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La confrontation gauchistes-islamistes au Maroc

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  • La confrontation gauchistes-islamistes au Maroc

    Par Ahmed R. Benchemsi
    Idéologies
    D’un point de vue démocratique, la confrontation gauchistes-islamistes est la bienvenue. Mais stratégiquement parlant, elle est… un peu regrettable.

    Depuis un mois, Mohamed Sassi, cadre dirigeant du Parti socialiste unifié (PSU – gauche) mène une croisade médiatique contre les fatwas* publiées par le quotidien Attajdid, porte-parole officieux du Parti de la justice et du développement (PJD – islamiste). Il est vrai que la teneur de ces fatwas laisse pantois. Ainsi, les fouqaha d’Attajdid encouragent les musulmans à répudier leurs épouses si elles persistent à ne pas


    faire leurs cinq prières quotidiennes. Et si elles refusent les avances sexuelles de leurs maris, ces derniers sont autorisés, charia islamique à l’appui… à les “frapper” (“pas physiquement, mais plutôt dans le sens de casser leur résistance”, précise l’auteur de la fatwa – un modéré, sans doute). Autre morceau de bravoure d’Attajdid : “Si un père séquestre sa fille de 15 ans à domicile, alors la fille doit excuser son père et se montrer compréhensive, car il l’aime et fait cela pour son bien, pour préserver sa vertu”. On en passe et des plus redoutables… Cette semaine, l’affrontement est monté d’un cran : ce n’est plus Sassi tout seul, mais tout son parti qui s’insurge. A travers un communiqué de son bureau politique, le PSU condamne sans équivoque ces “fatwas rétrogrades qui s’opposent à la raison, la logique et la loi”, et dont se servent “certains groupes politiques” (l’allusion au PJD est transparente) pour “embrigader des pans entiers de la société”. Attajdid, bien sûr, n’est pas resté silencieux. L’organe du parti islamiste a consacré de nombreux articles à décrédibiliser Sassi et le PSU. Mais l’éditorialiste d’Attajdid leur a aussi opposé un curieux argument : “à partir du moment où sa dimension idéologique est manifeste, la critique perd son rôle et sa fonction”. Sans blague ?! Qu’est donc le discours islamiste dans son ensemble, sinon l’expression d’une idéologie ? Alors les intégristes ont le droit de promouvoir la leur, mais si un adversaire politique leur oppose la sienne, son discours n’est pas recevable ? Singulière conception de la démocratie…
    Les idéologies ont toute leur place dans le débat politique. J’irai même plus loin : elles sont nécessaires au débat politique, du moins si on veut que celui-ci redevienne crédible. Si les Marocains ne votent plus, c’est parce que leurs politiciens ne leur proposent plus d’utopies mobilisatrices. Voilà pourquoi il est indispensable que les idéologies – et plus précisément, les combats idéologiques – reprennent leurs droits. C’est par la confrontation d’idéaux, et pas autrement, que la démocratie pourra s’enraciner dans les esprits. TelQuel – est-il besoin de le préciser ? – s’aligne sans hésiter sur la position du PSU. Avec toutefois un petit bémol, et un léger regret.
    Le bémol : le communiqué du parti de gauche, quoique courageux, ne va pas au bout de sa logique. Protester contre l’obscurantisme religieux, c’est bien. Défendre la raison plutôt que la foi, en tant que cadre normatif, c’est encore mieux. Mais tout cela, politiquement, porte un nom : laïcité. En parcourant le communiqué du PSU, on sent que ce mot se cache entre les lignes, affleure à chaque paragraphe. Mais Sassi et ses camarades n’ont pas eu le courage de l’écrire noir sur blanc, et de revendiquer clairement l’instauration d’un système laïque qui séparerait le religieux et le politique. L’Association marocaine des droits de l’homme, elle, a eu ce courage, en inscrivant la revendication laïque – nommément – à l’ordre du jour de son prochain congrès.
    Le regret : si d’un point de vue démocratique, cette confrontation est la bienvenue, elle est, stratégiquement parlant… quelque peu regrettable. Malgré tout ce qui les oppose, le PJD et le PSU sont en effet, et par la force des choses… des alliés objectifs. Qu’ils l’admettent ou pas, que ce choix ait été délibéré ou non, ils sont devenus les derniers opposants à la pieuvre Makhzenienne, dont l’ultime dessein est de fondre tous les politiciens du Maroc dans un moule unique : celui de l’allégeance servile et décérébrée face au Palais royal et ses affluents, chaque jour plus omnipotents. Quelque part, c’est un peu dommage que les derniers résistants se tapent dessus…


    *Édits religieux émis par des ouléma (clercs) ou des fouqaha (experts ès religion)

    TELQUEL

  • #2
    dommage

    ça démarrait bien !!!

    pour finir en eau de boudin

    décidèment quand on chasse le naturel il revient au galop

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    • #3
      Une réserve sur ceci :
      Qu’ils l’admettent ou pas, que ce choix ait été délibéré ou non, ils sont devenus les derniers opposants à la pieuvre Makhzenienne
      En quoi un parti qui prône l'application de la chariaa et un parti qui, sans le dire ouvertement, milite pour la séparation du politique du religieux, peuvent-ils être des alliés objectifs ?
      Même s'ils sont "les derniers opposants à la pieuvre Makhzenienne", leurs intérêts divergent tellement qu'ils en font, tour à tour sur des questions précises, chacun pour ce qui le concerne, l'allié occasionnel du pouvoir contre l'autre parti. Ainsi, quelles seraient les configurations des divers camps politiques si des avancées (ou des remises en cause) pour ce qui est du statut légal des femmes au Maroc, étaient mises à l'ordre du jour ?

      Autre réserve : l'affirmation "les derniers opposants" met, de façon péremptoire, une croix sur tout les autres segments de l'opposition marocaine, notamment celle qui n'est pas formellement structurée en parti politique.

      _
      "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

      Commentaire


      • #4
        La laïcité est un bel objectif, mais la socièté marocaine n'est pas encore prête.

        Un système laïque ouvrirait cependant plus de portes aux islamistes, et limiterait les pouvoirs du roi (absolus aujourd'hui) sur la question religieuse.

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        • #5
          Envoyé par benam
          En quoi un parti qui prône l'application de la chariaa et un parti qui, sans le dire ouvertement, milite pour la séparation du politique du religieux, peuvent-ils être des alliés objectifs ?
          Une sorte de barrage à l'hégemonie de l'institution monarchique.


          Envoyé par benam
          Même s'ils sont "les derniers opposants à la pieuvre Makhzenienne", leurs intérêts divergent tellement qu'ils en font, tour à tour sur des questions précises, chacun pour ce qui le concerne, l'allié occasionnel du pouvoir contre l'autre parti. Ainsi, quelles seraient les configurations des divers camps politiques si des avancées (ou des remises en cause) pour ce qui est du statut légal des femmes au Maroc, étaient mises à l'ordre du jour ?
          Oui, c'est tout le paradoxe, opposée idéologiquement, mais constituant les derniers bastions du "partisme libre" .. il y a bien une trentaine d'autres partis soit crées par l'administration (...), soit d'un passé glorieux mais ayant vendu leurs âmes à la monarchie.

          Envoyé par benam
          Autre réserve : l'affirmation "les derniers opposants" met, de façon péremptoire, une croix sur tout les autres segments de l'opposition marocaine, notamment celle qui n'est pas formellement structurée en parti politique.
          Pour ceux constitués en partis .. il reste juste le pads à l'extrem gauche qui ne boycott les elections et qui aurait dû faire partie de l'actuel psu.

          Pout le non structuré en parti, c'est une autre histoire ..

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          • #6
            @benam,

            En europe aussi, les partis socialistes sont parfois alliés de l'extrême-droite. Lorsqu'il est question de l'affaire d'une femme musulmane, ces partis entent facilement dans "le jeu" alors qu'ils devraient surtout s'appliquer à dénoncer des faits autrements plus graves (pauvreté, chômage, chereté de la vie, crise du lgement, etc).

            Au reste, ils nous baratinent à accepter la vérité à propos de la communauté musulmane, comme si de petits incidents sont d'importance de la fin du monde ou de suicides d'employés de firmes françaises.

            Voilà, ce que l'on peut signaler deux formations que toutes opposent et pourtant, elles parviennent à être des alliés objectifs.

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            • #7
              Bonjour à tous,

              Pour la concordance de vues entre socialistes et extrême-droite en France en ce qui concerne le voile intégral, dans la mesure où aucun de ces courants n'a renoncé à ce qui fait son "identité" politique, il s'agit au plus d'une "alliance" circonstancielle. Aucun anti-Sarkozy ne va s'étonner ou regretter qu'ils s'affrontent sur d'autres questions alors qu'ils seraient des "alliés objectifs" contre l'UMP.

              L'article de TelQuel est très instructif mais la chute me parait avoir été mal négociée (je rejoins en cela maroc2010 «dommage. ça démarrait bien !!! pour finir en eau de boudin»)

              Pour que deux partis soient des alliés objectifs, il faudrait qu'ils aient des intérêts stratégiques communs, des projets politiques très proches. Alors que l'on a ici deux partis dont les projets sont antagoniques.
              L'éditorialiste lui-même nous signifie qu'il se lance dans des formulations approximatives par l'utilisation des "..." :
              "Le regret : si d’un point de vue démocratique, cette confrontation est la bienvenue, elle est, stratégiquement parlant… quelque peu regrettable"
              "par la force des choses… des alliés objectifs"[/INDENT]

              _
              "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

              Commentaire


              • #8
                Le bémol : le communiqué du parti de gauche, quoique courageux, ne va pas au bout de sa logique. Protester contre l’obscurantisme religieux, c’est bien. Défendre la raison plutôt que la foi, en tant que cadre normatif, c’est encore mieux. Mais tout cela, politiquement, porte un nom : laïcité. En parcourant le communiqué du PSU, on sent que ce mot se cache entre les lignes, affleure à chaque paragraphe. Mais Sassi et ses camarades n’ont pas eu le courage de l’écrire noir sur blanc, et de revendiquer clairement l’instauration d’un système laïque qui séparerait le religieux et le politique.
                Ce bémol n’est pas conforme à la réalité : le PSU de M. Sassi est le seul parti de gauche qui revendique sans équivoque et de manière claire la réforme constitutionnelle (entendez par là : abolition de tout référentiel religieux dans la constitution+limitation des pouvoirs du monarque+séparation des pouvoirs + indépendance de la justice) et ce déjà dans son programme politique présenté lors des législatifs de 2007.
                Mais il est vrai que ce parti ne pése pas lourd dans le champ politique marocain !
                Cela dit, autant le projet de Société défendu par le PSU est clair, autant celui du PJD est opaque !
                Et dans tous les cas les théses défendues par le PSU sont totalement opposées à celles bien plus inquiétantes du parti de M.Benkirane .

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                • #9
                  J'ai posté cet article le 07/05 VERS 23hoo, certains marocains m'ont reproché(dans un autre poste ) d'être "amoureux " de Telquel.
                  " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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                  • #10
                    C'est ridicule,
                    La laïcité est un système créer par les intellectuels français d'origine protestante pour protester contre leur persécution.

                    Vu qu'au Maroc on est pas en France, qu'on a pas de protestants, et qu'on est plus en 1850 je ne vois pas pourquoi adopter un tel système.

                    Je suis pour rationaliser l'Etat, mais le Maroc est un pays musulman et le Roi est le commandeur des croyants juifs et musulmans.

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                    • #11
                      et le Roi est le commandeur des croyants juifs et musulmans.
                      Du jour !

                      un Roi commandeur des croyants " juifs et musulmans "de double religion ?

                      c est pour ça que la monarchie( les partis ) ne sait pas sur quel pied danser ?
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                      • #12
                        Bedawi dit :
                        mais le Maroc est un pays musulman et le Roi est le commandeur des croyants juifs et musulmans.
                        Avant de poster un commentaire, il faut quand même le relire : çà peut éviter d'écrire des inepties !

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                        • #13
                          houari
                          c est pour ça que la monarchie( les partis ) ne sait pas sur quel pied danser ?
                          _______________

                          je vous l'accorde...! la monarchie est trés forte, et il suffit de le demander aux responsables de la mouradia pour qu'ils te confirment.

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                          • #14
                            je ne vois pas en quoi j'ai écrit une "inéptie" comme tu dit Ould-Omar?

                            Commentaire


                            • #15
                              je ne vois pas en quoi j'ai écrit une "inéptie" comme tu dit Ould-Omar?
                              C'est un peu comme si tu qualifiais le Pape : "Chef de l'Eglise catholique et des musulmans"

                              Cela dit, Commandeur des croyants est la traduction de "Amir Al Mouminine", qualificatif à réferentiel exclusivement musulman !

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