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Aït Menguellet et Akli Yahiatène enflamment Paris

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  • Aït Menguellet et Akli Yahiatène enflamment Paris

    Lorsque Lounis Aït Menguellet rejoint sur scène Akli Yahiatène pour chanter ensemble El Menfi, les 4500 fans du Palais des sports de Paris comprennent qu’ils vont vivre un moment inédit. Un moment fort. La symbolique de l’acte n’échappe à personne. L’un, ancien prisonnier de la guerre de Libération nationale, et l’autre, mis aux arrêts aussi, mais durant une période faste de l’Algérie indépendante.

    Da Akli avait combattu le colonialisme français avec les armes, Lounis a combattu l’aliénation culturelle, guitare à la main. Et c’est ainsi que ce grand tube, El Menfi, des années 60 fait vibrer encore les coeurs avec une partie chantée en kabyle, signée Aït Menguellet.

    Cela s’est passé, avant-hier, à l’occasion du 10e anniversaire de la création de Berbère TV où les 30 bougies du Printemps berbère n’ont pas été aussi oubliées. Pour ce faire, les responsables de cette chaîne ont fait les choses en grand en organisant un gala à l’intention de notre communauté émigrée. Comme pour donner raison au slogan de ce concert, «Deux géants pour un grand spectacle», Lounis Aït Menguellet et Akli Yahiatène ont été merveilleux. Une fois encore, ils ont montré l’immensité de leur talent, à la grande joie d’un public qui a vécu quatre heures et demie de bonheur et de communion qu’il n’oubliera pas de sitôt.

    Le Palais des sports, dont l’acoustique vient d’être refaite et qui a vu se produire les plus grands noms de la chanson mondiale, retrouve, 47 ans après son premier passage, Akli Yahiatène, l’artiste au long cours, et découvre Aït Menguellet, le ciseleur du verbe, qui s’excuse presque que sa poésie soit aussi belle et sublime.

    Dès midi, les spectateurs commencent à affluer vers la grande salle du XVe arrondissement de la capitale française. Seuls ou en groupe, ils arrivent de partout. De Paris et de sa banlieue. De Saint-Etienne, de Lyon et de Mulhouse. Certains viennent de Marseille, comme Brahim et Smaïl. Ils ont démarré la veille, profitant de la journée chômée du 1er Mai. En aucun cas, ils n’auraient raté ce concert. L’un est amoureux fou de la poésie de Lounis dont il connaît presque tout du répertoire. L’autre est un fervent admirateur de la chanson à texte et Da Akli fait, selon lui, partie des grands interprètes de ce genre.

    «Avec ce plateau, Berbère TV nous a fait un beau cadeau, une vraie offrande. Un grand merci et bravo pour tout ce que fait cette chaîne!», disent-ils à l’unisson avant de se noyer dans la foule qui se fait de plus en plus dense. D’autres débarquent de lointaines contrées comme la Finlande et certains ont carrément traversé l’Atlantique à partir de Washington et du Canada. Il est vrai que quand on aime, on ne compte... ni les miles, ni les kilomètres.

    Beaucoup viennent en famille. Les femmes, pour un grand nombre d’entre elles, portent foutas et robes kabyles. Un air de fête règne déjà malgré un ciel maussade et menaçant. Et la fête fut! Grandiose et colorée. Conviviale et chaleureuse, à l’image de Nadia qui n’a pas arrêté de danser, et de sa grand-mère Na Aldjia qui a «youyouté» tout son saoul. C’est la jeune Nabila Dali qui entame le spectacle, en vedette américaine. Avec une voix chaude et bien maîtrisée, elle interprète deux chansons qui recueillent un bon succès d’estime. Puis arrive Akli Yahiatène, accueilli par une salve d’applaudissements et une standing-ovation. L’artiste est ému. Il entame sans attendre la chanson Yir zemane puis Cheh cheh. La très attendue Ayakheme est reprise en choeur par toute l’assistance.
    L’une après l’autre, Zine di Michelet, Aminigh awal, Jahegh dhameziane et

    autre Tharemente sont déclamées avec une voix toujours aussi chaude et forte. El Menfi clôt ce tour de chant avec la surprise dont on a parlé plus haut. Car des surprises, Kamel Tarwiht, le très attachant animateur de Berbère TV et maître de céans de cette soirée, en a réservé beaucoup au public. Comme Djaâfar Aït Menguellet qui a rendu hommage à son père Lounis à travers une chanson qui lui est dédiée. Comme dit l’adage, «bon sang ne saurait mentir».

    C’est au tour du père de venir sur scène et là, le fils reprend sa place aux côtés des musiciens pour battre la mesure. Lounis Aït Menguellet entame son tour de chant par Enouvak. Le tempo est donné.

    Puis suivent Af yismim et Aylam aâklith. Lorsqu’il attaque les premières notes de JSK, le public se lève et applaudit à tout rompre. Une autre surprise attend l’auditoire: Idir monte sur scène et chante en duo avec Lounis. C’est l’extase! Afenane, Achimi, Anfiyi, Ayarech ennegh et Ch’na amehvoul s’enchaînent. En chantant, Aït Menguellet ne donne pas de leçon. Il ne montre pas la voie. Il ouvre des pistes et passe son chemin. Il décrit ce qu’il voit. Dit ce qu’il croit et laisse aux autres le soin de faire leur choix. «Pardonnez-moi, je ne suis qu’un insolent Meddah que la marche n’épuise pas et qui s’arrête à chaque porte pour dire ce qu’il croit être la vérité», avait-il résumé dans sa chanson Ammeddah qu’il n’a pas interprété lors de ce gala.
    Le verbe est haut. Le mot très fort. Le message, lui, est subliminal. Aux autres d’apprécier, de prendre ou de laisser tomber. Il poursuit avec Anda anrouh, Adnoughal et Ennagh a Sidi Rebi. En tout, une vingtaine de chansons que le public reprend en osmose totale avec l’artiste à la voix mélodieuse à souhait.

    Il termine par Kechini rouh, accompagné d’un choeur de rêve composé de Idir, Akli Yahiatène, Wardia et Kamel Hammadi qui le rejoignent sur scène.
    Auparavant, Lounis Aït Menguellet avait offert un gros bouquet de fleurs à Nouara, la plus belle voix que la chanson kabyle ait connue, pour lui rendre hommage. La soirée s’est terminée sur cette belle image de tous ces artistes chantant ensemble.

    Une image que beaucoup ont prise sur leur appareil photo et qu’ils garderont sûrement longtemps, pour immortaliser ce grand moment.

    De notre envoyé spécial à Paris Madjid AYAD, l'Expression
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