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Le Royaume-Uni en quête d'un gouvernement

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  • Le Royaume-Uni en quête d'un gouvernement

    endredi 7 mai au matin, la Grande-Bretagne s'est réveillée dans l'incertitude totale après l'une des nuits électorales les plus longues de son histoire. Personne n'était en mesure de dire qui des conservateurs ou du Labour formerait le prochain gouvernement, alors qu'aucun des deux grands partis n'avait obtenu la majorité des 650 sièges mis au vote.


    "Les électeurs n'aiment ni le Labour ni les tories, mais ils aiment moins le Labour que les tories. Et ils ont des doutes sur les libéraux-démocrates", résume Peter Kellner, qui dirige l'institut de sondage YouGov.

    PLUS DE 65 % DE PARTICIPATION

    Et ils ont été nombreux à se déplacer jeudi pour exprimer leur désamour à leur personnel politique, après le scandale des notes de frais de Westminster qui les a tant choqués en 2009. Le taux de participation, qui était inférieur à 62 % en 2005, a cette fois dépassé les 65 %. Et les queues devant les bureaux de vote étaient telles que plusieurs centaines d'électeurs n'ont pas pu déposer leur bulletin dans l'urne avant leur fermeture à 22 heures.

    Sur les 609 circonscriptions où avait pris fin le dépouillement à 9 heures du matin, David Cameron, le champion des conservateurs, a gagné 288 sièges, avec 36,2 % des voix, ce qui le laisse loin de la majorité absolue (326).

    Quant à Gordon Brown, le premier ministre travailliste sortant, il n'a obtenu que 241 députés (29 % des votes) à la Chambre des communes.

    Les libéraux-démocrates de Nick Clegg, savaient qu'ils ne pourraient pas, en raison du système électoral (uninominal à un tour) accéder au 10 Downing Street. Mais ils espéraient, compte tenu de l'engouement récent du pays pour le député de Sheffield (Yorkshire), faire un bon score. Las. Avec 51 élus (23 % des voix), ils ne renouvellent pas leur performance de 2005. "Les trois partis ont des raisons d'être déçus ", juge Vernon Bogdanor.

    Depuis plusieurs mois déjà, les sondages ne donnaient plus à M. Cameron la majorité absolue dont son parti rêvait pour revenir au pouvoir après treize ans de traversée du désert. La Cleggmania qui a saisi le pays à la mi-avril, dans la foulée du premier débat télévisé de l'histoire politique britannique entre les trois candidats, avait rendu la perspective encore moins probable.

    Finalement, ce n'est pas le troisième homme qui a fait flancher le leader des tories. Mais sa difficulté à convaincre ses concitoyens qu'il est l'homme de la situation.

    DES ÉLECTEURS SCEPTIQUES

    M. Cameron, après avoir incarné le changement juste après son élection à la tête du parti en 2005, a suscité de plus en plus d'interrogations. Le "conservatisme compassionnel" du député de Witney (Oxfordshire) – qui allie un souci du social et des déshérités peu thatchérien au libéralisme économique de la Dame de fer – a laissé les électeurs sceptiques.

    D'autant que la crise économique que traverse actuellement le Royaume-Uni a brouillé son message. M. Cameron n'a pas réussi à expliquer comment il pourrait réduire le déficit public (11,8 % du produit intérieur brut en 2009-2010) tout en protégeant les services publics et les plus démunis.

    Usés par treize ans de gouvernements travaillistes, qui ont conduit à la guerre en Irak et à la pire récession depuis 1929, les Britanniques n'étaient pas non plus prêts à plébisciter une nouvelle fois ce New Labour qui les a tant déçus.

    L'explosion de la bulle Clegg a évité à M. Brown d'arriver dans une troisième position honteuse. Mais son score n'en reste pas moins calamiteux. Il fait à peine mieux que Michael Foot en 1983.

    Les électeurs ont donc choisi un hung Parliament, ("Parlement suspendu") sans majorité absolue. Un fait rarissime – ce n'est arrivé que trois fois : en 1924, en 1929 et en 1974 – dans un pays allergique à toute forme de cohabitation jusqu'ici.

    Dès lors, la Constitution non écrite de sa Majesté veut que le premier ministre en place démissionne ou tente de former une coalition gouvernementale. Et s'il n'y parvient pas, c'est à son concurrent de s'y essayer.

    FAISEUR DE ROI

    "Je jouerai mon rôle, a commenté M. Brown, il est de mon devoir de faire en sorte que le Grande-Bretagne ait un gouvernement solide et stable." En écoutant ses lieutenants se succéder sur les plateaux de télévision dans la nuit de jeudi à vendredi, il ne faisait aucun doute que le député de Kirkcaldy (Ecosse) allait tenter de se s'allier aux "lib-dem", en leur proposant une réforme d'un système électoral qui leur est très défavorable. "Evidemment, nous serions prêts à considérer cela ", a lancé Peter Mandelson, son ministre du commerce.

    Avant les élections, M. Clegg a plusieurs fois laissé entendre qu'il lui serait difficile de travailler avec M. Brown, pour lequel il ne cache pas son antipathie. Il a aussi assuré qu'il soutiendrait le parti qui aurait le plus de votes et de sièges. En l'occurrence, les tories.

    Qui plus est, une alliance Labour-libéraux-démocrates ne déboucherait pas forcément sur une majorité absolue, même si elle compterait plus de députés que les tories isolés.

    "Le Labour n'a plus l'autorité pour gouverner le pays", a jugé M. Cameron, sans pour autant préciser s'il chercherait de son côté à nouer une alliance avec les lib-dem ou avec les petits partis régionalistes.

    A moins qu'il ne soit en mesure de former un gouvernement minoritaire. C'est-à-dire avec suffisamment de représentants au Parlement pour se permettre de négocier, ici avec les unionistes irlandais, là avec les indépendantistes écossais, au gré des projets de loi examinés au Parlement.

    M. Clegg, qui a jugé les résultats décevants, a prévenu qu'il prendrait le temps de discuter avec tout le monde pour trouver "un accord durable". C'est l'une des ironies du scrutin: le député de Sheffield a obtenu des résultats médiocres, mais il est aujourd'hui en position d'être le faiseur de roi du prochain gouvernement.

    Virginie Malingre-le monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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