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Les jeunes dépensent sans compter

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    Téléphone, Internet, habillement, cosmétiques et rendez-vous galants
    Les jeunes dépensent sans compter


    «La majeure partie de mes dépenses va à la communication.» Adossé à un muret, près d’un kiosque multiservices, Halim dorlote son téléphone portable «dernier cri». Oreille droite continûment obstruée par un écouteur «bluetooth», les doigts tapotant énergiquement sur les touches sonores du téléphone, il s’est déconnecté du monde qui l’entoure pour se consacrer à celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). «Entre les appels, les SMS et la connexion Internet dans le cybercafé du quartier, je
    dépense entre 4 000 et 6 000 DA par mois [environ le tiers du SNMG]», déclare-t-il, avec un sourire gêné. Un embarras dû à sa condition de chômeur. «Cela fait trois ans que j’ai arrêté les études. Je ne travaille toujours pas», raconte Halim. Et pourtant, il arrive tant bien que mal à alimenter son «crédit téléphonique». «Pour moi, c’est devenu une drogue. Il m’est impensable de rester une demi-journée sans utiliser mon portable.
    Sans lui, j’étouffe»,argue-t-il. Sarah, 19 ans, jeune étudiante en biologie à l’université de Bab Ezzouar, avoue la même dépendance. «C’est vrai que je dépense beaucoup pour le téléphone et l’Internet, mais cela me coûte moins cher que les produits esthétiques, les vêtements et surtout les charges inhérentes aux études comme les photocopies, les livres…» témoigne-t-elle. «Fashion victime», elle dit débourser plus de 10 000 DA mensuellement pour l’habillement et les cosmétiques.
    Et cela se voit. Dix mille dinars, c’est deux fois et demie la valeur de la bourse d’étudiants (4 050 DA par trimestre). «J’aime me faire plaisir. L’argent, c’est fait pour être dépensé», lance gaiement Mansour. A 27 ans, chômeur, un héritage modeste lui assure une rente mensuelle appréciable. «Dans l’ordre des dépenses, je classe l’habillement, le téléphone puis les rendez-vous ‘‘galants’’ dans les cafétérias et fast-foods», affirme-t-il fièrement.
    Autre cas, autres conditions et autres préoccupations. Amine, étudiant en informatique, porte déjà les stigmates de l’adulte responsable. De père retraité et cadet d’une fratrie composée de 2 frères et 3 sœurs, à 26 ans, son principal souci est de donner un coup de main à la famille dans les dépenses quotidiennes.
    Parallèlement à ses études, il travaille dans une entreprise spécialisée dans la vente et l’entretien de matériel informatique. «Mon salaire plus ma bourse d’étudiant servent à soulager les difficultés financières de mon père. La moitié de ce que je gagne va directement à la famille. Le reste, un quart, est réservé à mes dépenses quotidiennes et l’autre, je le mets de côté. Il faut bien que je pense à mon avenir», énumère-t-il, en fin comptable. Généralement, la grande majorité des jeunes approchés semblent très loin de l’avarice. Se disant sans complexe matérialistes, ils n’ont pas pour autant la main frileuse devant leur porte-monnaie. «L’argent, c’est fait pour être dépensé», arguent-ils. Quand ils aiment, ils dépensent sans compter.
    La notion d’épargne n’existe pratiquement pas, ou rarement chez cette frange de la société. «Demain est un autre jour» est leur adage favori dans ces circonstances. La manière dont les jeunes dépensent l’argent renseigne sur leurs conditions de vie et leurs centres de préoccupation. Ainsi, à la lecture des témoignages, il ressort que le jeune Algérien a soif de communication. Les moyens mis
    dans les TIC confirment le besoin qu’ont les jeunes Algériens de raconter leur existence et d’échanger leur manière de voir les choses. Le paraître occupe également une part importante dans leur vie. L’habillement et les cosmétiques prennent une bonne partie de leurs bourses. Fait remarquable, l’attrait de tout ce qui est culturel ne semble pas faire consensus.
    Il est rare en effet qu’un jeune déclare réserver une tranche de sa «maigre pitance» à l’achat de livres, magazines, pour aller au cinéma ou au théâtre (pratiquement inexistants). Sauf pour la location ou l’achat de supports (CD gravés) de films ou séries télévisées. Le reste se résume à quelques nouveaux tubes musicaux téléchargé d’Internet.«Sauf pour manger, boire ou dormir, le reste du temps, je préfère le vivre dans le monde virtuel. Alors, oui, l’argent, je le dépense pour vivre le plus longtemps possible dans cet univers», conclut Halim.
    La Tribune
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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