Oil & Energy Security britannique (au sein de laquelle figure la compagnie aérienne Virgin), ou encore le prospecteur légendaire devenu magnat des énergies renouvelables T. Boone Pickens.
    Matthieu Auzanneau
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      10 ans sont nécessaires pour s’adapter au pic pétrolier - rapport Hirsch

      14 avril 2010
      En 2005, le Département de l’Energie américain publiait une étude sur le pic pétrolier réalisée sous la direction de Robert Hirsch, un spécialiste des questions de l’énergie. « Le pic pétrolier confronte les USA et le monde à un problème de gestion des risques sans précédent », avertissait-il, qui requiert le démarrage d’un « programme d’adaptation en urgence », nécessitant au moins une dizaine d’années d’efforts intensifs et des investissements considérables sur l’efficacité énergétique, la production des carburants de substitution et le renouvellement des parcs de véhicules avant que les résultats se fassent sentir, tant le défi posé est d’ampleur considérable. Dans l’un des trois scénarios étudié par Hirsch, où le pic survient avant qu’aient été entrepris les efforts de reconversion, il prévoit un « déficit important de carburant durant plus de deux décennies. » Dans ce cas, « les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédents ». --- Le pic pétrolier n’est pas une hypothèse d’école, mais une certitude géologique. Les politiques, qui se sont laissé bercer par les messages autrefois rassurants de l’AIE, n’ont semble-t-il toujours pas pris la mesure de la tâche. Faut-il s’en étonner ? Ni les dirigeants ni les experts n’avaient non plus compris à quel point le « modèle » économique en vigueur ces dernières années était vicié. C’est pourtant un effort comparable à celui de la conversion à une économie de guerre qui attend nos sociétés. L’élément déterminant, en la matière, c’est le temps, l’anticipation. Faute d’une évaluation claire des enjeux et d’une planification volontariste à marche forcée, nous nous précipitons dans le mur. Contre Info.


      Departement de l’Energie - Pic de la production pétrolière mondiale : impacts, adaptation et gestion du risque - résumé

      Par Robert L. Hirsch, Roger Bezdek, Robert Wendling, février 2005

      Le pic mondial de production de pétrole confronte les États-Unis et le monde à un problème de gestion des risques sans précédent. A l’approche du pic, le prix des carburants liquides et la volatilité des cours vont augmenter considérablement, et, en l’absence de mesures d’adaptation prises en temps opportun, les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédents. Des options d’adaptation viables existent à la fois en ce qui concerne l’offre et la demande, mais pour qu’elles aient un impact significatif, elles doivent être mises en oeuvre plus d’une décennie avant le pic.

      En 2003, le monde a consommé un peu moins de 80 millions de barils de pétrole par jour (Mb/j) La consommation des États-Unis avoisinait les 20 Mb/j, dont les deux-tiers dans le secteur des transports. Les États-Unis ont une flotte d’environ 210 millions d’automobiles et de véhicules légers (fourgonnettes, pick-up et SUV). L’âge moyen des automobiles des États-Unis est de neuf ans. Dans des conditions normales, le remplacement de seulement la moitié du parc automobile nécessiterait 10 à 15 ans. L’âge moyen des véhicules légers est de sept ans. Dans des conditions normales, le remplacement de la moitié de ce parc demanderait de 9 à 14 ans. Bien que des améliorations significatives dans l’efficacité de la consommation de carburant soient possibles dans ces gammes de véhicules, toute solution supportable en termes de coût pour la mise à niveau de ce parc prendra intrinsèquement beaucoup de temps, ce qui nécessitera plus d’une décennie pour réaliser d’importantes améliorations de l’efficacité globale de la consommation de carburant.

      Outre la découverte de nouveaux gisements pétroliers, il existe des solutions dans le secteur privé permettant d’augmenter les approvisionnements pétroliers et la production de carburants liquides de substitution :

      1) Une amélioration du taux de recouvrement (Improved Oil Recovery) peut légèrement augmenter la production des gisements existants : l’une des techniques les plus efficaces est celle de la récupération assistée des hydrocarbures (Enhanced Oil Recovery), qui peut contribuer à modérer le déclin de la production dans les gisements ayant dépassé leur pic de production

      2) le pétrole lourd des sables bitumineux représente une grande ressource de pétrole de qualité moindre, aujourd’hui essentiellement extraite au Canada et au Venezuela : ces ressources sont capables d’importantes augmentations de production ;.

      3) La liquéfaction du charbon est une technique bien connue de production de carburants de substitution propres à partir des abondantes réserves de charbon mondiales, et enfin,

      4) des carburants de substitution propres peuvent être produits à partir du gaz naturel, mais l’exploitation de cette ressource est en concurrence avec la demande croissante de gaz naturel liquéfié dans le monde. Toutefois, une contribution d’envergure mondiale de ces options nécessitera de 10 à 20 ans d’efforts accélérés.

      Faire face au pic mondial de production pétrolière sera une tâche extrêmement complexe, nécessitant littéralement des trillions de dollars et exigeant de nombreuses années d’efforts intenses. Pour explorer ces difficultés, trois scénarios d’adaptation ont été analysés :

      • Scénario I : l’action n’est pas engagée avant l’apparition du pic.

      • Scénario II : l’action est engagée 10 ans avant le pic.

      • Scénario III : l’action est engagée 20 ans avant le pic.

      Attendre l’apparition du pic pour débuter un programme d’action d’urgence se traduit par un déficit important de carburant durant plus de deux décennies.

      Débuter un programme d’action d’urgence 10 ans avant le pic améliore considérablement la situation mais laisse encore un déficit de carburant durant environ une décennie après le pic

      Débuter un programme d’action d’urgence 20 ans avant le pic semble donner la possibilité d’éviter un déficit de carburant durant pour la période étudiée. [1]

      Dans le cadre de cette analyse les estimations des contributions possibles de chaque option d’adaptation ont été étudiées en se basant sur une mise en œuvre d’urgence des programmes d’adaptation.

      Notre approche a été simplifiée afin de rester claire et de faciliter la compréhension. Nos estimations sont approximatives, mais l’enveloppe de l’adaptation requise qui en résulte est considérée comme fournissant une indication de la réalité de cette énorme entreprise. La conclusion inévitable est que plus d’une décennie sera nécessaire pour mettre en oeuvre les efforts collectifs à même de produire des résultats affectant de façon significative l’impact sur l’offre et la demande mondiale de carburants liquides.
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      Commentaire


      • #4
        Les observations et conclusions importantes de cette étude sont les suivantes :

        1. Le moment où le pic de production mondial de pétrole aura lieu n’est pas connu avec certitude. Un problème fondamental pour la prévision du pic pétrolier est celui de la mauvaise qualité des données sur les réserves de pétrole et des préoccupations politiques qui en biaisent éventuellement la sincérité. Certains experts estiment que le pic pourrait se produire bientôt. Cette étude indique que « bientôt » se situe dans les 20 ans à venir.


        Estimations (en 2005) de la date du pic : année et source

        2. Les problèmes liés au pic de la production mondiale de pétrole ne seront pas temporaires, et l’expérience des « crises énergétiques » du passé ne fournira que relativement peu d’indications. Le défi posé par le pic pétrolier mérite une attention sérieuse et immédiate, afin que les risques soient bien compris et que les politiques d’atténuation soient entreprises à temps.

        3. Le pic pétrolier va provoquer un grave problème pour le secteur du transport. Ce ne sera pas une « crise de l’énergie » au sens habituel où ce terme a été utilisé.

        4. Le pic se traduira par des cours du pétrole nettement plus élevés, ce qui entraînera des difficultés économiques prolongées aux États-Unis et dans le monde. Toutefois, les problèmes ne sont pas insolubles. Des mesures d’atténuation agressives, prises en temps opportun, traitant à la fois du problème de l’offre et de la demande, seront requises.

        5. Dans les pays développés, les problèmes seront particulièrement graves. Dans les pays en développement les problèmes du pic sont potentiellement bien pires.

        6. L’adaptation nécessitera un minimum de dix ans d’intenses et coûteux efforts, car l’ampleur des mesures d’adaptation pour les carburants est en soi considérable.

        7. Bien qu’il soit essentiel d’accroitre l’efficacité énergétique des consommations finales, cette mesure à elle seule ne sera ni suffisante, ni suffisamment rapide pour résoudre le problème. La production de grandes quantités de carburants de substitution sera nécessaire. Un certain nombre de technologies commercialisables ou quasi-commercialisables de production de carburants de substitution sont actuellement disponibles pour le déploiement, de sorte que la production de grandes quantités est réalisable avec la technologie existante.

        8. L’intervention des gouvernements sera nécessaire, car faute de quoi les impacts économiques et sociaux du pic pétrolier provoqueraient le chaos. Les expériences des années 1970 et 1980 fournissent des exemples importants pour guider les actions du gouvernement et déterminer ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas, mais le processus ne sera pas aisé.

        L’adaptation au pic de production mondial de pétrole conventionnel relève d’un problème de gestion du risque classique :

        • une adaptation débutée rapidement peut se révéler prématurée, si le pic intervient bien plus tard.

        • Si le pic est imminent, l’absence de mesures d’adaptation en temps voulu pourrait être extrêmement préjudiciable.

        Une gestion prudente des risques exige la planification et la mise en œuvre des mesures d’adaptation bien avant le pic. Des politiques précoces d’adaptation seront presque certainement moins coûteuse que si elles sont mises en oeuvre tardivement. Une caractéristique unique du problème du pic pétrolier mondial tient à l’incertitude du calendrier, en raison de l’insuffisance des données sur les réserves de par le monde et de leur biais potentiel En outre, le signal de l’arrivée du pic peut être obscurci par la nature volatile des cours du pétrole. En raison de l’immense impact économique potentiel du pic pétrolier et de l’ampleur des incertitudes relatives à toutes les facettes du problème, il est essentiel de disposer d’études quantitatives détaillées pour lever ces incertitudes et explorer les stratégies d’adaptation.


        Solde entre la consommation pétrolière et les découvertes

        Le but de cette analyse était d’identifier les problèmes critiques liés à la survenue du pic pétrolier mondial et aux mesures d’adaptation. Nous avons beaucoup simplifié la complexité dans le but de fournir une analyse claire. Néanmoins, notre étude n’est ni simpliste ni sommaire. Nous sommes conscients du fait que lorsque les prix du pétrole grimperont de façon spectaculaire, les conséquences sur la demande et l’économie qui apparaitront alors modifieront nos hypothèses simplificatrices. L’examen de ces rétroactions sera une tâche ardue, mais qui devra être entreprise.

        Notre étude nécessitait que nous fassions un certain nombre d’hypothèses et d’estimations. Nous reconnaissons que des analyses approfondies peuvent donner des résultats différents.

        Néanmoins, cette analyse démontre clairement que la clé de l’adaptation au pic de production mondial du pétrole sera la construction d’un grand nombre d’installations de production de carburants de substitution, couplée à des augmentations significatives de l’efficacité énergétique des transports. Le temps nécessaire pour s’adapter à un pic de production pétrolière mondial se mesure sur une échelle de temps en décennies. Les infrastructures de production concernées sont importantes et coûteuses en capital. Il reste à déterminer quand et comment les gouvernements décideront de s’attaquer à ces défis.

        L’accent mis sur les technologies d’adaptations commercialisables ou quasi-commercialisables existantes montre qu’un certain nombre de technologies sont actuellement prêtes pour une mise en œuvre complète et rapide. Notre analyse ne visait pas à se limiter en la matière. Nous pensons que les recherches futures fourniront des options d’adaptation supplémentaires, certaines pouvant-être meilleures que celles que nous avons considérées. De fait, il conviendrait d’accélérer les recherches menées par le public et le privé sur les technologies d’adaptation. Toutefois, le lecteur doit comprendre que ces recherches permettant de commercialiser les nouvelles technologies prennent du temps, dans le meilleur des cas. De ce fait plus d’une décennie de déploiement intense serait nécessaire pour obtenir un impact à l’échelle mondiale, en raison de l’ampleur de la consommation de pétrole mondiale.

        En résumé, le problème du pic de production mondial de pétrole conventionnel ne ressemble à aucun autre de ceux rencontrés par les sociétés industrielles modernes. Les défis et les incertitudes doivent être bien mieux compris. Il existe des technologies permettant de s’adapter à ce problème. Une gestion décisive du risque, en temps opportun, est fondamentale.



        Robert Hirsch : la production pétrolière va commencer à décliner dans les 5 ans

        Robert Hirsch répond aux questions de Steve Andrew, pour l’ASPO, et revient sur son parcours professionnel, les circonstances de la publication du rapport du DOE, et la réaction embarrassée des autorités devant les résultats de son étude.

        Publication originale Department of Energy, traduction Contre Info

        Illustrations : rapport Hirsch
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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