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Faire tourner un pays en cas d'épidémie

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  • Faire tourner un pays en cas d'épidémie

    Dans votre environnement immédiat, est ce qu’il y a des mesures de prises pour la grippe aviaire ? Dans le mien oui. On a établi un plan pour fonctionner en situation de crise en cas de pandémie. Une liste de volontaires est établie. En cas de crise, ces volontaires auraient à assurer certaines taches précises. L’état français s’organise pour une crise éventuelle.

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    Contre la grippe aviaire, un dispositif militaire se met en place en France, avec le ministère de la santé comme chef d'état-major. Les douze scénarios de crise élaborés mobilisent les représentants de l'Etat, des agences sanitaires et des secteurs économiques jugés stratégiques (transports, alimentation, médicaments, finance...) pour "assurer la continuité". Si la grippe aviaire - ou la crainte de la pandémie - provoquait l'absentéisme de 30 % à 40 % des salariés, qui s'occuperait de nourrir, transporter, soigner et alimenter en billets de banque la population ?

    SUPERMARCHÉS : lister les produits vitaux, protéger les caissières

    La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) tient une réunion mensuelle avec la cellule de crise du gouvernement. Les scénarios les plus noirs obligent les supermarchés et les hypermarchés à mettre à la disposition de la population 300 produits jugés vitaux. Une fois la liste établie, on imagine les problèmes : sur une zone de pandémie, faut-il filtrer les clients à l'entrée des magasins, autoriser seulement les clients masqués, obliger les caissières à porter une protection ?

    Ni Carrefour ni Leclerc n'ont souhaité s'exprimer. Chez Auchan, Pierre Frisch coordonne, depuis l'été 2005, une cellule de crise. De l'épizootie cantonnée jusqu'à la pandémie mondiale, tous les cas de figure sont envisagés. M. Frisch fait toutefois remarquer qu'à ce jour "aucune demande d'hôtesse de caisse, de client ou de responsable syndical n'est remontée à la direction sur le thème de la grippe aviaire".

    Dans tous les cas, les "hôtesses de caisse" sont les plus menacées. Si une pandémie se déclenche, vont-elles venir travailler ? Et, si oui, de quoi ont-elles besoin ? Des masques de protection ont été commandés "pour couvrir les besoins pendant deux à trois mois". Ils seront réceptionnés dans quelques semaines, mais pas distribués tout de suite : "C'est anxiogène", précise-t-on. Auchan a également prévu que les caissières fassent une pause toutes les deux ou trois heures pour désinfecter leur matériel et se nettoyer les mains. Mais, là, on est déjà dans les scénarios à haute tension.

    TRANSPORTS PUBLICS : assurer "un certain niveau de service", anticiper les secours

    La SNCF aussi a pour but d'assurer "un certain niveau de service" en mobilisant le moins d'agents possible tout "en assurant le plus haut niveau de protection pour eux". Que signifie un "certain niveau de service" ? "Difficile à dire, reconnaît Céline Sibert, directrice des stratégies de crise. On va privilégier les déplacements domicile-travail avec le moins de personnel possible." La SNCF s'interdit - elle affirme qu'elle ne "peut pas" - d'évaluer le trafic minimal qu'elle sera en mesure d'assumer. Le transporteur présente pour l'instant ses plans à la tutelle, " mais rien n'est stabilisé".

    Quelle protection pour les agents ? "Tous ceux qui tiendront leur poste seront protégés !", les commandes de masques étant "en cours d'élaboration". Et, pour l'instant, "on ne parle pas" de vacciner le personnel. "On n'a pas une grande habitude de ce genre de phénomène", plaide Mme Sibert.

    L'Organisation professionnelle des transports de l'Ile-de-France (Optile), dont les 4 000 bus et autocars desservent 5 millions d'habitants, affirme n'avoir "pas d'instructions précises, mais des contacts ont été pris avec les préfectures pour mieux connaître les déplacements des bus en direction des hôpitaux". "Nous nous conformerons aux décisions des autorités (les préfectures) en cas de crise, comme lors des conflits sociaux" (renforcement du service lors des jours de grève, etc.). La RATP, elle, a refusé de communiquer sur le sujet.

    MÉDICAMENTS : définir le personnel nécessaire à la continuité de la production

    Tous les grands laboratoires révèlent un haut niveau de vigilance. Chez Sanofi Aventis, un "Comité VigiFlu" a lancé un programme de protection "des salariés, des familles, des visiteurs et des salariés d'autres entreprises (nettoyage, BTP...)". Christian Mignon, membre du comité de direction, est le coordinateur du dispositif : réunions mensuelles, dossiers d'information sur Intranet dans toutes les langues, kits de protection pour les voyageurs... La mobilisation au sommet du groupe vise à sensibiliser l'ensemble des salariés, mais une marge de manoeuvre a été laissée aux chefs d'entreprise locaux.

    Chez Sanofi Aventis comme pour les autres laboratoires, le problème est de continuer à produire des médicaments vitaux en dépit du risque d'absentéisme important. Quels stocks constituer ? Quelles dérogations à la législation du travail faut-il négocier ? Chez Sanofi Pasteur, premier fabricant mondial de vaccins, "nous vaccinons tous nos salariés", assure Alain Bernal, directeur de la communication : "Dès qu'un vaccin contre le virus mutant sera mis au point, ajoute-t-il, les personnes-clés pour le maintien de l'activité seront les premières à être protégées." Mais, en attendant le vaccin, comment éviter la désertion ? Faut-il fermer les cafétérias pour casser tout regroupement ? Comment changer les habitudes, ne pas serrer une main, respecter une distance supérieure à 1 mètre entre les personnes, porter un masque ? Quant à imaginer des mesures de réquisition, "elles ne peuvent être que d'ordre public", conclut M. Bernal.

    BANQUES : cerner les agences indispensables

    Les banques aussi planchent sur l'approvisionnement en billets, le paiement des salariés, l'encaissement des factures... Le comité grippe aviaire de BNP Paribas travaille depuis septembre 2005 sur l'hypothèse où un tiers des salariés serait présent pendant douze semaines, contre 80 % aujourd'hui. Savoir combien de collaborateurs il faudrait équiper en outils de télétravail pour l'encaissement des cartes bancaires est l'un des problèmes. Mais les banques ont besoin de transporteurs de fonds et d'outils de télécommunications.

    A la demande de Bercy, une carte des agences obligatoirement ouvertes doit être établie afin que les clients ne soient jamais éloignés de plus de 1 kilomètre d'un guichet. Vis-à-vis des salariés, les banques privilégient l'information. Ceux qui voyagent reçoivent des consignes d'hygiène. Des masques sont également stockés (20 000 chez BNP Paribas) pour les employés en contact avec les clients.

    Pour la Fédération bancaire française (FBF), "les banques peuvent s'inspirer des plans de continuité existants pour faire face à des incendies, des crashes d'avion sur l'un de leurs immeubles, une panne d'électricité de grande ampleur, une grève des transporteurs de fonds, etc."

    ÉNERGIE : maintenir l'approvisionnement grâce à un "vivier de spécialistes"

    Chez Total ou EDF, "la sécurité des collaborateurs est une priorité". Mais, concernant les mesures contre les éventuelles ruptures d'approvisionnement en carburant, le pétrolier "souhaite rester discret". Chez EDF, la sécurité des installations nucléaires n'est pas traitée à part. Si un foyer de grippe aviaire se manifeste en France, les besoins en énergie seront moins importants, puisque les trains ne circuleront plus. Les scénarios seront finalisés en juin. EDF estime qu'il n'y a pas de "métier prioritaire" qui obligerait à "réquisitionner tel professionnel plutôt que tel autre". Néanmoins, en cas d'absentéisme dépassant la barre des 40 % sur la durée, le groupe réfléchit à "constituer un vivier de spécialistes disponibles". Les stocks de masques sont réajustés à la hausse, les besoins des clients en énergie sont anticipés, les réunions internes non indispensables reportées.
    Le Monde
    Je suis père et fais de mon mieux au regard de cette citation :
    L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. Thomas Mann
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