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Gordon Brown: l'ultime combat d'un politicien aussi brillant que malchanceux

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  • Gordon Brown: l'ultime combat d'un politicien aussi brillant que malchanceux

    Après une campagne électorale marquée par les gaffes et les faux pas, Gordon Brown se trouve en bien mauvaise posture dans les sondages, à la deuxième voire troisième place des intentions de vote du scrutin du 6 mai. Mais, cet Ecossais brillant et taciturne n'a pas dit son dernier mot dans l'ultime combat qu'il mène pour conserver son poste de Premier ministre et maintenir le parti travailliste au pouvoir après 13 ans.

    Conscient de son style aride, Gordon Brown garde confiance. "Je pense qu'en fin de journée, les gens voteront pour l'essentiel", a-t-il déclaré dimanche à l'Associated Press. "Il y a évidemment différentes choses qui retiennent l'attention dans la campagne, mais on en revient aux grandes questions: qui sera le meilleur pour l'économie, qui sera le meilleur pour nos services publics et je pense que ce sont les deux questions que les gens se posent le plus".

    Loin de se laisser décourager par les sondages et les moqueries des experts, Gordon Brown vit ses derniers jours de campagne dans une certaine frénésie. Dimanche, il a fait pas moins de dix visites dans Londres, d'un poste de police à une église évangéliste, un supermarché et un pub.

    Accueilli chaleureusement au poste de police, M. Brown a feint d'ignorer l'incartade du conseiller municipal conservateur John Hills, qui lui a lancé: "Vous êtes une ordure (...) Il y a une voiture, jetez-vous dessous". Des commentaires prononcés, selon le parti conservateur, "dans le feu de l'événement électoral".

    Certains électeurs ont été plus sympathiques. "Il est plus séduisant en personne qu'à la télévision", a commenté Maude Estwicke, une Londonienne de 62 ans à qui M. Brown a rendu visite cette semaine.

    La carrière du Premier ministre ressemble à une tragédie classique: l'histoire d'un homme dont l'intelligence et les compétences incontestables ont été ternies par son manque de charisme et sa malchance.

    Star politique précoce, il est resté pendant dix ans le prétendant au poste de chef de la Grande-Bretagne, guidant le pays dans une période de croissance sans précédent en tant que ministre des Finances de Tony Blair. Avec en tête le même objectif que celui de ses jeunes années de militantisme en Ecosse: obtenir les meilleurs postes.

    Avec le départ de Tony Blair en juin 2007, il est finalement arrivé au sommet du pouvoir, à une période où les travaillistes et le pays se trouvaient dans une mauvaise passe. Face à l'impopularité des guerres d'Irak et d'Afghanistan et à la crise économique naissante, Gordon Brown a tenu bon. Salué pour sa gestion de la crise financière, il n'a eu de cesse de marteler que la relance économique n'était pas garantie avec les autres partis.

    Dans les débats télévisés, il a toutefois été éclipsé par le chef charismatique des libéraux démocrates Nick Clegg, star surprise de cette campagne. Pendant des semaines de campagne exténuante, Gordon Brown, du haut de ses 59 ans, a souvent paru fatigué face à David Cameron et Nick Clegg, tous deux âgés de 43 ans.

    Mercredi, Gordon Brown a été pris en flagrant délit de gaffe, traitant une retraitée de "femme bornée". En dépit d'excuses comme "je suis un pêcheur pénitent", le mal était fait.

    La plus mauvaise nouvelle est venue du soutien affiché par le quotidien de gauche "The Observer" à Nick Clegg, dernier d'une longue série de soutiens à ses rivaux. Dimanche, il a accusé les journalistes de n'être "seulement intéressés que par l'écume". "Intéressez-vous aux décisions politiques (...) Vous devez savoir que cette élection est une affaire de politique", a-t-il exhorté.

    Gordon Brown, qui se présente désormais comme un challenger, continue à se battre. Une endurance qu'il doit, selon ses partisans, à son histoire. Fils d'un pasteur de l'Eglise d'Ecosse, il est issu d'une famille relativement modeste par comparaison à ses rivaux. Adolescent, il a perdu la vue d'un oeil lors d'un accident de rugby. Pour ses partisans, cela explique son courage et sa ténacité, ainsi que sa solide base morale.

    Mais la religion ne l'a pas servi dimanche, lorsqu'il a attribué par erreur un passage de l'Ancien Testament aux Evangiles devant une congrégation pourtant séduite.

    L'histoire dira si Gordon Brown aura été un politicien dont les qualités ont été éclipsées par les faiblesses. Pour Tom Bower, auteur d'une biographie critique, c'est un "tacticien brillant (...) impitoyable, marié à la politique, très intelligent". Mais s'"il a finalement obtenu le poste qu'il a toujours voulu", "rien ne s'est passé", lance-t-il.

    source : AP
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