Doing Business au Maroc: Faut-il s'inquiéter?
22-04-2010
Doing Business est un projet de la Banque mondiale qui mesure la réglementation des affaires dans les différents pays (183 pour le rapport 2010). Il s’agit de classer ces pays selon l’indice de « facilité de faire des affaires ». Le rang de chaque économie correspond à la simple moyenne des rangs, en percentile, de chaque pays dans les 10 catégories couvertes par Doing Business : la création d’entreprise, l’octroi de licences (permis de construire), l’embauche des travailleurs, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investisseurs, le paiement des taxes et impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats, la fermeture d’entreprise.
Le rapport 2010 montre que le Maroc reste très mal placé sur le plan global. Classé 128e parmi 183 pays, il n’a gagné que deux places entre 2009 et 2010. Cette légère amélioration est due essentiellement à l’amélioration sensible du classement relatif dans l’indicateur « Obtention des prêts » pour lequel le Maroc a réalisé un bond de 44 rangs et, secondairement, au gain de quatre places dans l’indicateur « exécution des contrats ». En revanche, le Maroc semble régresser dans la plupart des indicateurs, notamment ceux relatifs à la « création d’entreprises » (-17 points), l’« octroi de permis de construire » (-7 points), le « paiement des impôts », le transfert de propriété » (-5 points). Il y a lieu de noter aussi que pour les indicateurs « embauche de travailleurs » et « protection des investisseurs », le Maroc reste classé parmi les tous derniers pays, respectivement 176 et 165 parmi les 183 pays classés.
Ce projet a l’avantage de mettre l’accent sur le lien entre réglementation et développement de l’entreprise. Cependant, il souffre de nombreuses limites sur le plan méthodologique mais surtout conceptuel, son idée de base étant que moins de réglementation est synonyme de progrès, ce qui est largement contestable comme le montre la crise financière internationale récente et les expériences de développement de nombreux pays. En effet, le programme est fondé sur une vision simple du libéralisme qui flirte avec l’ultralibéralisme et qui considère explicitement que le progrès économique va de pair avec moins de réglementation. Or la crise financière internationale dont les causes trouvent leurs origines justement dans l’absence de réglementation, c’est à dire dans l’horizon des réformes prônés par les initiateurs du Doing Business.
Les limites de cette vision libérale du rôle du marché du travail dans le développement se traduit notamment par le fait que concernant l’indicateur « embauche des travailleurs », même certains pays développés se trouvent mal classés, comme le montre le classement de l’Allemagne (158e), de la France (155e), de la Suède (117e), de la Norvège (114e) et de la Corée du Sud (150e). Le bon classement de la plupart de ces pays sur le plan de la compétitivité internationale et, plus généralement, sur le plan du développement économique et social, devrait faire réfléchir longuement sur la pertinence des indicateurs de Doing Business et du danger d’en faire un argument de réforme.
22-04-2010
Doing Business est un projet de la Banque mondiale qui mesure la réglementation des affaires dans les différents pays (183 pour le rapport 2010). Il s’agit de classer ces pays selon l’indice de « facilité de faire des affaires ». Le rang de chaque économie correspond à la simple moyenne des rangs, en percentile, de chaque pays dans les 10 catégories couvertes par Doing Business : la création d’entreprise, l’octroi de licences (permis de construire), l’embauche des travailleurs, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investisseurs, le paiement des taxes et impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats, la fermeture d’entreprise.
Le rapport 2010 montre que le Maroc reste très mal placé sur le plan global. Classé 128e parmi 183 pays, il n’a gagné que deux places entre 2009 et 2010. Cette légère amélioration est due essentiellement à l’amélioration sensible du classement relatif dans l’indicateur « Obtention des prêts » pour lequel le Maroc a réalisé un bond de 44 rangs et, secondairement, au gain de quatre places dans l’indicateur « exécution des contrats ». En revanche, le Maroc semble régresser dans la plupart des indicateurs, notamment ceux relatifs à la « création d’entreprises » (-17 points), l’« octroi de permis de construire » (-7 points), le « paiement des impôts », le transfert de propriété » (-5 points). Il y a lieu de noter aussi que pour les indicateurs « embauche de travailleurs » et « protection des investisseurs », le Maroc reste classé parmi les tous derniers pays, respectivement 176 et 165 parmi les 183 pays classés.
Ce projet a l’avantage de mettre l’accent sur le lien entre réglementation et développement de l’entreprise. Cependant, il souffre de nombreuses limites sur le plan méthodologique mais surtout conceptuel, son idée de base étant que moins de réglementation est synonyme de progrès, ce qui est largement contestable comme le montre la crise financière internationale récente et les expériences de développement de nombreux pays. En effet, le programme est fondé sur une vision simple du libéralisme qui flirte avec l’ultralibéralisme et qui considère explicitement que le progrès économique va de pair avec moins de réglementation. Or la crise financière internationale dont les causes trouvent leurs origines justement dans l’absence de réglementation, c’est à dire dans l’horizon des réformes prônés par les initiateurs du Doing Business.
Les limites de cette vision libérale du rôle du marché du travail dans le développement se traduit notamment par le fait que concernant l’indicateur « embauche des travailleurs », même certains pays développés se trouvent mal classés, comme le montre le classement de l’Allemagne (158e), de la France (155e), de la Suède (117e), de la Norvège (114e) et de la Corée du Sud (150e). Le bon classement de la plupart de ces pays sur le plan de la compétitivité internationale et, plus généralement, sur le plan du développement économique et social, devrait faire réfléchir longuement sur la pertinence des indicateurs de Doing Business et du danger d’en faire un argument de réforme.
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