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El Watan du 08 Mai 2010Un Zerhouni même dans le monde virtuel
Pour les 35 millions d’Algériens mathématiciens, après le « comment vivre avec un pouvoir d’achat aussi faible et un coût de la vie si élevé ? », une équation vient de leur être proposée : comment défendre les libertés individuelles quand on n’a pas de vie privée ? Dans la foulée du fichage policier sous couvert de passeport biométrique, les services de sécurité ont décidé d’écouter vos emails et vos téléphones, d’entrer dans vos connections réseau et vos conversations, d’épier chaque dialogue sur Internet et de sévir quand ils jugent que ce n’est pas bon. Bien sûr, des journaux dociles ont tout de suite applaudi à cette cyberpolice. Il faut rappeler une donnée fondamentale : si la police réelle est inefficace contre la délinquance, la corruption et le terrorisme, pourquoi le serait-elle contre ses équivalents virtuels ?
Au moment où ce sont les citoyens qui font relâcher des otages civils kidnappés par le GSPC, montrant l’absence sidérale de l’Etat, au moment où le même GSPC s’offre le luxe de publier des communiqués sur Internet à propos de ses actions armées, le régime se cache dans des bureaux obscurs, derrière des ordinateurs, pour traquer les défenseurs des libertés individuelles et collectives. La désactivation de groupes de discussion et le blocage de plusieurs sites progressistes ou démocrates n’ont rien à voir avec la lutte contre les maux sociaux. Après avoir importé du matériel de haute technologie au moment où la loi de finances régente les importations pour tout le reste, les services de sécurité appliquent leur loi subjective sur Internet. Maintenant que tout le monde sait où va son argent, l’équation reste la même. Comment défendre les libertés individuelles alors que la vie privée de chacun est violée par les services de sécurité ? Peut-être qu’il faut s’attaquer à la vie privée des gouvernants, au sujet de laquelle il y a tant de choses à dire.
Par Chawki Amari