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Les mille et un projets d’El-Oued

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  • Les mille et un projets d’El-Oued

    Actualités : TROIS MINISTRES EN VISITE OFFICIELLE

    La région d’El-Oued est prometteuse. Ses nappes regorgent d’eau, ses terres sont vastes et généreuses et le soleil brille toute l’année. Ses fellahs sont ambitieux et souhaitent disposer de plus de moyens pour développer de nouvelles cultures.

    Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Rien n’est impossible pour cette ville du Sud- Est algérien que l’on surnomme «La ville aux mille coupoles». De grands efforts ont été consentis mais beaucoup reste à faire. Mercredi et jeudi derniers, trois ministres se sont déplacés à El-Oued pour s’enquérir de l’état d’avancement des projets en cours de réalisation. Il s’agit de Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, et de Souad Bendjaballah, ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique. «Ici, nous avons le soleil, la terre et l’eau. Nous devons organiser ce système afin d’augmenter la production agricole. El-Oued et Biskra constituent un pôle important dans la région saharienne. Un pôle qui a de l’avenir», a expliqué Sellal. La région a prouvé ses aptitudes. Au niveau national, c’est la première productrice de pommes de terre. «El Oued cultive également les oliviers. Il y a quelques années, personne n’aurait pu imaginer cela !», s’est exclamé Sellal. Les agriculteurs rencontrés dans les différentes localités sont ambitieux. A Robbah, à Kouinine, à Guedachi, à Debidbi, Merara… Ils souhaitent disposer de plus de moyens, d’eau et d’argent pour développer de nouvelles cultures telles que le blé, la pêche, le concombre...

    L’optimisme de l’administration

    Les statistiques administratives sont optimistes : fin 2009, la région est raccordée à 92 % au réseau AEP et à 36 % au réseau d’assainissement. Le projet de lutte contre les remontées des eaux de l’oued vient d’être achevé, la population pourra enfin souffler. En outre, d’autres ambitieux programmes sont en cours d’étude ou de réalisation (2010 et 214), l’on citera celui de la lutte contre les remontées des eaux de la vallée de Oued-Righ, la réalisation de réseaux d’assainissement et de stations d’épuration des eaux usées… Cependant, l’eau reste un problème épineux que les autorités tentent de résoudre. Une consommation économique et de qualité, récupérer les eaux non conventionnelles et s’en servir pour l’agriculture sont les défis à relever. Un travail qui implique le savoir-faire des experts et des chercheurs.

    Missions difficiles

    Mener à bien ces programmes s’avère difficile. En présentant le projet de lutte contre les remontées des eaux de Oued Righ qui alimente près de 8 000 hectares, le directeur de l’Office national de l’irrigation et du drainage (Onid), M. El Hadj Belkateb, a affirmé aux trois ministres, que beaucoup de fellahs refusent de payer les factures d’eau. «Pour eux, l’eau est un don de Dieu donc, ils ne paient pas !». Une situation qui complique les choses car l’Office a du mal à assurer les revenus des 56 employés de son unité régionale, qui s’occupe aussi de l’entretien du canal principal de la vallée de Oued-Righ. «L'Onid est un établissement public à caractère industriel et commercial. Nous avons essayé de sensibiliser les agriculteurs mais ça n’a rien donné», dit-il. A Oumès, région réputée pour la culture de la pomme de terre et qui tente de développer d’autres cultures (piments, pastèques, concombres, pêches, oignons et tabac), les fellahs ont profité de cette visite pour interpeller les ministres. A Rachid Benaïssa, ils réclament la mise en place de chambres froides pour pouvoir stocker leurs produits. Le ministre de l’Agriculture promet de prendre en charge tout cela. «Tous les investisseurs privés qui sont intéressés doivent savoir que nous leur assurerons tout l’accompagnement technique nécessaire », souligne-t-il. Dans la même commune, des travailleurs de la coopérative agricole spécialisée dans les cultures industrielles de Guemara soulèvent une autre difficulté. Une dette de 16 millions de dinars qu’ils doivent aux impôts. Le jeune directeur de la coopérative, qui a remis sans dire mot, une lettre au ministre de l’Agriculture, a indiqué que la situation est déplorable et qu’elle perdure depuis 2005. «L’on nous oblige à payer les 17 % de la TVA alors que nous faisons gagner à l’Etat 400 millions de DA/an ! Le décret 459/96 stipule que les produits agricoles sont exonérés d’impôts ! Comment expliquer cela ?» Les 1 550 adhérents de la coopérative cultivent près de 1 000 hectares. La cueillette du tabac va à la SNTA , Alger. «Nous touchons 5 % sur le montant global de la cueillette. On ne se plaint pas mais l’on ne comprend pas l’intérêt de ces nouvelles taxes !». Les concernés ajoutent que toutes les autorités locales ont été saisies mais aucune réponse ne leur a été donnée. «Nous sommes menacés en ce moment. L’on ne sait plus à quel saint se vouer ! Le ministre doit nous aider, car ses proches ne lui disent rien. Ils lui cachent la vérité !». A Robbah, la population qui reçoit la délégation sous un soleil de plomb paraît heureuse. Une rare occasion de parler directement aux officiels, de les toucher sans être obligés de subir la bureaucratie administrative. Les habitants sont contents que l’on vienne les voir. «Nous avons besoin d’eau et d’argent», a lancé un citoyen en direction des ministres. D’autres citoyens entourent la délégation et chacun expose ses préoccupations : «Revenez nous voir Messieurs ! C’est notre pays à tous. Nous sommes tous des Algériens. Nos enfants ne vont pas à l’école », dit un vieil homme en tendant à Sellal une lettre. «Ce sont nos revendications ». Aidés par les responsables locaux, les protocoles des ministres s’occupent de les éloigner pour ne pas trop importuner les représentants de l’Etat.
    «Nous sommes les victimes de la guerre ministérielle»
    A Guedachi, l’Union des agronomes algériens d’El- Oued fait face à une situation délicate. «Depuis 3 ans, 3 000 hectares ont été mis en concession. 12 000 bénéficiaires, inscrits sur les listes administratives, devaient disposer chacun de 4 hectares et les cultiver. C’est un projet de 500 milliards de dinars, il chapeaute 9 projets. Depuis le départ de l’ancien ministre, Saïd Barkat, tout a été bloqué », affirme Mounir Oubiri, président de l’union, ajoutant que ces terres ont été réhabilitées par des ingénieurs en agronomie (réalisation de forages, de pistes, goutte à goutte…). «L’ancienne équipe de Barkat et la nouvelle ne s’entendent pas ! Il y a même un problème avec les entrepreneurs. Nous sommes perdus ! Des employés n’ont pas été payés depuis un an ! Est-ce anormal ?» «20 000 personnes peuvent vivrent de ces projets ! Et on s’en fout !», s’emporte un agriculteur qui a du mal à se calmer. Récemment, 8 nouveaux projets ont été lancés et les listes ouvertes pour recevoir les inscrits. «Puis, tout a été annulé ! On ne sait plus ce qui se passe !». D’autres fellahs citent le manque d’eau. «Nos chameaux qui paissent librement vont là où il y a de l’eau. Souvent, ils arrivent jusqu’aux régions frontalières, particulièrement en Tunisie, où ils trouvent de l’eau. D’autres meurent de maladie ou écrasés par les voitures ».

    Des projets et des promesses

    Le ministre des Ressources en eau explique que son département a engagé une enveloppe de 32 milliards de DA pour la réalisation des différents programmes à El-Oued (stations d’épuration, de déminéralisation, d’assainissement…). «Ça coûte cher à l’Etat !» a déclaré Sellal qui évoque également l’utilisation des eaux thermales pour l’agriculture, en hiver surtout. Techniquement, ça s’appelle la géothermie. «Cette méthode est utilisée dans le sud tunisien et cela a porté ses fruits. Pourquoi pas chez nous ?». Bien sûr, rien de concret n’a encore été entrepris dans ce sens, mais le ministre s’est dit tenté d’encourager cette nouvelle stratégie.
    I. B.
    le soirdalgerie
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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