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Environnement : une place au soleil

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    Économies d’énergie tous azimuts, lutte contre la pollution, meilleure gestion des déchets et, bientôt, charte nationale globale : le royaume est résolument passé au vert. Par souci écologique, certes, mais aussi par intérêt économique.
    L’environnement comme outil du développement. C’est le pari, ambitieux, que semble vouloir tenir le Maroc. Depuis l’annonce par le roi, lors du discours du Trône du 30 juillet 2009, de l’élaboration d’une Charte nationale de l’environnement et du développement durable, c’est tout le gouvernement, mais aussi les entreprises, les associations et les citoyens qui ont été appelés à faire des propositions. Conçu comme un projet de société qui nécessite la contribution et l’adhésion de tous, le texte de la charte existe déjà et est en cours d’amélioration, afin de prendre en compte les résultats des consultations lancées auprès des collectivités locales, de la société civile et des citoyens dans les régions, mais aussi sur le site internet qui lui est dédié. Il doit être officiellement présenté pour la Journée mondiale de la Terre, le 22 avril.
    Depuis dix ans, le royaume connaît un développement dans tous les secteurs : industrie, infrastructures, agriculture, tourisme, mise à niveau urbaine… Autant de progrès et d’évolutions qui ont eu des conséquences néfastes sur l’environnement. Selon le ministère du Commerce et de l’Industrie, la dégradation de l’environnement coûterait chaque année au Maroc 13 milliards de dirhams (1,13 milliard d’euros), soit près de 3,7 % de son PIB. « Non seulement ces charges risquent d’impacter le *rythme de développement à venir du pays, mais cela a des conséquences directes sur le cadre de vie et le bien-être des citoyens », explique Abdellali Kaoukabi, responsable de la communication au secrétariat d’État à l’Environnement.
    Une logique fédératrice
    La Charte nationale de l’environnement pose, d’abord, des principes, à commencer par le droit pour chaque citoyen à vivre dans un environnement sain et le devoir réciproque de protéger cet environnement. Les pouvoirs publics sont par ailleurs appelés à renforcer le dispositif législatif et réglementaire en matière d’environnement et de développement durable, ainsi que les mécanismes de sa mise en œuvre, de son suivi et de son contrôle.
    Pour élaborer cette charte, un comité permanent est en place depuis six mois, accompagné d’un comité scientifique et d’un comité juridique. Fait inédit au Maroc, la rédaction du texte se fait de manière participative. Un site internet a été créé pour recevoir les idées et propositions des citoyens qui seront prises en compte par les comités. Illustration, donc, du «concept d’environnement de proximité », que le roi a appelé de ses vœux dans son discours du Trône. « Si nous voulons qu’une telle démarche réussisse, ajoute Kaoukabi, il faut que tous les acteurs se mobilisent et qu’il y ait une vraie prise de conscience écologique dans la société marocaine. »
    Pendant tout le mois de février, des consultations entre le gouvernement, les collectivités locales et les citoyens ont été organisées dans les seize régions du royaume, qui ont pu par ailleurs découvrir le projet de charte. Des observatoires régionaux doivent être créés, qui seront chargés d’« élaborer des rapports annuels sur la situation environnementale, d’assurer le suivi de la situation écologique et de corriger les dysfonctionnements constatés dans ce domaine », a souligné Abdelkebir Zahoud, secrétaire d’État chargé de l’Eau et de l’Environnement.
    L’ensemble des volets de la charte va donner un coup d’accélérateur inespéré aux différents programmes que mène le secrétariat d’État. Notamment en matière d’assainissement, une priorité nationale. Le Maroc affiche en effet un retard considérable en ce domaine : 600 millions de m3 d’eaux usées urbaines sont aujourd’hui rejetés dans le milieu naturel sans aucun traitement préalable. Le pays vise un niveau de raccordement global au réseau de 80 % à l’horizon 2020 et s’engage à ce que 100 % des eaux usées *collectées soient traitées ou valorisées à l’horizon 2030. Coût global du programme : 80 milliards de dirhams (7 milliards d’euros).


    Des contraintes aux atouts
    Du fait de la croissance urbaine, le Maroc connaît un problème accru de gestion des déchets. La seule production de déchets ménagers est estimée à plus de 6,5 millions de tonnes par an (dont 5 millions en milieu urbain), c’est-à-dire 18 000 t/jour (soit près de 0,7 kg/hab/jour). Les priorités sont d’améliorer la collecte, dont le taux moyen est de 70 %, d’augmenter le nombre de décharges contrôlées dans toutes les villes et de traquer les décharges sauvages, de professionnaliser la gestion de ce secteur et de développer la filière tri-recyclage-valorisation. La lutte contre la prolifération et la pollution des sacs plastique, devenue un véritable fléau dans le pays, devrait également faire partie de la charte nationale. Une loi interdisant la production des sacs noirs en plastique – extrêmement toxiques – serait, en particulier, à l’ordre du jour.
    Enfin, l’engagement pour l’environnement et en faveur des énergies renouvelables – solaire, éolienne, hydraulique – doit aussi conduire le Maroc, aujourd’hui dépendant à 96 % de l’extérieur pour son approvisionnement énergétique, à « bâtir un nouveau modèle économique », comme le souligne Mustapha Bakkoury, président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire. Le pays prévoit notamment de construire, d’ici à 2019, cinq centrales solaires d’une puissance totale de 2 000 MW et d’augmenter la puissance de son parc éolien de 2 280 MW. Des choix politiques et stratégiques qui font aussi du Maroc un terrain d’investissements et d’expérimentations privilégié pour les nombreuses entreprises étrangères qui travaillent désormais sur les technologies vertes. Et qui aiguisent l’appétit d’entreprises et de groupes nationaux et internationaux dans tous les domaines – gestion durable de l’eau, des déchets, des énergies renouvelables, etc.
    Pour Saïd Mouline, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables, « l’économie verte est une économie d’avenir. Elle recèle d’importantes opportunités, qu’il faut être les premiers à saisir ». Les industriels, loin d’être frileux face aux normes et législations écologistes, semblent pour la plupart y trouver leur compte, « conscients des enjeux et prêts à se conformer aux nouvelles dispositions », remarque un cadre du secrétariat d’État à l’environnement. Le gouvernement, qui prépare notamment un texte sur le principe « pollueur-payeur », va d’ailleurs travailler en concertation avec eux pour faire entrer en vigueur, dès 2013, une loi fixant la limitation de production de déchets liquides. En la matière, il risque cependant, sur le terrain, d’avoir du fil à retordre avec la concurrence déloyale et la résistance de l’informel.
    Au Maroc, le souci de l’environnement n’est pas nouveau. Hassan II, en son temps, était déjà un pionnier de l’écologie, comme en témoigne l’ambitieuse politique des barrages qu’il avait lancée. Dans les années 1990, un observatoire de l’environnement a même été créé. Depuis, le royaume s’est efforcé d’enrichir son arsenal juridique en matière de préservation de l’environnement avec la loi sur l’eau, en 1995, ou celle sur la protection et la mise en valeur de l’environnement, en 2003. À l’heure où les pays industrialisés rechignent à s’engager pleinement et après le résultat plus que mitigé du sommet de Copenhague, en décembre, la stratégie du Maroc est un signal fort en direction des pays en développement. Plutôt qu’une contrainte supplémentaire, l’impératif environnemental pourrait bien être un nouvel outil du développement et un tremplin vers une croissance plus forte, et, en tout cas, plus pérenne.


    JEUNE AFRIQUE
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