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Premier frère : un rôle, ou plutôt un destin, imposé par les traditions et la société égyptienne. Toute une éducation prépare à cette mission particulièrement pesante pour les sœurs, explique Al-Ahram.05.05.2010 | Dina Darwich | Al-Ahram Hebdo
Son père ne cessait de lui répéter : “Tu es mon successeur, tu es le chef de la famille, c’est toi qui t’en occuperas lorsque je disparaîtrai de ce monde.” Ces paroles n’ont cessé de résonner dans la tête du petit Waël. Après la mort de son père, il s’est donc mis dans sa peau. A 20 ans, il a commencé à porter des tenues classiques, à parler comme un adulte et à s’imposer dans la famille. Aujourd’hui, il véhicule les idées de son père et suit ses principes. Sa mère ne sort pas sans son autorisation, même pour rendre visite à son frère. Et quand sa sœur Omniya a décidé de se marier, c’est lui qui a conclu cette union. Lors de la signature du contrat, ses oncles se sont révoltés car c’est Waël qui a été choisi comme tuteur. “Comme s’il n’y avait pas de grand dans la famille”, s’insurge Amr, l’oncle maternel, ingénieur de 65 ans. Même marié à son tour, Waël ne s’est pas détaché de ses responsabilités. Il a meublé une pièce dans sa nouvelle maison pour que sa mère s’y installe. “Je le déteste parfois, quand il se mêle des détails de ma vie, je le trouve trop autoritaire”, s’insurge Omniya, 35 ans, ingénieure et mère de quatre enfants. “Mais, lorsque je reste seule à réfléchir, je reconnais la sincérité de ses propos et je suis, malgré moi, ses conseils. A une certaine époque, je le suivais comme une ombre et j’imitais ses moindres gestes.”
Que ce soit en Haute-Egypte ou dans les quartiers populaires du Caire, le frère aîné occupe une place particulière à la tête de la famille. Cela lui garantit un certain pouvoir en lui permettant de s’immiscer dans la vie de ses frères et surtout de ses sœurs. Pourtant, la sociologue Nadia Radwan estime que l’image du grand frère qui soutient et parraine sa sœur socialement et économiquement en cas de besoin est en train de disparaître. Le frère aîné s’est détaché de son rôle tout en continuant à intervenir dans la vie de ses sœurs. Celles-ci sont appelées à s’occuper des besognes ménagères et à le servir. Un pouvoir renforcé par les mères, qui accentuent le statut de chef de famille du fils aîné. “Mon frère s’intéresse aux moindres détails de ma vie. Il se permet de fouiller dans mon sac, censure les messages de mon portable, contrôle les appels que j’ai reçus. Sans parler des conflits si je rentre tard le soir ou si je porte quelque chose qui ne lui plaît pas”, explique Maha, 20 ans, qui lutte pour obtenir sa liberté. Sara, 18 ans, cherche aussi à tout prix à obtenir son indépendance. “Mon frère est très protecteur, il m’accompagne partout, pour payer les frais de l’université, à l’anniversaire d’une de mes camarades, au supermarché. J’apprécie de tels égards mais je sens qu’il efface ma personnalité.” Dans certains cas, la famille cautionne les agissements du grand frère en ce qui concerne les affaires des sœurs. Noha, 22 ans, étudiante en pharmacie, confie que son frère, qui n’a pas connu la même réussite au bac, semble ne pas l’avoir accepté. Pour lui redonner confiance en lui, les parents le laissent intervenir dans la vie de sa sœur. Un moyen de lui donner du prestige. “Il peut arriver à l’improviste à l’université pour s’assurer de ma conduite. Je suis allée me plaindre à mon père, qui n’a pas réagi”, raconte-t-elle. Pourtant, un frère aîné restera toujours synonyme de protection et de chaleur. Imane, 26 ans, mariée et mère de deux enfants, se prépare à partir au Canada rejoindre son frère après la mort de leurs parents. Elle a déployé de grands efforts pour convaincre son mari de prendre cette décision. “Mon grand frère est mon support. Je suis ses traces n’importe où. Qui pourrait me soutenir en cas de problème avec mon mari sinon lui ? Celui qui n’a pas de grand frère doit le chercher, même s’il doit aller à l’autre bout du monde”, conclut-elle.
Son père ne cessait de lui répéter : “Tu es mon successeur, tu es le chef de la famille, c’est toi qui t’en occuperas lorsque je disparaîtrai de ce monde.” Ces paroles n’ont cessé de résonner dans la tête du petit Waël. Après la mort de son père, il s’est donc mis dans sa peau. A 20 ans, il a commencé à porter des tenues classiques, à parler comme un adulte et à s’imposer dans la famille. Aujourd’hui, il véhicule les idées de son père et suit ses principes. Sa mère ne sort pas sans son autorisation, même pour rendre visite à son frère. Et quand sa sœur Omniya a décidé de se marier, c’est lui qui a conclu cette union. Lors de la signature du contrat, ses oncles se sont révoltés car c’est Waël qui a été choisi comme tuteur. “Comme s’il n’y avait pas de grand dans la famille”, s’insurge Amr, l’oncle maternel, ingénieur de 65 ans. Même marié à son tour, Waël ne s’est pas détaché de ses responsabilités. Il a meublé une pièce dans sa nouvelle maison pour que sa mère s’y installe. “Je le déteste parfois, quand il se mêle des détails de ma vie, je le trouve trop autoritaire”, s’insurge Omniya, 35 ans, ingénieure et mère de quatre enfants. “Mais, lorsque je reste seule à réfléchir, je reconnais la sincérité de ses propos et je suis, malgré moi, ses conseils. A une certaine époque, je le suivais comme une ombre et j’imitais ses moindres gestes.”
Que ce soit en Haute-Egypte ou dans les quartiers populaires du Caire, le frère aîné occupe une place particulière à la tête de la famille. Cela lui garantit un certain pouvoir en lui permettant de s’immiscer dans la vie de ses frères et surtout de ses sœurs. Pourtant, la sociologue Nadia Radwan estime que l’image du grand frère qui soutient et parraine sa sœur socialement et économiquement en cas de besoin est en train de disparaître. Le frère aîné s’est détaché de son rôle tout en continuant à intervenir dans la vie de ses sœurs. Celles-ci sont appelées à s’occuper des besognes ménagères et à le servir. Un pouvoir renforcé par les mères, qui accentuent le statut de chef de famille du fils aîné. “Mon frère s’intéresse aux moindres détails de ma vie. Il se permet de fouiller dans mon sac, censure les messages de mon portable, contrôle les appels que j’ai reçus. Sans parler des conflits si je rentre tard le soir ou si je porte quelque chose qui ne lui plaît pas”, explique Maha, 20 ans, qui lutte pour obtenir sa liberté. Sara, 18 ans, cherche aussi à tout prix à obtenir son indépendance. “Mon frère est très protecteur, il m’accompagne partout, pour payer les frais de l’université, à l’anniversaire d’une de mes camarades, au supermarché. J’apprécie de tels égards mais je sens qu’il efface ma personnalité.” Dans certains cas, la famille cautionne les agissements du grand frère en ce qui concerne les affaires des sœurs. Noha, 22 ans, étudiante en pharmacie, confie que son frère, qui n’a pas connu la même réussite au bac, semble ne pas l’avoir accepté. Pour lui redonner confiance en lui, les parents le laissent intervenir dans la vie de sa sœur. Un moyen de lui donner du prestige. “Il peut arriver à l’improviste à l’université pour s’assurer de ma conduite. Je suis allée me plaindre à mon père, qui n’a pas réagi”, raconte-t-elle. Pourtant, un frère aîné restera toujours synonyme de protection et de chaleur. Imane, 26 ans, mariée et mère de deux enfants, se prépare à partir au Canada rejoindre son frère après la mort de leurs parents. Elle a déployé de grands efforts pour convaincre son mari de prendre cette décision. “Mon grand frère est mon support. Je suis ses traces n’importe où. Qui pourrait me soutenir en cas de problème avec mon mari sinon lui ? Celui qui n’a pas de grand frère doit le chercher, même s’il doit aller à l’autre bout du monde”, conclut-elle.
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