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France Maroc une facilitation maximale de la circulation des personnes

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  • France Maroc une facilitation maximale de la circulation des personnes

    · Au menu, bourses, stages, facilité de circulation…

    · Objectif: donner du sens à la mobilité des jeunes


    Eric Besson est aujourd’hui, jeudi 29 avril, à Tanger pour donner le coup d’envoi à la création de l’Office méditerranéen de la jeunesse. Le ministre français de l’Immigration, fervent défenseur du débat sur l’identité nationale, explique les enjeux d’un projet «de promotion des mobilités circulaires qualifiantes dans l’ensemble du bassin méditerranéen». Selon lui, cette structure a vocation à porter par la suite d’autres projets, dans les domaines de la formation professionnelle et des échanges de jeunes par exemple. Dans cet entretien à L’Economiste, le ministre aborde également le volet intégration de la politique migratoire de la France.

    - L’Economiste: On l’a vu pour l’UPM, les projets méditerranéens ont souvent du mal à passer de la théorie à la pratique. Quels garde-fous justement pour l’Office méditerranéen de la jeunesse?

    - Eric Besson: Qu’y a-t-il de plus concret que la mobilité des jeunes? L’Office méditerranéen de la jeunesse sera opérationnel dès la fin de l’année. A Tanger, 16 pays des deux rives de la Méditerranée et l’Union européenne définiront ensemble l’architecture de l’Office et le périmètre du projet: des facilités de circulation, des bourses, des offres de stages et un mécanisme de parrainage pour l’accès à un premier emploi. Les premières entreprises approchées ne cachent pas leur enthousiasme: elles sont prêtes à s’engager aux côtés des Etats.

    - Le projet annonce une facilitation des procédures de visa, mais uniquement pour les filières d’excellence. Du coup, l’opinion pense que c’est une nouvelle forme de quotas.

    - Quelle vision pessimiste d’un projet tourné vers l’avenir! Notre ambition, celle de tous les pays participant au projet, c’est de donner la priorité à la jeunesse, de lui donner accès à un espace méditerranéen du savoir et de compétences. Pour y arriver, nous avons décidé de procéder par étapes, de façon pragmatique. La première brique de cet office cible en effet des filières universitaires d’excellence, mais pas n’importe lesquelles. Il s’agit de privilégier des filières d’intérêt méditerranéen, c’est-à-dire identifiées au nord comme au sud de la Méditerranée, pour leur capacité à construire les compétences de demain. Nous travaillons dans l’intérêt méditerranéen et nous donnons du sens à la mobilité des jeunes. Ce que nous réalisons aujourd’hui à Tanger est une première étape. L’Office méditerranéen de la jeunesse a vocation à porter par la suite d’autres projets, dans les domaines de la formation professionnelle et des échanges de jeunes par exemple.

    - Les pays de la rive sud redoutent que ces nouvelles «facilités» ne se traduisent par une fuite des cerveaux?

    - Pourquoi ne pas imaginer l’inverse? Pensez-vous que tous les pays de la rive sud participeraient à ce projet avec autant d’enthousiasme et de détermination s’ils avaient les craintes que vous exprimez? C’est un projet de promotion des mobilités circulaires qualifiantes (y compris entre les pays du Sud eux-mêmes) dans l’ensemble du bassin méditerranéen.

    - Comment croire aux engagements lorsque l’accès au marché du travail français, par exemple, reste toujours difficile pour des étudiants étrangers qualifiés?

    - D’un côté, vous craignez une «fuite des cerveaux», de l’autre vous regrettez un marché du travail français trop «restrictif» pour des étudiants étrangers qualifiés. Cette remarque étant formulée, je vous signale que la France a mis en place un dispositif particulièrement ouvert. Les étudiants étrangers de niveau master peuvent solliciter une autorisation provisoire de séjour d’une durée de 6 mois pour rechercher et exercer un travail en France après y avoir obtenu leur diplôme. Connaissez-vous beaucoup de pays qui ouvrent si largement leur marché du travail aux compétences étrangères?

    - Compte tenu de son rôle de bouclier sud de l’Europe en matière de lutte contre l’immigration clandestine, le Maroc aura-t-il droit à un statut privilégié?

    -Le Maroc est un partenaire majeur pour la France et pour l’Union européenne. Le statut avancé obtenu en 2008 consacre ce niveau de coopération exceptionnelle, y compris dans les domaines de la lutte contre l’immigration irrégulière, de la promotion des migrations légales et du développement solidaire. Au cours de ma visite au Maroc, je proposerai que nous franchissions de nouvelles étapes pour parvenir à une facilitation maximale de la circulation des personnes entre nos deux pays.

    - La politique migratoire française envoie des signaux ambivalents. D’un côté, elle s’ouvre sur les profils solvables sur le plan économique ou académique. De l’autre, elle se durcit à l’égard des filières d’immigration classique, celles du regroupement familial ou d’asile.

    - Comment voulez-vous bien accueillir les étrangers sur votre territoire si vous ne leur donnez pas toutes les chances de maîtriser la langue et les valeurs de la société d’accueil, d’exercer un emploi et de trouver un logement? L’immigration «choisie» à laquelle vous faites référence répond à cet objectif.
    Cette politique n’est pas celle de la France: il s’agit d’une politique des 27 Etats membres de l’Union européenne. Permettez-moi de vous donner quelques chiffres: en 2009, 174.000 étrangers ont été admis en France au titre du long séjour et 108.000 se sont vu octroyer la nationalité française.
    Nous sommes par ailleurs le deuxième pays au monde pour la demande d’asile. Loin d’être une forteresse, la France est un pays ouvert et solidaire, qui n’oublie pas que l’intégration des étrangers est une condition sine qua non pour le demeurer.

    Le natif de Marrakech

    Éric Besson est l’un des ministres français qui incarne la transhumance politique, qualifiée en France d’ouverture initiée par le président Nicolas Sarkozy envers des membres du PS et du Modem. Ancien maire-député et ex-cadre du parti socialiste qu’il a quitté en pleine campagne présidentielle de 2007, Eric Besson a occupé plusieurs postes de responsabilité. Il a été secrétaire d’État chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique en janvier 2009. Date à laquelle il a été promu ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire. Ces dernières semaines, Eric Besson est très sollicité par les médias pour expliquer sa position sur l’interdiction de la burqa.

    Propos recueillis par
    Mohamed BENABID
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