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Les riches n’achètent pas algérien

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  • Les riches n’achètent pas algérien

    Une nouvelle catégorie sociale a fait son apparition, elle dépense sans compter, plus par ostentation que par nécessité. Elle incarne l’image d’un système qui a fait la part belle aux opportunistes.
    Les Algériens font-ils un complexe par rapport aux produits importés? La production locale est-elle de qualité inférieure pour qu’elle soit automatiquement boudée? Il doit y avoir une part de vérité dans chacune de ces questions. Mais pas seulement. L’état de l’économie, hors hydrocarbures, productrice de richesses, étant ce qu’il est. Il n’est donc pas étonnant de voir le marché national inondé par toutes sortes de produits: vêtements, tissus, réfrigérateurs, téléviseurs... et même des fruits exotiques hors saison (ananas, mangues, kiwis...).
    L’Algérie représente un marché potentiel de 35 millions de consommateurs. Une nouvelle catégorie sociale a fait son apparition. Elle s’est dotée d’un pouvoir économique qui la distingue des classes moyennes dont le pouvoir d’achat s’est sensiblement érodé ces dernières années avec la spectaculaire flambée des prix qui n’a pas épargné les produits de consommation de base. Elle dépense sans compter beaucoup plus par ostentation que par nécessité.
    Avant d’arriver à ce constat, il faut se rendre à l’évidence et rappeler que la société algérienne est passée par bien des étapes, souvent très douloureuses, qui l’ont modelée puis transformée au contact d’autres civilisations et d’autres cultures.
    Si, toutefois, l’on a envie d’évaluer son degré d’adhésion à la société de consommation ainsi que les mutations sociales et économiques très profondes qu’elle a subies, la référence à la date de son accession à l’indépendance peut constituer un des moments déterminants et incontournables de sa compréhension.
    L’Algérie avait cessé d’être colonie française au mois de juillet 1962. Elle avait enfin son destin entre ses mains. De ses options et choix économiques allait prendre naissance la société algérienne actuelle. Pendant l’occupation, la population algérienne, à majorité paysanne, vivait des travaux des champs et de petits troupeaux d’élevage, caprin en général, lorsqu’elle disposait encore d’un lopin de terre. L’expropriation massive sur laquelle reposait la politique française de colonisation avait réduit les paysans algériens à un état d’extrême pauvreté. Il ne leur restait comme seule alternative que de louer leurs bras, leur force de travail, dans les fermes et les domaines coloniaux.
    L’exode rural ayant eu pour conséquence de former les premiers bataillons de prolétaires soit à la périphérie ou au coeur des grandes villes (Alger, Oran, Constantine, Annaba...), les plus «chanceux» ont traversé la Méditerranée, souvent contre leur gré, pour faire le bonheur des usines et des chantiers français en plein essor et reconstruction depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au contact de la France métropolitaine, allait se forger le mouvement nationaliste.
    Très schématiquement, c’est à travers ces périodes qui ont jalonné l’histoire de l’Algérie contemporaine, qu’a pris naissance, dans la frustration et après l’indépendance, une nouvelle classe de nantis, de nouveaux riches. Son accès au bien-être et à une vie décente, aussi légitime soit-il, s’est transformé en un matérialisme forcené, doublé d’une bonne dose de fétichisme qui ont débouché sur une culture de l’ostentatoire qui s’est à son tour mue en mode de vie.

    Certains signes ne trompent pas
    De gigantesques habitations ont vu le jour dans les grandes villes, en particulier sur les hauteurs d’Alger mais qui se sont étendues depuis, bien au-delà, provoquant une envolée spectaculaire et jamais égalée du prix du mètre carré, préparant le terrain à un secteur de l’immobilier qui fait son beurre tout en s’assurant des lendemains prometteurs en exploitant sans vergogne la grande spéculation qui l’entoure.
    La crise des subprimes est passée comme une grippe saisonnière.
    La crise financière internationale aussi. Ce sont quelques-uns de nos ministres qui l’ont déclaré: le système bancaire algérien est déconnecté du système financier international, nous ont-ils dit.
    Les nouveaux riches peuvent se permettre une villa qui peut atteindre des dizaines de milliards de centimes dans certains quartiers d’Alger sans se saigner aux quatre veines. Et c’est à laquelle de ces habitations cossues rivalisera le plus avec celle du voisin. Faïences, poignées de porte, carrelages, meubles... sont importés de l’étranger.
    Des garages luxueux sont aménagés pour accueillir les voitures des marques les plus célèbres de la planète. Les 4x4 sillonnent les artères de la capitale et des grandes villes algériennes pour l’immense bonheur des plus grandes firmes étrangères.
    En ce qui concerne le domaine de l’automobile, il n’y a pratiquement rien à dire ou plutôt à redire. Et pour cause: l’Algérie n’ayant pas encore fabriqué sa première voiture. Pour se rendre compte du penchant de cette nouvelle catégorie sociale de nantis pour la consommation «made in», il faut s’intéresser à la consommation des produits alimentaires importés. Fromages de toutes sortes, notoirement français (camembert, roquefort, gruyère,...), poissons (saumon, caviar...), les fruits hors saison (raisins, poires, pommes, avocats...), ainsi que des tenues vestimentaires portant la griffe des plus célèbres couturiers du monde.
    Un mode de consommation qui indique que la société algérienne est entrée de plain-pied dans la globalisation, dans ce système capitaliste que l’on appelle pudiquement aujourd’hui, économie de marché. Cette classe de nouveaux riches algériens semble y avoir trouvé son bonheur. Elle fait aussi celui des importateurs de tout poil qui se frottent les mains.
    Les importations globales de l’économie nationale ont atteint le chiffre record de 40 milliards de dollars en 2008. Elles n’ont que très peu diminué en 2009.
    La solidarité, qui constituait autrefois le ciment de l’organisation sociale de l’ensemble de la société algérienne, a été battue en brèche par un individualisme forcené, l’appât du gain facile et l’enrichissement personnel à tout prix.
    Un revers de la médaille qui a pris corps dans plus de 130 années de brimades et de frustrations, lesquelles ne justifient en aucun cas cette ostentation au goût malsain.
    Mohamed TOUATI
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون

  • #2
    Ça s'appelle la rente!
    Mais ça ne durera pas...
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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