C’est une jeune fille un peu timide qui se présente à notre rendez-vous, ce mercredi 21 avril. Zahia Dehar, 18 ans depuis la fin février, a enfilé à la hâte son plus beau jogging, un modèle rose griffé, et chaussé des ballerines noires. Elle est ravissante, toute menue – une taille 34, à tout casser –, et semble dépassée par les événements... On dirait un poussin tombé du nid. Ses longs cheveux blonds – des extensions – lui mangent le visage. Sans son maquillage, elle paraît 16 ans à peine... Rien à voir avec les photos postées sur son blog, des clichés très « décolletés » qui lui donnent un air de Paris Hilton à la française. Mais Zahia n’est pas Paris Hilton... Elle a dû quitter, le matin même, la maison familiale. Devant le petit pavillon du Val-de-Marne où elle réside avec sa maman, Yamina, son beau-père et son petit frère de 16 ans, Zakaria, des journalistes, des photographes sont « en planque ». Son adresse, son numéro de téléphone circulent... Depuis ce matin, des photos d’elle quand elle était mineure, capturées sur son blog, sont diffusées sur Internet. Des extraits plus ou moins fantaisistes de sa déposition à la BRP (Brigade de répression du proxénétisme) tournent en boucle sur les chaînes de télévision. Zahia est au cœur de l’affaire de « proxénétisme aggravé avec une mineure » qui secoue les Bleus. La « mineure », c’était elle, mais pas la « prostituée ». Zahia insiste : elle ne veut pas qu’on l’appelle comme ça...
Paris Match. Zahia, vous avez 18 ans et vous êtes d’origine marocaine. Quand êtes-vous arrivée en France ?
Zahia. Mais je ne suis pas du tout d’origine marocaine, je suis d’origine algérienne ! Je suis née à Ghriss, en Algérie, le 25 février 1992 [elle montre son passeport], et je suis arrivée en France en 2002 avec ma mère et mon petit frère. J’avais 10 ans.
C’est bien vous qui avez été interpellée le lundi 12 avril au Zaman café, avec d’autres jeunes femmes, dans le cadre d’une affaire de proxénétisme ?
C’est faux ! Le Zaman café n’est pas un endroit que je fréquente et je ne connais pas les filles qui ont été interpellées ce soir-là, sauf une. J’ai appris qu’elle avait été mise en examen pour proxénétisme [il s’agit d’une nommée Dora], mais elle n’est pas en prison. Je n’ai rien à voir avec les gens qui étaient dans cet endroit. La presse a écrit n’importe quoi !
Vous avez néanmoins été entendue dans le cadre de cette affaire. Comment cela s’est-il passé ?
Les policiers se sont présentés chez moi le 12 avril, vers 17 heures. J’étais absente. Ma mère, qui vient d’être opérée, était à la maison. Elle m’a appelée et je suis venue immédiatement. Les policiers m’ont demandé de les suivre, ce que j’ai fait.
Votre pavillon a été perquisitionné ?
Mais non, je n’ai rien fait de mal. Pourquoi une perquisition ? Je n’ai rien volé à personne !
Vous connaissiez les raisons de cette “convocation policière” ?
Ils m’ont demandé si je savais pourquoi ils voulaient m’interroger, mais je ne savais rien. Ils m’ont alors expliqué qu’Abou et Kamel avaient été arrêtés pour proxénétisme aggravé, qu’ils étaient sur écoutes téléphoniques depuis plusieurs mois, et qu’ils savaient tout sur mes activités...
C’est-à-dire ?
Les policiers savaient que j’avais des relations sexuelles avec différentes personnes et que je me faisais payer pour ça, par des clients, qu’ils soient connus ou non. Mais je ne suis pas une prostituée, comme j’ai pu l’entendre ou le lire ! Je ne fais pas non plus partie d’un réseau, je n’ai pas de souteneur, je ne donne mon argent à personne. Je fais ce que je veux, j’ai des relations sexuelles payantes ou non avec qui je veux. Personne ne m’y oblige et, quand je ne veux pas, c’est non.
Depuis quand exercez-vous cette activité ?
Je sors en boîte de nuit, dans des soirées, depuis que j’ai 16 ans... J’ai toujours fait plus vieille que mon âge et, quand j’ai compris que je plaisais aux hommes, je me suis dit : “Pourquoi ne pas en profiter ?” Aujourd’hui, je me considère comme une escort girl, mais pas comme une prostituée. Il m’est arrivé d’accompagner des hommes à des soirées ou en voyage, et pas seulement pour avoir des rapports sexuels.
Quels sont les endroits que vous fréquentez ?
Le Club de l’Etoile, le Palais M, le Sens, un peu le VIP. L’après-midi, je vais dans les bars des palaces du VIIIe arrondissement.
Quels étaient vos tarifs ?
Je n’ai pas caché aux inspecteurs que je demandais 2 000 euros pour une nuit d’amour. Si c’était juste pour un moment de plaisir, je ne demandais que 500 euros. Vous savez, ce sont toujours les hommes qui m’ont fait des propositions. C’est pour cela que je refuse qu’on dise que je suis une “prostituée”. Je ne suis pas sur le bord d’un trottoir ou assise sur un tabouret de bar... Je sors dans des endroits branchés, je rencontre effectivement des gens du show-business, du sport... Mais ils proposent... et je dispose.
Pourquoi, lors de votre audition, avoir donné des détails et mis en cause des stars du football ?
Vous pensez bien que je n’ai pas raconté ça pour faire la maligne ! Les policiers avaient des écoutes. Les noms de certains footballeurs avaient été prononcés ainsi que mon nom, et je ne pouvais pas dire le contraire. Je ne leur ai confirmé que ce qu’ils savaient déjà, en leur donnant plus de détails, parce qu’ils ont insisté. Ils m’ont fait entendre mes conversations avec Dora, par exemple, ou avec Abou. C’était très clair, je ne pouvais pas nier.
Sur quoi ont-ils insisté ?
La chose la plus importante pour eux, c’est que je ne suis majeure que depuis février dernier. Ils m’ont expliqué qu’avoir des relations payantes avec moi, quand j’étais mineure, c’était un délit, autant pour ceux qui ont été mes clients que pour ceux qui me les ont présentés. C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé. Je n’avais jamais dit que j’étais mineure à qui que ce soit. Pour moi, mineure, c’était en dessous de 16 ans. Je sors d’ailleurs seule depuis mes 16 ans.
Benzema, Ribéry, Govou... Pour vous, c’étaient des clients ?
Oui, je ne suis pas une groupie des stars de football. Le premier a été Karim Benzema. Je l’ai rencontré en 2008 dans une boîte de nuit. Nous nous sommes revus à deux ou trois reprises, mais je confirme qu’il n’a jamais su mon âge. Il était jeune lui aussi, il avait 18 ans quand je l’ai connu. Mais je n’ai eu qu’une relation payante avec lui.
Quand vous étiez mineure ?
Oui.
Karim Benzema dément vos déclarations...
Il dit ce qu’il veut. Quel serait mon intérêt de mentir ? Il y a eu des témoins qui nous ont vus ensemble. C’est bien pour ça que je ne pouvais pas nier devant la police.
Concernant Franck Ribéry, c’est plus ennuyeux car il est plus âgé et marié.
Mais c’est lui qui a été demandeur ! Je suis venue en avion, accompagnée d’un de mes amis [Kamel, actuellement en détention pour proxénétisme aggravé], à qui il avait dû demander mes services, je suppose. C’était pour son anniversaire, ses 26 ans, le 7 avril 2009. Il avait réservé un hôtel de luxe à Munich. Nous avons eu une relation sexuelle, et il m’a payée.
Vous étiez son cadeau d’anniversaire ?
Je suis un joli cadeau, non ?
Qui a payé les billets d’avion pour Munich ?
Ça, je ne sais pas du tout. Kamel a peut-être fait l’avance et s’est fait rembourser...
Pour prendre l’avion, il faut donner sa date de naissance. Si c’est Ribéry qui a pris les billets, il peut avoir de vrais ennuis avec la justice.
Je suis certaine que les policiers ont déjà trouvé qui avait payé les billets. Ce n’est pas mon problème. J’ai juste confirmé que Franck Ribéry ne connaissait pas mon âge, je ne lui ai pas dit.
L’avez-vous revu ensuite ?
Oui, à deux reprises. La dernière fois, c’était fin décembre 2009, à Paris. J’ai eu du mal à me faire payer, mais il m’a réglée quand même.
Paris Match. Zahia, vous avez 18 ans et vous êtes d’origine marocaine. Quand êtes-vous arrivée en France ?
Zahia. Mais je ne suis pas du tout d’origine marocaine, je suis d’origine algérienne ! Je suis née à Ghriss, en Algérie, le 25 février 1992 [elle montre son passeport], et je suis arrivée en France en 2002 avec ma mère et mon petit frère. J’avais 10 ans.
C’est bien vous qui avez été interpellée le lundi 12 avril au Zaman café, avec d’autres jeunes femmes, dans le cadre d’une affaire de proxénétisme ?
C’est faux ! Le Zaman café n’est pas un endroit que je fréquente et je ne connais pas les filles qui ont été interpellées ce soir-là, sauf une. J’ai appris qu’elle avait été mise en examen pour proxénétisme [il s’agit d’une nommée Dora], mais elle n’est pas en prison. Je n’ai rien à voir avec les gens qui étaient dans cet endroit. La presse a écrit n’importe quoi !
Vous avez néanmoins été entendue dans le cadre de cette affaire. Comment cela s’est-il passé ?
Les policiers se sont présentés chez moi le 12 avril, vers 17 heures. J’étais absente. Ma mère, qui vient d’être opérée, était à la maison. Elle m’a appelée et je suis venue immédiatement. Les policiers m’ont demandé de les suivre, ce que j’ai fait.
Votre pavillon a été perquisitionné ?
Mais non, je n’ai rien fait de mal. Pourquoi une perquisition ? Je n’ai rien volé à personne !
Vous connaissiez les raisons de cette “convocation policière” ?
Ils m’ont demandé si je savais pourquoi ils voulaient m’interroger, mais je ne savais rien. Ils m’ont alors expliqué qu’Abou et Kamel avaient été arrêtés pour proxénétisme aggravé, qu’ils étaient sur écoutes téléphoniques depuis plusieurs mois, et qu’ils savaient tout sur mes activités...
C’est-à-dire ?
Les policiers savaient que j’avais des relations sexuelles avec différentes personnes et que je me faisais payer pour ça, par des clients, qu’ils soient connus ou non. Mais je ne suis pas une prostituée, comme j’ai pu l’entendre ou le lire ! Je ne fais pas non plus partie d’un réseau, je n’ai pas de souteneur, je ne donne mon argent à personne. Je fais ce que je veux, j’ai des relations sexuelles payantes ou non avec qui je veux. Personne ne m’y oblige et, quand je ne veux pas, c’est non.
Depuis quand exercez-vous cette activité ?
Je sors en boîte de nuit, dans des soirées, depuis que j’ai 16 ans... J’ai toujours fait plus vieille que mon âge et, quand j’ai compris que je plaisais aux hommes, je me suis dit : “Pourquoi ne pas en profiter ?” Aujourd’hui, je me considère comme une escort girl, mais pas comme une prostituée. Il m’est arrivé d’accompagner des hommes à des soirées ou en voyage, et pas seulement pour avoir des rapports sexuels.
Quels sont les endroits que vous fréquentez ?
Le Club de l’Etoile, le Palais M, le Sens, un peu le VIP. L’après-midi, je vais dans les bars des palaces du VIIIe arrondissement.
Quels étaient vos tarifs ?
Je n’ai pas caché aux inspecteurs que je demandais 2 000 euros pour une nuit d’amour. Si c’était juste pour un moment de plaisir, je ne demandais que 500 euros. Vous savez, ce sont toujours les hommes qui m’ont fait des propositions. C’est pour cela que je refuse qu’on dise que je suis une “prostituée”. Je ne suis pas sur le bord d’un trottoir ou assise sur un tabouret de bar... Je sors dans des endroits branchés, je rencontre effectivement des gens du show-business, du sport... Mais ils proposent... et je dispose.
Pourquoi, lors de votre audition, avoir donné des détails et mis en cause des stars du football ?
Vous pensez bien que je n’ai pas raconté ça pour faire la maligne ! Les policiers avaient des écoutes. Les noms de certains footballeurs avaient été prononcés ainsi que mon nom, et je ne pouvais pas dire le contraire. Je ne leur ai confirmé que ce qu’ils savaient déjà, en leur donnant plus de détails, parce qu’ils ont insisté. Ils m’ont fait entendre mes conversations avec Dora, par exemple, ou avec Abou. C’était très clair, je ne pouvais pas nier.
Sur quoi ont-ils insisté ?
La chose la plus importante pour eux, c’est que je ne suis majeure que depuis février dernier. Ils m’ont expliqué qu’avoir des relations payantes avec moi, quand j’étais mineure, c’était un délit, autant pour ceux qui ont été mes clients que pour ceux qui me les ont présentés. C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé. Je n’avais jamais dit que j’étais mineure à qui que ce soit. Pour moi, mineure, c’était en dessous de 16 ans. Je sors d’ailleurs seule depuis mes 16 ans.
Benzema, Ribéry, Govou... Pour vous, c’étaient des clients ?
Oui, je ne suis pas une groupie des stars de football. Le premier a été Karim Benzema. Je l’ai rencontré en 2008 dans une boîte de nuit. Nous nous sommes revus à deux ou trois reprises, mais je confirme qu’il n’a jamais su mon âge. Il était jeune lui aussi, il avait 18 ans quand je l’ai connu. Mais je n’ai eu qu’une relation payante avec lui.
Quand vous étiez mineure ?
Oui.
Karim Benzema dément vos déclarations...
Il dit ce qu’il veut. Quel serait mon intérêt de mentir ? Il y a eu des témoins qui nous ont vus ensemble. C’est bien pour ça que je ne pouvais pas nier devant la police.
Concernant Franck Ribéry, c’est plus ennuyeux car il est plus âgé et marié.
Mais c’est lui qui a été demandeur ! Je suis venue en avion, accompagnée d’un de mes amis [Kamel, actuellement en détention pour proxénétisme aggravé], à qui il avait dû demander mes services, je suppose. C’était pour son anniversaire, ses 26 ans, le 7 avril 2009. Il avait réservé un hôtel de luxe à Munich. Nous avons eu une relation sexuelle, et il m’a payée.
Vous étiez son cadeau d’anniversaire ?
Je suis un joli cadeau, non ?
Qui a payé les billets d’avion pour Munich ?
Ça, je ne sais pas du tout. Kamel a peut-être fait l’avance et s’est fait rembourser...
Pour prendre l’avion, il faut donner sa date de naissance. Si c’est Ribéry qui a pris les billets, il peut avoir de vrais ennuis avec la justice.
Je suis certaine que les policiers ont déjà trouvé qui avait payé les billets. Ce n’est pas mon problème. J’ai juste confirmé que Franck Ribéry ne connaissait pas mon âge, je ne lui ai pas dit.
L’avez-vous revu ensuite ?
Oui, à deux reprises. La dernière fois, c’était fin décembre 2009, à Paris. J’ai eu du mal à me faire payer, mais il m’a réglée quand même.
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