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Attaqué en Bourse, BP va devoir rendre des comptes

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  • Attaqué en Bourse, BP va devoir rendre des comptes

    Invité du Forum économique mondial de Davos fin janvier, Tony Hayward, le directeur général de BP, avait fait forte impression en se déclarant optimiste sur la capacité des majors des hydrocarbures à relever le "défi de l'offre" face à la flambée de la demande des pays émergents.

    Ce docteur en géologie de l'université d'Edimbourg, âgé de 52 ans, avait cité en exemple les opérations de sa compagnie dans le golfe du Mexique. Quelques mois auparavant, BP y avait en effet découvert un nouveau gisement gigantesque baptisé Tiber, situé à 1 500 mètres de profondeur. Ce filon supplémentaire devait permettre à BP d'affirmer sa place de premier producteur de la région, loin devant Shell, Exxon et Chevron.

    Aujourd'hui, l'heure n'est plus à l'euphorie. La marée noire provoquée par le naufrage, le 22 avril, de Deepwater Horizon, une autre plate-forme exploitée par BP dans le Golfe, a fait chuter le cours de Bourse du titre (–12%). Les investisseurs anglosaxons sont inquiets des retombées négatives sur le bilan et la réputation de la société. A la clôture boursière du 30 avril, 23 milliards de dollars (17,3 milliards d'euros) de capitalisation boursière s'étaient envolés.

    "La réaction des marchés est exagérée": la City a fait la sourde oreille aux appels à la raison des analystes de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, pourtant jugés les meilleurs du secteur pétrolier. Dans cette affaire, Goldman Sachs est perçue à la fois comme juge et partie : Lord Browne, le prédécesseur de M. Hayward, est administrateur de la banque d'investissement, tandis que Peter Sutherland, l'ex-président de BP, préside Goldman Sachs International.

    A l'évidence, les sommes colossales – 16millions de dollars en 2009 – dépensées par le géant des hydrocarbures pour s'assurer les soutiens politiques à Washington n'ont été d'aucune utilité face à l'opprobre qui le frappe aujourd'hui.

    CHASSE AUX COÛTS

    Pourtant, propulsé à la tête de BP en mai 2007 à la suite de la démission de Lord Browne, impliqué dans un scandale sexuel, M. Hayward n'a pas ménagé sa peine pour envoyer des signaux positifs aux marchés. Pour préparer, selon ses dires, l'entreprise à une baisse des cours du pétrole, il a lancé la chasse aux coûts.

    Dans la City, de l'avis général, Tony Hayward a effectué un parcours sans faute sur le volet de la création de valeur à l'actionnaire. Sans indulgence, le nouveau venu a supprimé 5 000 emplois en abolissant jusqu'à quatre niveaux de hiérarchie pour en terminer avec une structure trop complexe. En 2009, il s'est engagé à obtenir 3 milliards de livres (3,4 milliards d'euros) d'économies supplémentaires. Mais, à l'écouter, le budget sécurité n'aurait pas été touché par cette mise au régime.

    Une affirmation qui laisse les organisations écologiques largement sceptiques. Conjuguée à cette cure d'austérité, la flambée des prix du pétrole a permis aux bénéfices de BP de s'envoler au premier trimestre 2010 malgré la stagnation de la production à 4 millions de barils par jour et le recul de ses profits dans le raffinage et la distribution.

    UNE DIRECTION COLLÉGIALE

    Restait un style à inventer après la dérive dictatoriale de Lord Browne, surnommé le "Roi-Soleil" pour sa soif d'un pouvoir absolu. Autant Lord Browne était autoritaire et conflictuel, autant Tony Hayward a préféré une direction collégiale et le travail en équipe. Le patron de BP a horreur de faire parler de lui dans les médias et fuit le monde politique.

    Enfin, la mise en exploitation de nouveaux gisements en Angola, à Trinité-et-Tobago et dans le golfe du Mexique a compensé la maturité de ses sites historiques de la mer du Nord et de l'Alaska ou des sites hérités lors du rachat d'Amoco, Arco et de Burmah Castrol. Le fort taux de remplacement des réserves de la compagnie (129 % en 2009) est un autre atout.

    De plus, malgré son différend avec ses trois actionnaires oligarques, aujourd'hui réglé, la coentreprise russo-britannique TNK-BP s'est révélée un grand succès. La compagnie peut se targuer de nouveaux projets en préparation, en particulier en Azerbaïdjan et au Ghana.

    "Comment cela a-t-il pu arriver ?", s'est interrogé M. Hayward en apprenant le naufrage de la plate-forme. Le directeur général de BP va en tout cas devoir rendre des comptes.

    Par Le Monde
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