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Grèce : comment vivre dans un pays en quasi-faillite

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  • Grèce : comment vivre dans un pays en quasi-faillite

    (De Thessalonique) Ambiance en Grèce : la gueule de bois, la vraie, avec goût amer dans la bouche et crampes d'estomac. Je vis depuis plus de cinq ans à Thessalonique. Comme bon nombre de mes amis grecs, je savais que le couperet allait tomber. Plus la dette devenait lourde, plus on empruntait pour rembourser les intérêts. Tout le monde savait que les dernières années, celles de l'euro, étaient fondées sur une économie virtuelle, la Grèce ne produisant plus grand-chose.

    Magouille, travail au noir et petites enveloppes

    L'Etat, dans sa grande bonté, fournissait emplois (surtout pour les gens de la famille) et hausses de salaires (sous forme de primes ou de 13e et 14e mois, pour que ça ne se voie pas trop). Tout ceci pour acheter les votes et assurer la paix sociale.

    L'Union européenne fermait les yeux et continuait d'attribuer de généreux fonds de développement, sans vérifier s'ils étaient efficacement utilisés, fournissant ainsi de l'argent facile aux grosses boîtes privées.

    Magouille, travail au noir, fausses déclarations d'impôts, petites enveloppes sous la table : personne ne disait rien, tout le monde ayant un jour profité du système pour s'acheter un permis de conduire, trouver un boulot, ou construire 250 m2 au lieu de 80.

    Le plan d'austérité réduit le pouvoir d'achat de tout le monde. Il prive de revenus nécessaires des petits fonctionnaires et des retraités qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts. Il met en péril le petit commerçant et l'artisan du quartier. Le prix de l'essence a déjà augmenté de 10%.

    La soupape de l'immobilier, qui avait permis à une génération d'enfants gâtés de vivre confortablement, ne fonctionne plus (60 000 logements neufs invendus dans la Grèce du nord). Trouver un deuxième emploi n'est plus une option. Les banques ne prêtent plus, les sociétés de cartes de crédit relancent les clients tous les deux jours pour être remboursées.
    Une société qui évolue face à l'Eglise et la corruption

    Depuis quelques mois, les Grecs évoluent. Ils considèrent maintenant comme normal de taxer les activités commerciales de l'Eglise, organe tout-puissant, impliqué ces dernières années dans des scandales politico-financiers.

    Ils n'ont plus peur de dénoncer les médecins ou les fonctionnaires corrompus : cinq agents des impôts viennent de prendre de sept à quinze ans de prison pour corruption passive ; le patron du bureau des permis de construire de Syros vient de tomber, incapable de justifier sa fortune personnelle de 600 000 euros.

    Le gouvernement actuel est fautif de ne pas savoir expliquer quelle société il propose. Il n'arrive pas à convaincre que payer des impôts est la base du système économique d'un pays, et que le refus de s'acquitter de cette contribution met en péril l'ensemble du service public.

    Un exemple vu à la télé : une pauvre dame se demandait comment faire pour payer les cours de rattrapage privés de ses enfants (5 000 euros par an). Si la moitié de cet argent allait dans les caisses de l'Etat (en déclarant honnêtement ses revenus et en payant ses impôts), l'école publique fonctionnerait. Les parents n'auraient pas besoin de payer des cours privés, souvent donnés par les enseignants du public qui arrondissent leur fins de mois (salaire d'un prof : 950 euros). Même chose pour les dessous de table pour avoir un bon docteur.
    Non, les Grecs ne sont pas des feignants

    Les Grecs ne se sentent pas humiliés, comme le prétendent certaines agences de presse. Ils ont toujours eu de toute façon un complexe d'infériorité face à cette Europe idéale qu'ils voient dans la France ou l'Allemagne. Ils veulent qu'on les laisse tranquilles, que les journalistes les oublient, que les marchés les laissent respirer et qu'Angela Merkel aille au diable.

    rue89
    « Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent. »
    Boris Vian
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